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Les plastiques ont pignon sur rue
Le mobilier urbain est devenu au fil des ans un véritable marqueur identitaire pour des villes désireuses de proposer à leurs citoyens des espaces harmonisés et des lieux de vie pratiques. Les urbanistes et les designers planchent sans cesse pour les améliorer et trouvent bien souvent dans les polymères la réponse à leurs nombreuses questions.
Les plastiques ont pignon sur rue
Les plastiques ont pignon sur rue

Plastiques recyclés : durables dans tous les sens du terme

Si les grandes capitales utilisent le mobilier urbain pour peaufiner leur image, c’est loin d’être le cas de la majorité des villes de plus petite taille qui ne disposent pas des mêmes budgets. Cependant, pour elles aussi, le mobilier urbain est un élément nécessaire à la création d’un cadre de vie agréable et fonctionnel. Ainsi font-elles de plus en plus appel à des fabricants de mobiliers utilisant des plastiques recyclés. C’est même devenu un débouché majeur pour les filières de recyclage des plastiques.

Un matériau sans "soucis"

Avec le mobilier urbain, les plastiques usagés trouvent une nouvelle vie. Pour de nombreux maires, c’est même le matériau idéal ! Et pour cause, il est d’une résistance à toute épreuve, notamment à la moisissure et à la pourriture, teinté dans la masse, donc insensible aux rayures et surtout peu onéreux. Bref, il est increvable ! Des bancs implantés dans des secteurs inhospitaliers, comme les zones submergées lors des marées hautes, ont conservé leur aspect plusieurs années après leur implantation. Autre avantage important, ce plastique ne requiert aucun entretien particulier et peut être nettoyé facilement lorsqu’il est tagué. Ce sont autant d’arguments que les professionnels du mobilier urbain mettent en avant auprès des communes soucieuses de leurs finances et de l’environnement. Même si quelques designers commencent à s’emparer des plastiques recyclés en développant des concepts particulièrement originaux, dans bien des cas ils ont avant tout un but fonctionnel.

Des objets à gogo

Jardinières, bancs, tables de pique-nique, corbeilles, poubelles, plots de protection, palissades et même jeux pour enfants… : la liste semble infinie concernant le mobilier urbain réalisé en plastiques recyclés. Difficile de faire un pas dans une ville sans croiser un objet conçu à partir de ces matériaux. Pour la petite histoire, il ne faut pas moins de 3 000 bouteilles usagées pour créer un banc… C’est bien là tout l’intérêt d’ailleurs – et souvent montré du doigt à tort – : les plastiques les plus communs, comme le PVC et les polyéthylènes, sont des matières qui se recyclent très bien et qui ne servent pas qu’à fabriquer des roues de brouettes ! Et c’est tant mieux, car globalement, en Europe, avec la progression du tri sélectif et la responsabilisation de plus en plus grande des citoyens, il est désormais important de trouver des filières rentables pour tous ces matériaux voués au recyclage.

 

Une bouteille = un cadeau

Certains pensent même qu’un coup de pouce ne nuirait pas à l’enthousiasme du citoyen pour le tri sélectif. C’est pour cette raison que la ville de Sydney a décidé de récompenser ses citoyens soucieux de recycler leurs bouteilles en plastique. Ainsi, des conteneurs intelligents ont été installés à différents endroits de la ville. Ces machines peuvent contenir entre 2 000 et 3 000 bouteilles et distribuent des cadeaux à chaque collecte. Cette initiative est une manière d’encourager la population à recycler ses bouteilles car, en Australie, plus de 10 000 bouteilles sont encore jetées toutes les heures au lieu d’être envoyées au recyclage. Jusqu’à présent, trois machines ont été installées et offrent des récompenses telles que des tickets d’autobus, des bons d’achat ou encore un don de 10 cents à l’association Clean Up Australia. Avec seulement trois points de récolte, le succès est si impressionnant qu’il devrait faire des émules dans d’autres parties de la ville, voire dans d’autres cités.

Ce principe de récompenser « les bons élèves » a donné des idées à une jeune startup française, qui a conçu Canibal, un récepteur de déchets plastiques comme bouteilles et gobelets. Un concept particulièrement original puisque ces machines sont installées au sein même des entreprises, généralement à côté de la machine à café ou encore dans des gares. Ici aussi on peut gagner des cafés gratuits ou faire un don à une association caritative chaque fois que l’on alimente la machine.

