Paroles d'expert 4 min
Kayak de compétition : haute précision en eau vive
Sport technique par excellence, le kayak de compétition est une discipline où, pour gagner, la performance de l’homme et de la machine est indissociable. En témoignent Alexander Grimm, vainqueur allemand multirécidiviste et Jean-Marc Lejot, responsable du matériel nautique de la Fédération française de canoë-kayak.
Kayak de compétition : haute précision en eau vive
Kayak de compétition : haute précision en eau vive

Le conte d'Alexander Grimm

En remportant, après un parcours époustouflant de précision, la médaille d’or du kayak slalom lors des derniers jeux olympiques de Pékin en 2008, l'Allemand Alexander Grimm s’est vu propulsé en haut de l’affiche dans son pays. En France, un peu moins… Et pour cause, il a raflé cette médaille au Français Fabien Lefèvre, le grand favori de la discipline. À 25 ans, Alexander n’en garde pas moins la tête froide et se prépare avec minutie à ses prochains grands rendez-vous.

Rencontre avec un sportif qui prête autant d’attention à sa préparation qu’à la fabrication de ses bateaux.

Quand avez-vous commencé le kayak ?

Comme beaucoup d’enfants, j’ai d’abord joué au football. Mon centre d’entraînement se situait à Augsbourg (en Bavière), tout proche du lieu où se sont déroulé les épreuves de canoë kayak des jeux olympiques de 1972. Après avoir « tapé dans le ballon », j’aimais regarder les kayakistes. Ce sport m’intriguait et me faisait grandement envie. À neuf ans, j’ai franchi le pas et me suis inscrit dans un club de kayak…

Quasiment un an après mes débuts, j’ai participé à ma première compétition. C’était en 1996 à Dilligen sur le Danube. Je me suis alors classé deuxième de ma catégorie.

À quelle fréquence vous entraînez-vous ?

Le kayak est très technique, c’est pour cette raison que je suis en général sur l’eau deux fois par jour. Ma journée ne s’arrête pas là, le soir je rejoins une salle de sport pour une séance de musculation.

Quel est votre secret de la réussite ? 

Garder son calme dans toutes les circonstances pour résister à la pression ! À l’entraînement comme en compétition, la technicité et le sang froid sont déterminants.

Vous reste t-il du temps pour penser à autre chose qu’au kayak ?

Comme tout le monde, j’ai d’autres passions. J’aime faire du VTT et du snowboard… Mais je prépare aussi mon avenir car la carrière d’un sportif est courte, j’étudie le génie mécanique.

En quel matériau étaient construits vos premiers bateaux ?

Je suis un enfant de la génération plastique ! Je n’ai donc jamais connu, et j’en suis bien content, les kayaks pliants en toile et en bois. Pagayer en compétition dans de tels engins devait relever de l’exploit. Ces embarcations sont désormais des pièces historiques reléguées dans des musées puisque les premiers kayaks en plastique sont nés dans les années 1950. Aujourd’hui, la construction des bateaux de compétition bénéficie d’une assez haute technologie surtout depuis l’apparition des fibres d’aramide et du carbone. La fabrication des bateaux avec ces composants permet un vrai travail de précision. Cela dit cette technologie n’est encore accessible qu’aux bateaux destinés aux compétiteurs de haut niveau. À mes débuts, je naviguais sur des kayaks en polyéthylène qui, sans avoir les qualités actuelles des kayaks olympiques, n’en demeuraient pas moins assez performants !

Vos bateaux sont-ils régis par des normes ?

Absolument, elles sont dictées par la fédération internationale. Sans parler de monotypie (où les embarcations sont strictement identiques), un kayak de slalom doit avoir une longueur et une largeur minimales respectives de 350 cm et de 60 cm, et peser 9 kg au minimum. Tout l’art est donc de se rapprocher au plus près de ces cotes en jouant sur la meilleure répartition possible des volumes.

Travaillez-vous sur le développement de nouveaux bateaux ?

C’est même indispensable car à ce niveau de compétition, il est primordial d’avoir d’une embarcation parfaitement adaptée à sa morphologie. Mon bateau est donc conçu sur mesure et tient compte de ma façon de pagayer, de ma position et bien entendu de mon gabarit. Toutefois, le kayak n’est pas une discipline où le matériel, à lui seul, fait toute la différence. 

 

 

En Allemagne, PlasticsEurope* est l’un de vos principaux sponsors. Quelles relations entretenez-vous avec eux ? 

Le kayak n’est pas ultra médiatique et donc dispose d’assez peu de moyens financiers. Pour progresser et être toujours au top niveau, il est essentiel de pouvoir s’appuyer sur des partenaires fiables qui nous soutiennent en toute occasion. De ce point de vue, le rapprochement de notre fédération avec PlasticsEurope est une véritable réussite. Dans mon pays, PlasticsEurope est très impliqué dans les sports nautiques et les premiers partenariats datent de 1996. C’est un sponsoring assez logique, car le plastique est le matériau très largement dominant dans la composition des embarcations.


* PlasticsEurope est l'une des plus importantes associations professionnelles européennes avec des bureaux à Bruxelles, Francfort, Londres, Madrid, Milan et Paris. En lien avec des associations européennes et nationales du plastique, elle réunit plus de 100 entreprises membres.

Préparez-vous les J.O. de Londres en 2012 ?

La compétition dans mon propre pays est extrême. Avant d’obtenir mon ticket pour Pékin (avec la médaille d’or à la clé…), j’ai d’abord dû m’imposer contre Fabian Dörfer, vice champion du monde, et contre Erik Pfannmöller, vainqueur de la coupe du monde. En Allemagne, il y a une ribambelle de kayakistes faisant partie de l’élite mondiale, mais seulement une place pour les jeux olympiques ! Je devrai dans tous les cas donner le meilleur de moi-même.

Et que pouvons-nous vous souhaiter pour 2011 ?

Je veux une médaille de champion du monde et surtout continuer à prendre du plaisir sur l’eau !

Parcours d'Alexander Grimm

Alexander Grimm est né en 1986 à Augsbourg. Après avoir obtenu de nombreuses récompenses dans les compétitions de jeunes, dont la médaille d’or au championnat du monde junior en 2004 à Lofer (Autriche), il rejoint l'équipe nationale d'Allemagne. Avec celle-ci, il obtient d'abord une médaille de bronze par équipe au championnat du monde de 2006 à Prague, puis l'or dans la même épreuve en 2007 à Foz do Iguaçu (Brésil) et en 2010 à Tacen (Slovénie). Entre temps, il remporte les jeux olympiques de 2008 à Pékin (Chine).

 

 

POUR EN SAVOIR PLUS

http://www.grimm-alexander.de

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