Techno du futur 4 min
Une nouvelle dimension pour les matières plastiques
Destinée à l’origine à la réalisation de prototypes, l'impression 3D inspire désormais de nouveaux modes de fabrication alternatifs à la production de masse… Un mouvement pour qui l’objet est le message et où le plastique remplace le papier dans le bac des imprimantes.
Une nouvelle dimension pour les matières plastiques
Une nouvelle dimension pour les matières plastiques

Les plastiques, matières essentielles aux accessoires !

Ce que les «Makers» font...

Armes de poing en plastique, copie illégale d’objets, les sujets qui font le buzz sur l’impression 3D ne nous apprennent pas grand-chose sur ce que les makers fabriquent vraiment. Et sur leur véritable potentiel « industriel ». 
Selon les études du cabinet Wohlers Associates, 100000 imprimantes 3D seraient en service dans le monde. Un peu plus de la moitié sont des modèles professionnels mais le rapport commence à s’inverser, depuis 2012, grâce aux ventes de versions « bureautiques ».
Dans les faits, la croissance du marché repose sur une demande professionnelle qui témoigne plutôt de la « démocratisation » du prototypage ou de fabrication en série limitée.

Ainsi, malgré son positionnement grand public et ses nombreuses boutiques en ligne, la société d’impression 3D en ligne sculpteo.com donne la priorité à une offre tournée plutôt vers la personnalisation que vers la création, comme son application 3DPcase et  un service d’impression 3D de coques de mobile ou le partenariat récent avec la boutique en ligne d’Orange.
Restée plus proche de l’esprit « makers », la plateforme 3D Hubs, avec son réseau d’un millier de « fablabs » confirme également la dimension plutôt « pro » de ce marché émergent. Même si les gadgets, accessoires de mode, cadeaux et jouets représentent plus de la moitié des impressions demandée, plus de 40% des transactions concerne des prototypes et des maquettes.

Fashion makers pour fashion styliste

L'impression en 3D inspire-t-elle vraiment les créateurs de mode ? Ou porte-t-elle les ambitions des start-up qui réussissent. En juillet, lors de la Fashion Week, la styliste néerlandaise Iris Van Herpen a présenté une « collection 3D » réalisée avec le concours de Stratasys, l’un des deux poids champion du secteur.
Début 2013, c’était l'icône rétro américaine Dita Von Teese qui drapait ses charmes dans une étonnante robe fourreau articulée, réalisée par Shapeways, l’une des principales plateformes de vente d’objets réalisés en impression 3D.

Pleine de bijoux fantaisie et d’objets décoratifs, cette boutique en ligne entend manifestement devenir la vitrine des « fashion makers ». Elle présente, en exclusivité le bikini N12, premier article de prêt-à-porter conçu pour l’impression 3D par Jenna Fizel et Mary Huang, les deux fondatrices du bureau de style new-yorkais Continuum Fashion.
Toutes les pièces de ce maillot de bain waterproof et souple, fermetures incluses, sont réalisées en Nylon 12 – d’où son nom – grâce au procédé de frittage laser. Ce qui en fait un élément de garde-robe assez coûteux, vendu entre 250 et 300 dollars suivant la taille.

Home sweet Homme en plastique !

Domaine de prédilection de la CAO (conception assistée par ordinateur), l’avant-garde des architectes regarde avec impatience l’évolution de l’impression 3D dans l’espoir de disposer de machines capables de réaliser des éléments de grande taille.
La société néerlandaise DUS Architects vient de sauter le pas en créant sa propre imprimante 3D pour la fabrication de maisons. Baptisé KamerMaker, ce robot mobile contenu dans une tourelle dérivée d’un conteneur de marchandise, permet de façonner, sur le chantier, des éléments de construction à structure nid d’abeille.

Le projet initial de DUS Architects, une maison d’inspiration hollandaise mais à structure tubulaire devrait être édifiée dans quelques mois. Ce prototype sera réalisé en polypropylène mais les architectes espèrent pouvoir utiliser ultérieurement des bioplastiques et des plastiques recyclés. 
Conscient des limites actuelles du procédé, notamment dans le choix des matériaux, ils sont néanmoins convaincus qu’il va provoquer dans les années à venir des changements radicaux dans l’urbanisme et les modes de construction, en réduisant les coûts et les délais d’exécution.

