Seabird, une ligne de vie pour la pêche et la faune marine
Quelle est la vocation de Seabird ?
Plus qu’un fabricant, Seabird est un bureau d’étude qui a été créé en 2011 par Marie Chauvel, ingénieur plasturgie dans l’optique de fournir des solutions permettant de réduire considérablement l’impact des plastiques conventionnels utilisés dans le milieu marin ou pour les activités portuaires. Plus concrètement, notre start-up a été créée pour commercialiser un produit innovant : une ligne d’effarouchement phosphorescente destinée à la pêche. C’est d’ailleurs cette invention qui a inspiré le nom de notre société.
A quoi cette engin sert-il ?
Les impacts de la pêche sur les populations d’oiseaux de mer peuvent être considérables. Les palangriers, par exemple, mouillent de longues lignes qui comptent jusqu’à 2500 hameçons garnis. En l’absence de protection, les oiseaux qui cherchent à attraper les appâts restent accrochés et se noient. Nous avons mis au point une ligne phosphorescente pour les tenir à l’écart.
Elle est fabriquée, en deux versions, à partir de deux types de polymères modifiés par des pigments phosphorescents. L’un biodégradable, est la première résine biosourcée mise au point par Seabird. L’autre est un polyéthylène conventionnel.
En quoi la biodégradabilité est-elle utile pour ce type d'engin de pêche ?
Dans ce cas précis, c’est une fonction supplémentaire que nous apportons à notre dispositif dont le but premier est de protéger les oiseaux marins. Cependant, la biodégradabilité est, par ailleurs, la caractéristique principale que Seabird cherche à mettre en avant dans d’autres projets.
Le plus connu, à cet égard, est le développement de notre monofilament Biofima. Il s’agit d’un filament synthétique biosourcé à 40 % et à durée de vie contrôlée. Ses caractéristiques mécaniques sont pratiquement comparables à celles des filaments conventionnels, polyester ou polyamide, utilisés pour la fabrication de lignes et de filets. Son intérêt est d’assurer une biodégradation lente du matériau dans le milieu marin et de permettre ainsi l’élimination totale, à long terme, des filins ou filets de pêche perdus.
Cette dégradation n'est-elle en contradiction avec les attentes des pêcheurs ?
Non car notre polymère, bien que biodégradable, leur garantit les performances mécaniques correspondant à leur activité, pendant une période de 2 à 5 ans, suivant le diamètre du monofilament, c’est-à-dire bien au-delà de la durée normale d’utilisation de leurs lignes ou de leurs filets.
Quel est l'intérêt, dans ce cas, pour la faune marine ?
Il n’est pas négligeable, contrairement à ce que vous pouvez imaginer. Songez qu’un filet conventionnel perdu en mer mettrait un temps considérable avant de se fragmenter au point de ne plus pouvoir piéger les animaux marins. Notre filament Biofima ramène cette durée de vie de 15 à 30 ans. De plus sa biodégradation implique une assimilation complète dans le biotope marin et non pas une micro-fragmentation. Ce processus est donc bien une biodégradation et n’a donc rien à voir avec celui des plastiques oxodégradables.
Quels sont les prochains développements de votre approche dans le secteur maritime ?
Nous sommes en train de développer un nouveau type de bacs à poissons fabriqués à partir d’un nouveau compound biosourcé à 62%, adapté aux procédés d’injection-moulage. L’objectif est de fournir aux pêcheurs et aux mareyeurs des bacs de criée dans un plastique biodégradable et compostable industriellement. Ces bacs biosourcés, connectés et ergonomiques seront conçus pour répondre aux besoins et aux contraintes des utilisateurs tout en anticipant l'évolution des réglementations en matière de santé au travail, de traçabilité et de déchets.
Quelles avancées apportera Seabac dans ce domaine ?
Il vise à corriger la gestion peu satisfaisante des bacs de stockage utilisés à bord des navires et lors de la commercialisation des produits de la pêche. Ces bacs fabriqués pour la plupart en polyéthylène haute densité sont soumis à rude épreuve. Suite aux chocs et aux variations de températures, ils sont rapidement inutilisables… Quand ils ne sont pas égarés ou perdus en mer. Dans tous les cas, les conséquences écologiques ne sont pas négligeables : pollution de l’environnement marin, en cas de perte, et à terre, mauvaise gestion des déchets en l’absence d’une filière de valorisation adaptée.
La gestion de ces caisses génère actuellement des coûts de fonctionnement importants. Son amélioration représente donc un enjeu important pour les acteurs portuaires. Cette situation est d’autant plus problématique que, dans quelques années, l’obligation de débarquer les captures accidentelles augmentera le nombre de caisses à bord des navires.
Le succès de votre projet dépend donc de la capacité à recycler les bacs ?
Lorsque les bacs arriveront en fin de vie, la matière pourra être compostée industriellement. Dans cette optique, la création d’une filière de recyclage spécifique est évidement indispensable. D’où la nécessité de sensibiliser les pêcheurs et les mareyeurs à l’économie circulaire, avant de les impliquer dans la création et le fonctionnement de la filière de recyclage dédiée.
Pour notre part, nous devrons sans doute améliorer le concept de Seabac en termes de traçabilité.
Quelles sont les autres applications envisageables pour votre polymère ?
Dans le domaine de la pêche et de l’aquaculture, on peut aisément imaginer utiliser nos résines biodégradables pour la fabrication de la plupart des engins destinés à la pêche ou à l’aquaculture : ceux qui ont une structure filaire comme les lignes et autres filets ou ceux, plus rigides, comme les casiers.