Paroles d'expert 4 min
Kayak de compétition : haute précision en eau vive
Sport technique par excellence, le kayak de compétition est une discipline où, pour gagner, la performance de l’homme et de la machine est indissociable. En témoignent Alexander Grimm, vainqueur allemand multirécidiviste et Jean-Marc Lejot, responsable du matériel nautique de la Fédération française de canoë-kayak.
Kayak de compétition : haute précision en eau vive
Kayak de compétition : haute précision en eau vive

Faire fusionner l'athlète et la machine

Un objet flottant non identifié !

Comme il est loin le temps de la peau de phoque tendue entre quelques baguettes de bois flotté… Aujourd’hui, en observant de près un kayak de compétition de slalom, on ne peut être que surpris par cette forme étonnante de hors-bord à l’avant et de planche à voile à l’arrière. Le néophyte le pressent bien : une forme pareille ne doit certainement rien au hasard… « Un bon kayak de slalom est un engin conçu avant tout pour tourner ! D’un simple coup de pagaie, il doit quasiment pivoter sur place, explique Jean-Marc Lejot, le logisticien et responsable du matériel nautique de la Fédération française de canoë-kayak (FFCK). L’avant est effilé pour favoriser la glisse et bien entrer dans la vague, le milieu doit disposer du volume suffisant pour permettre au coureur d’y prendre place et, pour finir, l’arrière est plat pour passer sous les portes du slalom. Je le concède, cela donne des bateaux à l’allure bien étrange… »

La révolution des matériaux plastiques et composites 

Ces formes si surprenantes, mais ô combien déterminantes pour la performance, n’auraient pu voir le jour sans l’évolution des matériaux et des techniques de construction. « Le plastique et les matériaux composites ont fait leur entrée depuis un bon nombre d’années dans notre sport. Dans les années 1960 déjà apparaissaient les premières embarcations en polyester. C’était une véritable révolution car ce procédé de fabrication peu onéreuse a permis l’émergence et la démocratisation des canoës-kayaks. C’était un premier pas… Quelques années après sont sortis des modèles en polyéthylène permettant une fabrication à grande diffusion. Si cette technique est toujours d’actualité pour les modèles grand public en raison de son coût et de la robustesse des embarcations, elle ne l’est plus pour les compétiteurs. Leurs bateaux sont à présent en sandwich PVC/époxy. »

Outre le gain de poids et la finesse du travail (on met la matière uniquement  là où on en a besoin et pas ailleurs), ces matériaux donnent une très grande rigidité aux bateaux.
Les coureurs font véritablement corps avec ceux-ci.

Notons au passage que cette révolution des matériaux composites ne concernent pas exclusivement les sports nautiques. Tennis, ski, golf, sports mécaniques… en sont de très grands utilisateurs et ce, pour les mêmes raisons.

Et ce n'est que le début !

« Certes l’évolution des composants est frappante, mais je pense que nous pouvons encore faire mieux, reprend Jean-Marc Lejot.
Le prochain défi concerne les liaisons coque/pont.
Actuellement ces parties sont fabriquées de façon distincte et liées entre elles par polymérisation (collage).
Pour encore gagner en rigidité et donc en performance, nous tentons de mettre au point des process qui permettront de fabriquer des bateaux d’une seule pièce. »

Même les rochers sont en plastique 

Les plastiques et autres matériaux composites sont désormais, et ce depuis déjà bien longtemps, incontournables dans le monde de la compétition nautique et pas seulement dans les embarcations et ses accessoires (pagaies, casques, jupes…). En effet, qui aura remarqué que même les rochers disséminés sur un parcours de slalom sont eux aussi en plastique ?

« Aujourd’hui, ces parcours sont bien souvent créés de toute pièce dans des bassins plus ou moins pentus qu’il faut donc aménager en installant des obstacles pour corser la course. Ceux-ci doivent faire illusion et le plastique est ce que nous avons trouvé de mieux pour concevoir des rochers artificiels : c’est léger, facilement transportable, sécurisant et assez peu onéreux… »

POUR EN SAVOIR PLUS

http://www.ffck.org/

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