Europe : ce qu'il faut retenir
Tour d'horizon Européen
Certains pays européens se montrent inflexibles quant à la gestion de leurs déchets plastiques. Dans bien des cas, la mise en décharge est soumise à de très fortes restrictions.
Ainsi, neuf d’entre eux – Suisse, Allemagne, Autriche, Belgique, Suède, Danemark, Norvège, Pays-Bas et Luxembourg – valorisent plus de 90% de leurs déchets. Ce peloton de tête, certes vertueux, n’a pas pour autant trouvé le procédé miracle. Il a tout simplement judicieusement organisé sa collecte et favorisé le recyclage et la valorisation énergétique.
La Suisse sur la plus haute marche du podium
Pour ne citer que le meilleur élève, la Suisse, ce pays montagneux, réussit l’exploit de valoriser 99,7% de ses déchets en en incinérant près de 75%. A Lausanne, par exemple, un réseau souterrain de transport des déchets a été créé. Une fois triés, les déchets non recyclables sont directement envoyés dans des incinérateurs de dernières générations – donc non polluants – pour servir à la production d’énergie. La principe est simple : la chaleur des fumées issues de la combustion est transférée à un fluide caloporteur, généralement de l’eau, qui à son tour va se vaporiser. Cette vapeur alimente un réseau de chaleur pour le chauffage urbain ou encore un générateur d’électricité. C’est bien là tout l’intérêt de ces usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM) qui sont capables de produire chaleur et électricité par cogénération.
Les autrichiens montrent la voie
A Vienne, en Autriche, l’incinérateur est carrément situé en centre-ville sans importuner pour autant les sens de la majorité des Autrichiens. Et pour cause, ce pays, qui à l’instar de la Suisse ne dispose pas de ressources naturelles et qui importe son électricité, a bien compris que plus cette chaudière géante est proche des habitations plus elle est efficace. La vapeur ayant moins de trajet à faire, il y a donc moins de déperdition énergétique… Quant à son intégration dans le centre urbain, là aussi tout a été pensé. Ainsi, son habillage a été confié à l’artiste Friedensreich Hundertwasser, qui a réussi le tour de force de donner un aspect monumental à ce qui était au départ un bâtiment industriel. Et la pollution ? C’est bien simple, elle est nulle puisque ne s’échappe des cheminées que de la vapeur d’eau.
France et Espagne : encore beaucoup d'efforts restent à faire
La France, deuxième puissance européenne, ne valorise que 60% de ses déchets plastiques. Avec un taux de 46%, l’Espagne ne fait guère mieux. Une place bien en deçà de ce que l’on pourrait attendre. Faudra-t-il voter une loi « anti-décharge » comme en Allemagne pour voir une amélioration ? Hélas, rien n’est moins sûr, car Français et Espagnols restent encore assez méfiants à l’égard des incinérateurs qu’ils imaginent encore polluants. Un préjugé tenace qui date d’une époque, aujourd’hui révolue, où certains incinérateurs n’étaient pas encore aux normes. Se priver d’une telle ressource est aujourd’hui pour un grand nombre d’experts un luxe que l’on ne peut plus se permettre !
Encore une particularité française
Les autorités françaises en ont bien conscience. Il est ainsi proposé aux ménages d’étendre à tous les emballages plastiques les consignes de tri, aujourd’hui concentrées sur les seuls bouteilles et flacons. Pour ce faire, depuis quelques mois, une expérimentation est menée auprès de 51 collectivités locales représentant 3,7 millions d’habitants. Les premiers retours sont particulièrement encourageants et montrent que les populations concernées ont compris les enjeux et ont su adapter leur mode de tri, qui, ceci étant dit, a été considérablement simplifié puisque, aujourd’hui, ils peuvent jeter dans les bacs jaunes tous les emballages plastiques. Est-ce que ce sera suffisant pour rattraper le retard ?
La Suède récupère vos déchets
Quant à la Suède, c’est le champion européen de la valorisation matière, avec un taux qui frôle les 50% rien que pour les déchets plastiques. Le reste est incinéré et sert à produire de la chaleur et de l’électricité, garantissant ainsi une partielle indépendance énergétique pour ce pays. Le hic, c’est que les poubelles sont vides, à force d’inciter les populations à trier pour mieux recycler, il n’y a plus grand-chose à brûler. Résultat, la Suède importe près de 1 million de tonnes de détritus en tout genre destinés à alimenter les usines d’incinération des ordures ménagères. Pour assumer leur consommation d’énergie, les Suédois s’approvisionnent en déchets auprès de différents pays d’Europe – Bulgarie, Roumanie et Italie. Pour le moment, ces détritus ne sont pas vendus… mais jusqu’à quand ? Quand on vous dit que vos déchets ont de la valeur !