 

 

Un prix pour encourager les designers

Nous le disions plus haut, les designers ne se sont pas encore assez emparés des plastiques recyclés. Et pourtant… leur grande souplesse d’utilisation est un gros atout pour les créateurs. Afin de les encourager, Coca Cola a inventé le prix du Design durable qui récompense la création d’un objet utile et innovant réalisé à partir d’emballages de produits de grande consommation. En 2012, Marion Steinmetz décroche le premier prix avec son Vélopark, une réalisation recyclant des canettes de soda et des bouteilles en plastique. Le Vélopark est en fait bien plus original que ses formes simples et pures peuvent le laisser penser, puisqu’il est à la fois un parc à vélos, un objet de décoration et un banc.

 

Végétaux cherchent polymères pour s'épanouir

Certes, nous nous éloignons du mobilier urbain, mais comment ne pas évoquer le projet néerlandais Recycled Park, qui vise à récupérer les déchets en plastique de la rivière qui passe au cœur de Rotterdam avant qu’ils n’atteignent la mer du Nord ? Une fois récupérés, ces déchets seront recyclés et transformés en blocs hexagonaux clipsés les uns aux autres comme de simples puzzles. L’objectif final étant de constituer de véritables parcs flottants de plusieurs centaines de mètres carrés sur lesquels pourront pousser différents végétaux. Ce projet est aujourd’hui soutenu par la municipalité de Rotterdam ainsi que les autorités du port de la ville. Un cabinet d’architecture s’est associé avec l’université Wageningen et l’usine Better Future pour concevoir des plateformes flottantes capables de bloquer, de trier et d’avaler les déchets flottants. Une fois ces déchets récupérés par ces plateformes baptisées Plastik Visser, les déchets organiques seront rejetés dans le fleuve et les autres seront recyclés pour composer le parc flottant.

Londres: les "red telephone box" passent au vert

Que serait la ville de Londres sans ses emblématiques cabines téléphoniques rouges ? Ici, comme partout ailleurs, les cabines téléphoniques perdent du terrain en raison de la généralisation des téléphones mobiles. Mais les Londoniens n’étaient pas près de voir mis au rebut une partie de l’âme de leur cité. En créant Solarbox, deux jeunes entrepreneurs britanniques ont eu l’idée géniale de recycler ces cabines en station de recharge pour téléphones cellulaires et autres tablettes, leur donnant ainsi une seconde jeunesse. Cette innovation consiste à repenser dans sa globalité les anciennes cabines en les adaptant aux préoccupations environnementales et énergétiques actuelles. Résultat : la cabine est repeinte en vert, elle fonctionne à l’énergie solaire et propose, au lieu d’un téléphone, des prises de courant pour recharger son portable à tout moment.

 

La nouvelle cabine version Solarbox est donc équipée d’un panneau solaire sur le toit et d’un moniteur composé de quatre prises électriques. Une batterie permet de stocker l’énergie solaire produite pendant plusieurs heures, offrant ainsi un service continu 24 heures sur 24.L’utilisation de ces stations de recharge est gratuite, la rentabilité étant assurée par un système de publicité intégré. En attendant que leur batterie reprenne des couleurs, les utilisateurs pourront ainsi visionner de courts spots publicitaires sur l’écran intégré à la cabine et encapsulé dans un coffret de polycarbonate du plus bel effet

Des plastiques pavés de bonnes intentions

L’entretien des routes et des rues n’est pas une mince affaire. Surtout au Canada où l’asphalte se dégrade très vite en raison des conditions climatiques. Ainsi, la ville de Vancouver a réussi à mettre au point pour le bitume de réparation un nouvel additif à base de bouteilles et de pots de yogourts usagés. Certes le procédé coûte encore assez cher, mais à long terme, il doit générer une économie. Nécessitant moins de chaleur à la confection et à la coulée, il fait baisser la facture énergétique de 20 % par rapport à un asphalte traditionnel et réduit donc les émissions de gaz à effet de serre. Ce mélange aurait aussi l’avantage de s’appliquer à des températures basses, une bonne chose dans une région où les hivers sont très rigoureux. A Vancouver, on estime que si la municipalité utilisait ce mélange pour tous ses travaux d’asphalte, elle valoriserait environ 70 tonnes de plastique par an et réduirait ses émissions de CO2 d’environ 300 tonnes chaque année. Cette initiative s’inscrit dans un objectif beaucoup plus large pour Vancouver qui est celui de devenir la ville la plus verte du monde en 2020. 

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