Paroles d'expert 2 min

Santé : focus sur les implants intraoculaires

Docteur Christophe Pagnoulle, Directeur de la Recherche et Développement de PhysIOL, une société créée à l’initiative de l'Université de Liège (Belgique) pour valoriser l’innovation dans le domaine des implants intraoculaires.
Santé : focus sur les implants intraoculaires
Santé : focus sur les implants intraoculaires

Quel rôle les plastiques ont-ils joué dans la chirurgie de la cataracte ?

La technique de l’implantation de lentilles intraoculaires a constitué une étape décisive pour la chirurgie de la cataracte en permettant de remplacer le cristallin, la lentille naturelle à l’arrière de l’iris, par un cristallin artificiel. 

Par la suite, les efforts conjoints des industriels et des praticiens ont permis d’apporter des améliorations constantes à ce dispositif médical pour rendre la technique opératoire de plus en plus sûre et efficace… Au point, d’ailleurs qu’elle s’est généralisée.

Sur quoi les innovations ont-elles porté ?

Les implants se sont considérablement diversifiés pour répondre aux attentes des ophtalmologistes en fonction des spécificités de leurs patients.

Les modèles actuellement sur le marché diffèrent à la fois par la nature des polymères utilisés, leurs propriétés mécaniques, souples ou rigides, leur affinité pour les milieux aqueux et leur design. 

Chacune de ces solutions présente des avantages et des inconvénients. On doit alors souvent accepter des compromis en fonction de la facilité d’implantation, des performances optiques recherchées ou de complications post-opératoires possibles.

Quelles améliorations faut-il retenir, en particulier, pour les patients ?

Parmi ces améliorations, on retiendra notamment la diminution de la taille de l’incision par laquelle le noyau du cristallin est extrait après fragmentation par ultrasons ou phacoémulsification.  

Cette évolution dans la chirurgie dite mini-invasive a été rendue possible grâce à la mise au point, dans les années 90,  des implants souples, donc pliables. Ceux que nous fabriquons, par exemple, peuvent être introduits via une incision inférieure à 1,8 mm.  Ces petites incisions, sans points de suture, ont l’avantage de ne pas entraîner de déformation de la cornée et donc de réduire les effets post-opératoires. La récupération de la vue se fait plus rapidement.

Quel est le rôle de la recherche sur les polymères dans ces évolutions ?

Il est considérable car, bien que le périmètre des matériaux utilisés soit limité, les possibilités d’amélioration sont nombreuses.

En effet, trois types de polymères se sont imposés pour la confection de lentilles intraoculaires souples : les acryliques hydrophiles ou hydrogels, les acryliques hydrophobes et les silicones.

Pour notre part, nous concentrons nos efforts sur les deux autres familles de polymères dits acryliques, de loin, les plus utilisés.

Quelles propriétés en particulier ?

Notre savoir-faire couvre toutes les étapes du processus de production d'un implant intraoculaire : chimie des polymères, modélisation à une échelle proche de la micro-métrie, maitrise des risques liés aux matériaux implantables, mode de stérilisation et de conditionnement des dispositifs médicaux. Les polymères impliqués dans la confection de nos lentilles souples font généralement intervenir au moins deux composants de type acrylate, à squelette relativement flexible, ou méthacrylate, plus rigide. L’intérêt est adapter les propriétés du matériau final, principalement sa teneur en eau, son indice de réfraction et ses caractéristiques mécaniques, en fonction d’un cahier des charges précis.  Cela permet, notamment, de délivrer au praticien des implants souples pré-chargés – c’est-à-dire prêts à l’emploi - qui se positionnement aisément dans l'oeil grâce à une cartouche dédiée.

S'agit-il seulement de simplifier l'opération ?

Pas seulement.
Nous développons actuellement une nouvelle génération de lentilles dites multifocales diffractives trifocales permettant une vision à toutes les distances. Les patients ne doivent plus porter de lunettes dans plus de 90% des situations.
En parallèle, nous cherchons à produire en usine des lentilles aussi personnalisées que possible, en adaptant l’épaisseur, la courbure ou les propriétés optiques (puissance, cylindre, aberrations ...), en fonction du patient.

À moyen terme, nous envisageons de pousser cette « customization » encore plus loin, en développant des polymères « intelligents » ajustables par le chirurgien, lors de l’intervention, voire même spontanément, en fonction de l’environnement in-vivo du patient.

POUR EN SAVOIR PLUS

http://france.physiol.be/

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