 

Bientôt, le dessin 3D à main levée !

Adieu logiciel et fichiers CAO, ordinateur et imprimante ! Place au dessin 3D, à main levée. C’est l’idée folle que Maxwell Bogue et Peter Dilworth, deux jeunes concepteurs de robots, ont mis au programme de leur start-up Wobble Works. 
En collectant, en quelques heures sur internet, plus de 2300000 dollars au lieu 30000 demandés, leur projet s’est concrétisé par le lancement cette année du premier stylo d’impression 3Doodler. 
Basé sur la technologie de dépôt de matière fondue, leur stylo utilise des filaments de 3mm d’ABS et de PLA. 
Pas encore disponible en magasin, l’objet est proposé en pré-commande sur le site du constructeur, conformément aux usages en cours chez les geeks.  Pour 99 dollars, dès février 2014, les fans de comics ou les architectes pourront donc croquer leurs héros ou esquisser des villes en 3D.

Les plastiques sur la bonne voie

Les imprimantes 3D ont fait leur apparition dans les secteurs innovants afin de réduire les délais de conception et les coûts de prestations jusqu’alors sous-traitées. C’est le choix qu’a fait, en 2012, le fabricant de ski Salomon au département « footwear » de l’Annecy Design Center. 
Résultats : des coûts réduits de 50% dès la seconde année, achat de l’imprimante et consommables compris et une demande de tous les services de la marque. 
Les secteurs de pointe comme l’aéronautique qui utilisent l’impression 3D depuis plus de 20 ans pour le prototypage y ont aussi recours aussi pour la fabrication.

Autre secteur pionnier en matière de 3D, l’automobile a également équipé ses bureaux d’études d’imprimantes professionnelles pour le prototypage rapide sans illusion cependant quant à leur capacité à concurrencer les chaînes de production. 
C’est pourtant l’espoir, encore très utopique, que caresse Stratasys, le leader de la technologie FDM, par dépôt de fil plastique. Convaincu de l’intérêt, à terme, de ses imprimantes pour la fabrication automobile, il est devenu le principal soutien financier du projet Urbee 2 de la start-up Kor Ecologic : fabriquer dans un atelier d’impression 3D, en 40 jours pour un coût d’environ 75000 dollars, une automobile à carrosserie et habitacle polymère et moteur hybride.

Bientôt, le Bioprinting des cellules souches

Désireux de tirer le meilleur parti des progrès de l’imagerie médicale, le secteur de la santé a accueilli avec enthousiasme les procédés de fabrication additive. Le frittage laser autorise, en effet, un large éventail de matériaux biocompatibles pour la réalisation d’implants sur-mesure : titane, polymères techniques comme le PEEK ou céramique… Les autres technologies ne sont pas en reste.
Seul fabricant d’imprimantes 3D professionnelle, Phidias a réalisé une percée sur le marché des prothèses dentaires grâce à un procédé inédit de stéréolithographie qui remplace le laser par une combinaison de LED UV et de micro-miroirs pour polymériser simultanément deux millions de points sur une résine photosensible.

Mais les chercheurs ne se contentent plus de ces formidables avancées sur le plan « biomécanique ». Ils envisagent désormais de remplacer le plastique ou le titane par des cellules afin de re-créer par impression 3D des structures organiques transplantables.
Une équipe de biologistes de l'Université d'Édimbourg, en Ecosse, a annoncé en février 2013, des résultats encourageants sur le fonctionnement d’une sorte d’imprimante 3D capable de formater de fines couches de cellules souches embryonnaires humaines. Il n’est pas encore question, loin s’en faut, de recréer un organe. Ils ont seulement constaté que, trois jours après l’expérience, près de 90 % des cellules étaient vivantes. Avec une aptitude à se différencier intacte.

 

 

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