Jouets : "le plastique nous a permis de cibler les plus jeunes".
Les jeux de construction Meccano ont ravi des générations de jeunes enfants, quel est l’historique de la société ?
Effectivement, Meccano est une société plus que centenaire, son concept ayant été inventé par le génial Franck Hornby en 1898. C’était un Anglais qui avait remarqué combien les enfants étaient fascinés par les grues du port de Liverpool. Il eut l’idée de créer un jeu de construction en métal permettant notamment de reproduire ces grues à échelle réduite. Il déposa un brevet et baptisa son invention Mechanics Made Easy. Jugeant cette appellation peu commerciale, il la changea pour Meccano en 1907. Meccano est la contraction de « make and know » (« faire et savoir »). Les jouets connurent très vite un important succès dans une grande partie du monde. C’est toujours le cas aujourd’hui !
Justement, comment ce concept génial a-t-il évolué en plus de cent ans ?
Meccano est né en pleine révolution industrielle. C’était alors les grosses machines qui captivaient les enfants. Si les premiers Meccano étaient en métal, c’était bien pour être proches de leurs modèles (grues, machines à vapeur…).
Depuis d’autres révolutions sont passées par là : l’arrivée des matériaux plastiques, l’informatique, la robotique… Nous avons su nous adapter tout en restant fidèles à notre positionnement initial qui est de donner la possibilité aux enfants de construire ce qui les fait rêver.
Les matériaux plastiques font donc partie de ce rêve ?
Dire que le plastique fait rêver les enfants serait tout de même un peu exagéré ! Plus sérieusement, cette matière nous a permis de développer de nouveaux produits qui eux attisent l’imaginaire des enfants.
Grâce au plastique nous avons pu créer des nouvelles pièces de toutes les formes et de toutes les couleurs plus en adéquation avec les envies des enfants plus jeunes et à leur dextérité.
Les aficionados de Meccano n’ont-ils pas crié à la trahison ?
Absolument pas ! Si Franck Hornby était toujours vivant, nous sommes persuadés qu’il aurait fait évoluer son jeu vers le plastique, car son souci était de s’inspirer de la réalité.
Aujourd’hui le plastique est partout, il n’y a donc aucune raison pour qu’il ne soit pas présent dans nos boîtes.
Cela étant dit, lorsque nous avons commencé à développer des gammes plastiques, nous avons scrupuleusement respecté l’ADN de la marque qui se résume à des pièces qui s’assemblent avec des vis à l’aide d’un outil (clé et tournevis).
Quand sont apparus les premiers kits en plastique ?
Dès les années 1970. Notre ancienneté fait que nous connaissons parfaitement l’évolution du marché du jeu et du jouet. Or, nous savions que les pièces métalliques étaient assez difficiles à manipuler pour les enfants de moins de 7 ans. Pour intéresser ce public, nous nous devions de proposer autre chose. Cela devenait même urgent, car la concurrence dans les jeux de construction se faisait de plus en plus rude, et certains de nos concurrents avaient déjà innové pour sensibiliser les très jeunes enfants.
Nous avons donc lancé la première gamme en plastique : Meccano junior. Le succès a été tel qu’il nous a incités à poursuivre l’exploration de cette voie.
Et qu’avez-vous donc proposé ?
Comme je le disais, nous analysons constamment le marché du jouet. Or, nous avons constaté que, depuis les années 2000, les enfants perdaient de plus en plus jeunes leur intérêt pour les jouets traditionnels. Aujourd’hui, rares sont ceux qui jouent encore avec ce type de jouets passé 14 ans. Cela est partiellement dû à la montée en puissance des jeux vidéo. Bien évidemment, cet état de fait aurait pu nous poser un problème.
Nous avons été néanmoins proactifs en développant des gammes pour les plus jeunes : Kids Play (à partir de 2 ans) et Build & Play (à partir de 5 ans). Si la deuxième est l’évolution de Meccano junior, la première est une véritable innovation.
Pouvez-vous en dire plus ?
Avec Kids Play nous avons développé un jeu de construction qui reprend les fondamentaux de la marque en les adaptant aux très jeunes enfants (à partir de 2 ans). Les tout-petits disposent d’outils et de pièces parfaitement ajustés à leurs mains et à leur dextérité.
Le plastique nous a grandement facilité la tâche, car les techniques actuelles de moulage permettent la création de toutes les formes possibles, allant de pièces souples aux plus rigides tels des gros yeux bicolores qui égaient les constructions.
Le plastique rend aussi ces pièces très solides et très stables. Ainsi, cette gamme est autorisée aux enfants de moins de 36 mois puisqu’il n’y a pas de petites pièces sécables, donc ingérables.
Vers quelles orientations se dirige aujourd’hui Meccano ?
Aujourd’hui, nos parts de marché se situent autour d’une bonne dizaine de pourcent, ce qui est encourageant. Nous bénéficions d’une belle notoriété et d’une excellente image, ce qui ouvre la voie à de bonnes perspectives. Nous souhaitons désormais développer des produits sous licence. Nous le faisons déjà avec Tintin. Là encore, nous savons que nous pouvons nous appuyer sur les avantages du plastique en créant de nouvelles formes (des personnages de dessins animés par exemple) à des coûts de développement et de production raisonnables. Enfin, pour terminer, nous constatons depuis quelques années un retour des parents vers les marques connues, gages de qualité… Bien évidemment Meccano se situe dans cette catégorie.
Florence Pilard
Florence Pilard, directrice du marketing pour Meccano a effectué une grande partie de sa carrière chez des fabricants internationaux de jouets, dont Ouaps et Zaft Creation
Le groupe Meccano est constitué de deux marques : Erector, réservée au marché américain, et Meccano pour le reste du monde. L’entreprise est actuellement présente dans 50 pays.
Le jouet Meccano détient le record de longévité : aucun n'est fabriqué depuis aussi longtemps que lui. Plus de cent dix ans !