Histoire d'argent pour une santé en or
Des matériaux toujours plus innovants
Depuis une dizaine d’années, l’industrie plastique a lancé la chasse aux bactéries. Ses chercheurs se sont consacrés au développement de nouveaux procédés qui permettent de faire barrière aux bactéries et autres microbes.
Les applications semblaient alors prometteuses, que ce soit dans le domaine de la santé comme dans celui de l’alimentaire.
En fait, il s’agissait pour eux de trouver quel antiseptique pouvait être incorporé à un polymère. Au départ, l’idée peut paraître simple, mais quel serait donc ce produit miracle susceptible de garantir une barrière hygiénique et une stabilité durable en fonction des différentes conditions ambiantes : température, humidité, lumière... ? Déjà bien connu pour ses exceptionnelles propriétés, l’iode d’argent devait bien vite s’imposer comme l’additif le plus approprié. On savait que cet iode était déjà utilisé dans l’Antiquité pour recouvrir de la vaisselle et ainsi favoriser la conservation des aliments. Cyrus le Grand (580-529 av. J.-C.), empereur persan, prenait soin de procurer aux troupes lors de ses expéditions militaires, des récipients en argent pour l’eau.
Les chercheurs pensent à tout !
Au milieu du XIXe siècle, grâce à sa sensibilité à la lumière, l’iode d’argent a permis l’invention de la photographie. Nicéphore Niepce réalisa les premières héliographies en utilisant du chlorure d’argent qui noircissait lentement lorsqu’il était exposé à la lumière. En incorporant des particules d’argent dans un polymère, ne risquait-on pas de voir celui-ci se noircir avec le temps ? Certes, ses nouvelles propriétés antibactériennes n’auraient en rien été altérées, mais les produits obtenus auraient pu présenter un aspect peu attrayant, voire repoussant.
Nos chercheurs étaient donc face à un nouveau problème. Ils trouvèrent toutefois assez vite la solution en encapsulant l’iode d’argent dans un film de polyester faisant barrière à la lumière.
Le tour de force des chimistes de l’industrie plastique fut alors de stabiliser les ions et de les incorporer dans des polymères, sans altérer leurs propriétés antimicrobiennes.
En effet, les ions d’argent transpercent la membrane cellulaire des micro-organismes et, de ce fait, interrompent leurs fonctions cellulaires, empêchant ainsi leur prolifération et leurs effets néfastes. Ajoutons que les ions n’agissent qu’en cas « d’attaque » de microbes et bactéries, et sont parfaitement inoffensifs pour tout autre forme de vie.
Les plastiques antibactériens étaient bel et bien nés !
Sur tous les fronts
L’une des caractéristiques non négligeables de cette technique d’incorporation est qu’elle peut s’adapter au plus grand nombre de polymères : ABS, PE, PP, PET, PVC, etc. Même les textiles comme l’acrylique et le Nylon intègrent désormais cette technologie.
En d’autres termes, n’importe quel objet en plastique peut aujourd’hui accueillir un agent antibactérien.
Les plasturgistes ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, et c’est ainsi que fleurissent moult objets tueurs de bactéries allant du pansement au film d’emballage alimentaire en passant par des bouteilles, des rideaux comme ceux que l’on trouve dans les chambres d’hôpital et même des poignées de porte. Il y a dix ans, les plastiques tueurs de bactéries semblaient relever de la science-fiction…
Aujourd’hui, la technologie est parfaitement maîtrisée, et la balle est dans le camp des fabricants de produits finis pour trouver de nouvelles applications à ces polymères hors du commun.
Le champ des possibles est quasi infini !