Paroles d'expert 4 min

Un designer passionnement raisonnable

Diplômé en Arts appliqués et Arts Plastiques, titulaire d'un Mastère Spécialisé aux Beaux Arts de Paris, Lionel Scharly a d’abord été designer et directeur artistique pour des grandes entreprises : Dior, Estée Lauder, Vichy, Coca-Cola, Peugeot, Michelin, l’Oréal… Aujourd’hui, il a deux passions : l’écologie et l’esthétique. Qu'il démontre à travers trois projets.
Un designer passionnement raisonnable
Un designer passionnement raisonnable

Aussi prestigieux que soient ses ex-employeurs, Scharly considère qu'un petit chez-soi vaut mieux qu’un
grand chez-les-autres, aussi a-t-il, en mars 2007, créé Scharly Designer Studio pour s’investir, à son compte, dans le design industriel et le design d’intérieur.
Jusque-là, rien de très original. Mais Lionel Scharly n’a de conventionnel que ses diplômes et de bohème que son titre d’artiste : ce qui l’intéresse, c’est la matière, surtout quand elle sort des limites que lui impose la nature. C’est ainsi qu’il a mis au point avec Bayer, le producteur de matières plastiques allemand, de nouvelles mousses polyuréthannes à mémoire de formes, qu’il usine par le process inattendu du rotomoulage et dont il travaille les aspects de surface de façon surréaliste : nacre, paillettes, glossy…

Partition éco-esthétique pour orchestre plastique

Le point de départ, c’est une volonté de travailler sur des matériaux innovants et écologiques qui permettent une totale liberté esthétique. Donc des plastiques. Mais pas n'importe lesquels: Lionel Scharly est un garçon volontaire qui a de la suite dans les idées : les actions doivent suivre. Aussi a-t-il monté des partenariats : l’un avec la  « Plastic Valley » d’Oyonnax pour développer des polyéthylènes et des polyuréthanes susceptibles d’être rotomoulés, l’autre avec  Raigi et Bayer (le producteur de polyuréthane) pour des mousses à mémoire de forme et à peau intégrée qui évitent le recours à la colle. Tous les matériaux utilisés par Scharly Designer Studio sont recyclables, cela va sans dire, mais ce qui va encore mieux en le disant, c’est que si les meubles, eux, ne sont pas encore recyclés, c’est tout simplement parce que la société n’a que deux ans et que ses produits sont encore flambant neufs.

Premier projet : Francfort Factory 

L’éco-conception a consisté à définir un module de base, donc un moule unique, à partir duquel sont déclinés tous les meubles : table basse, pouf, fauteuil, canapé… L’économie de ressources ne s’arrête pas à la porte de l’atelier : ces différents modules sont légers et ils se combinent et s’empilent pour un transport optimisé : moins de camions, c’est moins de carburant, mais aussi moins de CO2 rejeté dans l’atmosphère.
Un module unique pour un fauteuil et une table, l’idée est séduisante, mais qu’en est-il de la fonctionnalité pour une table en dos d’âne et du confort pour un fauteuil au dossier convexe ?
A la grande surprise de l’utilisateur, ce qui semblait relever de la sculpture totémique se révèle un siège  infiniment confortable, aussi bien pour l’assise que pour le dossier.

Quant à la table basse, elle semble défier les lois de la gravité avec son fin plateau qui semble suspendu au-dessus de sa base convexe. Et pourtant, le service à café le plus lourd… ou le plus fragile y sont parfaitement en sécurité !

Le fin du fin, c’est la finition : la série Frankfort Factory se décline dans toutes les couleurs mais aussi en version pailletée ou nacrée, voire nacrée avec coussin cuir.

Mais l’exploit est, comme souvent, là où le profane ne le voit pas : « travailler sur des aspects de surface lisses et brillants en rotomoulage, c’est une première et une prouesse ! »

Deuxième projet : Princesse Rachou

Rachou, c’est Rachel, Madame Scharly dans le civil. Princesse Rachou est un hommage poétique façon Amélie Poulain, avec une tendresse certaine dissimulée sous un humour de BD.

Princesse Rachou est une chaise olfactive.

Micro-encapsuler des odeurs sur une surface, cela avait déjà été fait. Mais pour réaliser la même chose en volume, il fallait l’obstination d’un Scharly, qui a débouché sur un brevet.

Princesse Rachou parfume la pièce, non pas d’une fragrance, mais avec des odeurs. Deux pour être précis : pour la version rose et blanche, le piètement dégage un parfum masculin de garrigue et l’assise et le dossier son pendant féminin au muguet.

C’est le mélange des deux qui donne la fragrance de la pièce.
Car pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Il est prévu que chaque couleur possède son propre parfum.

Que se passera-t-il si quelqu’un est séduit par le modèle, mais n’aime pas l’odeur ? Lionel Scharly est fou, mais il n’est pas bête : il a travaillé avec un parfumeur de Grasse à qui il a demandé « des odeurs jolies et sobres ».

Le résultat est assez générique pour être consensuel. La preuve, c’est que des centres commerciaux l’ont déjà commandée comme mobilier urbain.

Princesse Rachou est aussi finaliste au Grand Prix de L’innovation de la Ville de Paris dans la catégorie DESIGN.

Troisième projet : Lord Ri

Après la table convexe et la chaise odoriférante, qu’allait-il inventer ?
Lord Ri est un canapé translucide qui change de couleur selon la température, lorsqu’il est soumis à des UV ou tout simplement au contact de l’eau.

Il ne sera sur le marché que fin 2010 ou début 2011 car il reste un problème technique majeur à régler : pour l’instant, le plastique ne se rotomoule pas et, éco-conception oblige, il va falloir qu’il s’adapte !

4ème mousquetaire des 3 projets Scharly 

Dreamtouch, la table qui masse, est en plastique rotomoulé (évidemment !).

Elle a la qualité esthétique lisse et brillante des routomoulés « à la Scharly » et les qualités fonctionnelles mises au point par un kiné, Antoine Crisan, qui doit sa notoriété à la posture et au massage.

Lancée au salon Reeduca 2009, elle a été très appréciée par les professionnels pour ses innovations et son design.

Des plastiques biodégradables, pour quoi faire ?

« En France, l’environnement est une donnée qu’on prend en compte bon gré mal gré.
Mais en Russie, par exemple, quand on leur parle de recyclage, ils vous répondent qu’ils s’en fichent. Du coup, la pollution visuelle est généralisée.
Et comme les comportements mettront un temps fou à changer, j’essaie de limiter les dégâts en cherchant à produire des plastiques biodégradables.

Par exemple, imaginez un mobilier pour des salons qu’on arroserait pour le faire disparaître !  Economie de démontage, de transport, donc de pollution ! »

Pour l’instant, Lionel Scharly fait de la recherche fondamentale. Mais on peut lui faire confiance : il fait partie des chercheurs qui trouvent !

POUR EN SAVOIR PLUS

www.scharlydesignerstudio.com 
Tél : +33 (0)1 5528 1770

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