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Sexe, plastiques et libido…
Associée d’abord à la vie sexuelle dans un cadre strictement médical, l’industrie des matières plastiques a su néanmoins accompagner l’évolution des mœurs sans renoncer aux impératifs de santé.
Sexe, plastiques et libido…
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Sans plastique, pas de contraception

La contraception sous cape

Jugée normale dans la plupart des pays développés, la maîtrise de la fécondité est le fruit d'une lente évolution initiée à la fin du XVIIIe siècle. Elle s’est exprimée de plusieurs manières, au gré des prescriptions morales et légales, en fonction des raisons invoquées : éviter l’enfant illégitime ou limiter les grossesses pour des raisons économiques, médicales voire esthétiques. 
Longtemps, cependant ces attentes ont dépassé l’offre de procédés efficaces. Leur usage n’est toléré, sous contrôle médical, que pour éviter le recours à l’avortement, forcément clandestin puisque partout prohibé. C’est pourquoi, au début du XXe siècle, on perfectionne les pessaires occlusifs comme la cape cervicale conçue, en 1838, par l’allemand Wilde, pour recouvrir le col de l'utérus, ou encore le diaphragme, mis au point en 1882, par son compatriote, sous le pseudonyme de Mesinga.

Malgré l’introduction, dès les années 20, de matériaux plastiques souples comme le caoutchouc ou le celluloïd, ces dispositifs très intrusifs, à usage ponctuels ou périodiques, sont onéreux, exigent un suivi gynécologique en raison de complications fréquentes. Bref, rien encore n’autorise vraiment la maîtrise par les femmes de leur contraception… Et, a fortiori, de leur vie sexuelle !

Des noouveaux polymères pour le contrôle des naissances

Malgré les restrictions légales imposées à la contraception, après la création, en 1953, de l’International planned parenthood federation (IPPF), les associations qui aident les femmes à maîtriser leur fécondité peuvent jouer un rôle de prescription sur les moyens contraceptifs.
La demande se porte principalement sur les nouveaux diaphragmes et capes, en latex naturel ou en silicone, fabriqués dans les pays anglo-saxons. Bien que leur usage impose le recours préalable au médecin, et surtout, l’emploi systématique de spermicide, la qualité des matériaux rend ce mode de contraception moins problématique.
L’avènement, dans les années 60, de la pilule contraceptive et du stérilet, d’un usage jugé moins contraignant, réduit l’attrait de ces dispositifs barrières en Europe. Elle n’empêche, pour autant, leur diffusion, ailleurs dans le monde

L’arrivée de nouveaux fabricants, dans les pays émergents, relance même l’innovation. Dans les années 80, un nouveau concept apparait, avec la mise sur le marché d’éponges vaginales spermicides en mousse de polyuréthanne.
En 2010, encore, l’institut Conrad, basé en Virginie a développé pour les pays en développement le diaphragme anatomique CILS, à taille unique donc utilisable sans prescription médicale. Et bientôt, le laboratoire américain ReProtect devrait lancer un modèle en polyuréthane, une première, à vocation à la fois contraceptive et microbicide.

Stérilet : le cuivre ne fait pas tout

Le docteur Ernst Gräfenberg est plus célèbre pour la découverte du point-G que pour l’invention, en 1928 du premier stérilet. Et pour cause ! Aussi efficace que dangereux, son anneau recouvert d’un fil en alliage de zinc, de nickel et d’argent provoque souvent, en plus de l’inflammation de l’utérus qui permet de bloquer la fécondation, de sévères infections. 
Au début des années 60, des gynécologues convaincus de l’intérêt du procédé décident de créer un dispositif intra-utérin (DIU) biologiquement inerte et assez souple pour épouser la forme en « T » de l’utérus sans le blesser.  Rapidement les laboratoires lancent plusieurs modèles de stérilets, aux formes anatomiques plus adaptées, en éthylène-acétate de vinyle, en nylon ou en polyéthylène. Mais, en l’absence de métal, la réaction inflammatoire interdisant la nidation de l’embryon, bien que mieux tolérée, s’avère moins efficace

C’est pourquoi, en 1969, les docteurs Zipper et Tatum créent un nouveau stérilet dont la tige en polyéthylène est recouverte d’un fil de cuivre spiralé. L’efficacité conjointe du plastique et du métal est telle que de nombreux modèles de ce type sont encore prescrits en usage actuellement.    
Le succès de la pilule aidant, à la fin des années 70, plusieurs chercheurs envisagent de combiner la réaction inflammatoire du stérilet à une contraception hormonale. Quelques modèles sont homologués dont le Mirena de Bayer, doté d’une tige-réservoir en plastique recouvert d’une membrane polymère qui libère une progestérone de synthèse à rythme régulier.

Les plastiques font passer la pilule

 

Malgré la désaffection observée depuis quelques années, la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé dans les pays développés. 
Parmi les motifs les plus sérieux de rejet, les praticiens et leurs patientes pointent d’abord les effets secondaires et les contre-indications liés à la contraception hormonale. Mais les inconvénients d’une prise quotidienne, avec l’épée de Damoclès d’un oubli suivi d’une grossesse, sont aussi des freins sérieux à ce mode de contraception par voie orale. Par exemple, pour les femmes très jeunes ou celles qui sont contraintes, par leurs activités, à des déplacements fréquents.

 

C’est pour elles que des laboratoires ont développé des modes de contraception hormonale alternatifs, à l’action plus ou moins longue. Ainsi, l’implant sous-cutané, composé d’un bâtonnet cylindre en polyéthylène libère une dose constante de progestatif durant 3 ans. L’anneau vaginal en éthylène-acétate de vinyle, à la fois flexible et poreux, diffuse quant à lui, une association d'estrogène et de progestatif pendant un seul cycle… Alors que le cocktail hormonal diffusé à travers les membranes polymères des patchs contraceptifs n’agit qu’une semaine.

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