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Sexe, plastiques et libido…
Associée d’abord à la vie sexuelle dans un cadre strictement médical, l’industrie des matières plastiques a su néanmoins accompagner l’évolution des mœurs sans renoncer aux impératifs de santé.
Sexe, plastiques et libido…
Sexe, plastiques et libido…

Lovely plastiques !

In gode we trust !

Pendant que le brave docteur Charcot cherchait vainement, à Paris, l'origine de l'hystérie dans l'encéphale et expérimentaient l'hypnose, quelques confrères anglo-saxons, beaucoup plus pragmatiques, considéraient toujours le massage de la vulve comme le remède le plus efficace... Et le plus lucratif aussi ! De fait, le réconfort qu’apportait à leurs patientes ce cher « paroxysme hystérique» ne risquait ni de les tuer, ni, encore moins de les guérir de leur maladie.  

Seule ombre à ce tableau clinique, les manipulations répétées s’avéraient fastidieuses voire handicapantes pour certains praticiens. D’où la tentation de les mécaniser.

Plus motivé, sans doute, que ses confrères, le londonien Mortimer Granville eut le premier l’idée, en 1882, d’adapter divers embouts en caoutchouc sur l’axe d’un moteur électrique… Et parvint ainsi à soulager ses articulations et sa clientèle très victorienne. Ancêtre de nos sex-toys au design beaucoup plus épuré, le vibromasseur était né.

Qu'importe le plastique pourvu qu'on ait l'ivresse

L’invention du bon docteur Granville et ses nombreux avatars ne tardent pas à quitter le cabinet médical pour entrer, en toute discrétion, au rayon des Arts ménagers, à côté d’autres accessoires féminins inspirés par la fée électricité. Même plastiques, même design ! Pendant quarante ans, les fabricants entretiennent si bien la confusion qu’il est difficile de distinguer le vibromasseur du sèche-cheveu. Personne n’est dupe, évidemment ! Encore moins, quand, avec l’arrivée des résines acryliques dans les années 40, l’objet se fait plus maniable… Et plus suggestif.
En marge de cette clientèle, d’autres modèles aux formes plus explicites encore circulent par la grâce d’un artisanat « honteux » où les plastiques et les élastomères sont mis largement à contribution. Hélas, hors de toute réglementation !

Ainsi, en 1970 encore, un quinquagénaire qui fabrique, dans sa cuisine, des godemichets en polyéthylène plastifiés à l’huile de vaseline est appréhendé, à Paris… Non pas en raison de la nature douteuse de sa production mais pour « outrage aux bonnes mœurs » ! Avec la fin de la clandestinité, la formulation des plastiques se professionnalise. Mais, confiné aux circuits très spécialisés, le secteur peut aisément s’affranchir des règles de transparence. Jusqu’à ce que le marketing le remette sur la bonne voie.

Sextoys story

 

En passant du sex-shop au love-store, l’accessoire sexuel sort d’une longue période de relégation… Pas seulement grâce au marketing. 
Grâce à un design souvent épuré, plus ergonomique qu’anatomique, le sextoy s’est émancipé du mimétisme. Commercialisé dans un contexte glamour, avec la lingerie et d’autres accessoires de mode, il s’affiche volontiers comme un artefact technologique qui revendique, à la fois la performance et la sensualité.
Ce positionnement haut-de-gamme implique l’usage de polymères plus élaborés et normalisés, notamment sur le plan sanitaire. Ainsi le PVC et les mélanges d’élastomères mal identifiés, du type Jelly, sont-ils désormais relégués aux produits d’entrée de gamme, au design très explicite.

À l’inverse, les fabricants européens privilégient les polymères souples non poreux comme la silicone ou des élastomères thermoplastiques, plus doux au toucher. Les plastiques ABS, lisses et plus rigides, sont particulièrement prisés pour les produits dédiés à la stimulation clitoridienne.
Outre les questions d’hygiène intime, la présence de phtalates utilisés comme plastifiants de certains sex-toys souples suscite des inquiétudes. Au point que les quelques distributeurs, soucieux de se démarquer, revendiquent désormais des produits fabriqués selon la norme applicable aux articles de puériculture ou aux jouets.

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