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Très chics plastiques
Les plastiques gagnent chaque année un peu plus leurs lettres de noblesse. Designers et autres créateurs se sont emparés de ces matériaux à l’esthétique souvent exceptionnelle. Facilité de mise en œuvre, effets de matières, de brillance, robustesse, etc., autant d’arguments qui font leur succès.
Très chics plastiques
Très chics plastiques

Ces plastiques nés pour l'élégance

Succès fulgurant 

Comme toujours, l’effort de guerre entraîne son lot d’innovations. Pour les plastiques, le tournant de l’histoire se situe bien lors de la Seconde Guerre mondiale. Pour faire face à l’effort de guerre, la recherche des principaux belligérants s’active afin de trouver de nouveaux matériaux capables de se substituer aux matières naturelles. Certes, les premiers polymères comme la bakélite, la galalithe, le polystyrène ou encore le PVC existaient déjà depuis quelques décennies. Toutefois la Seconde Guerre mondiale et les années de reconstruction qui suivirent allaient donner une impulsion considérable à l’industrie de la chimie et donc des matières plastiques. Fin des années 1940 : le monde se relève peu à peu, on a besoin de tout ! Les industriels oseront, ils pousseront la recherche… Les objets en plastique s’imposent : Plexiglas qui imite à merveille le verre, Celluloïd pour remplacer la corne, l’écaille voire l’ivoire, Formica pour son effet bois ou encore Nylon.

Les premiers à imposer leur modernité seront les films de cellophane que l’on trouve notamment autour des bouquets de fleurs. Ne sont-ils pas bien plus chic que le papier journal ? Ces nouveaux matériaux ont une image moderne et élégante et connaîtront, dès les années 1950, un succès phénoménal ! Dans les pays les plus riches, c’est la fin des privations. Les ingénieurs chimistes s’activent. On leur laisse même carte blanche pour « combiner » de nouvelles molécules. Une condition toutefois : qu’elles soient rapidement exploitables et qu’elles aient une application directe pour l’industrie manufacturière. Ainsi naissent les polypropylènes, les polystyrènes, les PET, les PVC, etc.

 

De la cuisine à la table

Il n’y a pas si longtemps, nappes en toile cirée ou meubles en Formica étaient encore considérés comme le summum du modernisme. La toile cirée en PVC s’affichait pleinement sur les tables ; elle les égayait. Couleurs, motifs, les combinaisons étaient sans limite, permettant ainsi aux maîtresses de maison de varier les plaisirs. Quant aux meubles en Formica, ils autorisaient enfin l’entrée de la couleur dans les cuisines. Plus que modernes, ils sont « branchés ». Toujours dans l’air du temps, les cinéastes de l’époque ne se privaient jamais d’insérer dans un de leurs plans, une scène se déroulant dans une cuisine en Formica. Les années 1960, c’est aussi l’heure des robots ménagers, des aspirateurs, des bouchons de bouteilles et même, en 1968, des premières bouteilles en plastique pesant dix fois moins lourd que leurs jumelles en verre.

Dignes descendants

Passé de mode à partir des années 1980, le Formica fait aujourd’hui son grand retour dans les magazines de décoration. Remis au goût du jour notamment via l’utilisation de nouveaux motifs et nouvelles couleurs, il intéresse de plus en plus une nouvelle génération de designers. Dans un marché très concurrentiel, les cuisinistes haut de gamme savent exploiter pleinement les formidables caractéristiques des polymères. Feuilles de mélamine, vernis polyuréthane / acrylique, etc., les meubles brillent, sont doux au toucher et résistants. Avec la mode des cuisines dites à l’américaine, on n’hésite plus à exposer cette pièce. Elle se substitue à la salle à manger en devenant la pièce à vivre. Il faut donc qu’elle soit belle et agréable ! Soixante ans après le formica, on montre encore fièrement sa cuisine !

Et que penser du « come back » des meubles gonflables en vinyle, des accessoires divers en polyester, des sols en PVC ? Même les marques de luxe les regardent avec bienveillance, comme l’italien Missoni qui, associé au suédois Bolon – leader mondial du sol vinyle tissé –, propose un revêtement de sol haut en couleur, reprenant les motifs de ses célèbres chandails. La toile cirée n’est pas en reste. Elle permet toujours la fantaisie mais a gagné en souplesse grâce à l’enduction PVC. D’un aspect soyeux, elle se décline sous la forme de sets de table aux effets de matières souvent originaux réalisés par gaufrage. La griffe finlandaise Marimekko a dernièrement ouvert une boutique dédiée à ses nappes sur la 5e Avenue à New York. C’est dire !

 

Phénomène de mode

En 1966, le couturier Paco Rabanne défrayait la chronique en faisant défiler un mannequin vêtu d’une robe en Rhodoïd ¬– un polymère mis au point lors de la Première Guerre mondiale – et en métal. C’était dans l’air du temps, quand nombre de créateurs souhaitaient s’affranchir des matériaux traditionnels. Paco Rabanne mettait ainsi le fil et l’aiguille au rencart. Précurseur, il allait le rester encore longtemps ! Cinquante ans plus tard, de grands noms de la mode se sont, eux aussi, exonérés des matériaux dits nobles. Versace créait l’an dernier la surprise en faisant défiler des mannequins vêtus de robes étincelantes composées de cuir, de soie, de bandelettes de plastique transparent et de silicone. C’est aussi Galliano qui propose une paire de derbies en Plexiglas – en fait en Perspex®, un dérivé souple du PMMA.

 

Quant aux créateurs de chez Louboutin, il y a déjà plusieurs années qu’ils déclinent de toutes les couleurs leurs célèbres chaussures en PVC. Et les sacs en PVC garnis de cristaux Swarovski de chez Shourouk se taillent déjà un beau succès auprès des aficionados de la mode.

Connaissez-vous Nancy, Yvonne, Louella, Olivia et Nina ? Ce sont les épouses des ingénieurs de chez DuPont de Nemours qui ont mis au point une fibre synthétique qui allait révolutionner le monde : le Nylon. Quel rapport avec ces dames ? Regardez de près leurs initiales… Dès l’après-guerre, le succès de cette fibre sera foudroyant. Les femmes s’en emparent très vite. Si, grâce à son élasticité, cette nouvelle matière galbe joliment la jambe, elle est surtout nettement plus solide et moins onéreuse que la soie qu’elle imite à la perfection. Bien plus qu’un banal effet de mode, aujourd’hui les bas et collants en matières synthétiques ont toute leur place dans les défilés de haute couture. A base d’élasthanne et autres microfibres, leurs effets de transparence, de brillance et de grains sont variés et contentent toujours plus les femmes. Quant au toucher, le fameux pétale de rose n’a décidément toujours rien à envier à la soie.

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