Les blindés, le plastique en renfort
Les blindages hybrides, une percée décisive !
En matière d’armement, la force de l’épée ne vaut que par la qualité du bouclier… C’est pourquoi, pendant plus de quatre millénaires la métallurgie a été le nerf de la guerre. Après la Seconde Guerre Mondiale, cependant, l’épaisseur de l’acier a cessé d’être le critère de performance des blindages.
L’initiative en revient aux soviétiques qui, en pleine guerre froide, lancent leur T-64, le premier char à blindage multicouches acier et panneaux composites de résine et de fibres de verre.
La réponse ne se fait pas attendre, côté OTAN, avec le lancement du char britannique Challenger doté d’un blindage multicouche, dit « Chobham », intégrant une armature composite céramique à matrice polymère.
Depuis lors, ce procédé a été adopté et amélioré par la plupart les grands industriels de l’armement, à l’Ouest, à l’Est comme au Sud. Grâce à l’ajout de strates de titane, de Kevlar et de caoutchouc, comme sur le char Leclerc français et sur le Leopard allemand ou encore l’usage d’uranium appauvri, comme sur le M1 Abrams américain.
Matériaux plastiques pour blindage réactif
Conçus pour les blindés engagés sur les théâtres d’opération conventionnels, ces blindages passifs ont montré leurs limites dans des conflits asymétriques comme en Afghanistan où les personnels redoutent les engins explosifs improvisés (EEI) et les tirs rapprochés de lance-roquette.
Dans ce contexte, mieux vaut privilégier, comme les tankistes israéliens, les systèmes de blindages réactifs ou modulaires, adaptables aux blindés lourds comme aux véhicules plus légers.
Le plus répandu, le sur-blindage réactif composé de tuiles remplies d’un explosif capable de détruire ou de dévier les projectiles présente une efficacité avérée mais limitée à un seul impact. La parade a été trouvée avec le sur-blindage réactif rempli d’un polymère non détonant. À l'impact du projectile, ce matériau libère un gaz capable de gonfler les plaques sans détériorer définitivement le blindage.
Le blindage en souplesse avec les composites 3D
Toutes les innovations en matière de blindage visent un seul et même but : alléger la protection, notamment en limitant le recours aux métaux. Une nouvelle étape vient d’être franchie récemment grâce aux « panneaux composites sandwich 3D absorbeurs d’énergie de forte puissance » conçu, en France, par le Centre d’expertise en explosion dynamique rapide et multi-physique (CEDREM) pour la Direction générale de l’armement.
Baptisé « B2 Box » (pour Blast Balistic Box), ce « blindage souple », donc déformant, prend le contre-pied de l’approche classique adepte des matériaux rigides. Son efficacité repose sur l’assemblage multicouche de tissus de verre, de mousses et de textiles synthétiques de type kevlar tissés en 3D qui absorbe la majeure partie de l’énergie.
Efficace contre l’effet de souffle et les éclats des engins explosifs improvisés (EEI) ou des mines, cette solution n’exonère pas de parer, par ailleurs, les impacts balistiques perforants.
À résistance égale, la « B2 Box » est deux fois plus légère (50kg/m2) que les céramiques actuelles, lesquelles sont elles-mêmes trois fois plus légères que l’acier (300kg/m2). Soit un gain de poids très appréciable pour le blindage des véhicules de combat d’infanterie (VCI) et de transport de troupes.
Demain, la protection antibalistique liquide
À l'école polytechnique de Varsovie, le professeur Leonowicz, directeur du projet Smart Armour, a mis au point, avec son équipe, un colloïde capable de se substituer à bon nombre des 30 à 40 couches de Kevlar des gilets pare-balle actuels. Ce fluide, est en fait, un savant mélange de nanoparticules de silice et de polyéthylène glycol (PEG), deux composants courants qui associés dans certaines conditions acquièrent des propriétés exceptionnelles. Au repos, il a la consistance du miel mais, au moindre choc, il durcit immédiatement, en fonction de la force de l’impact.
Pour l’heure, ce matériau est l’atout majeur d’une future protection corporelle « passive et intelligente" très semblable à l’armure TALOS (pour Tactical Assault Light Operator Suit) que développent des entreprises américaines pour la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency).
Mais Marcin Leonowicz et son équipe s’intéressent aussi aux fluides magnéto-rhéologique qui ont tendance à se solidifier sous l’effet d'un champ électro-magnétique. Ils envisagent d'utiliser leurs propriétés voire de les combiner avec celle du colloïde pour créer des blindages passifs-réactifs de véhicules militaires.