Des plastiques en quête de ressources renouvelables
Bioplastique, un mot à double sens
Pour clarifier la situation, il faut savoir que le terme «bioplastique» renvoie à deux notions différentes susceptibles de prêter à confusion.
On regroupe sous ce terme, d’une part, les plastiques dits « bio-sourcés » car issus de ressources agricoles, a priori renouvelables et d’autre part, les plastiques "biodégradables".
Dans le premier cas, on s’intéresse seulement à l’origine des matières premières à partir desquelles on fabrique les plastiques. Dans le second, on s’intéresse à leur fin de vie. Il est capital de comprendre qu’un plastique bio-sourcé n’est pas forcément biodégradable et qu’un plastique biodégradable n’est pas forcément bio-sourcé.
La notion de biodégradabilité a provoqué de l’enthousiasme à une certaine époque. On s’aperçoit aujourd’hui qu’elle ne présente de l’intérêt que pour un nombre limité d’applications. C’est pourquoi nous nous intéresserons principalement dans cet article aux plastiques biosourcés.
Du «Bio» dès l'antiquité
On pourrait croire que l’utilisation des plastiques «bio-sourcés » est une nouveauté. Cependant, certains étaient utilisés dès la plus haute Antiquité. Qu’on songe à la balle en latex des joueurs de pelote mayas… Ou, plus loin encore, aux outils néolithiques assemblés avec des résines végétales, concurrencées déjà, au Moyen-Orient, par des mastics bitumineux.
De tous temps, l’homme a puisé dans la biomasse pour satisfaire ses besoins et innover. La biomasse est l'ensemble de la matière vivante, d’origine végétale ou animale. Elle produit chaque année environ 172 milliards de tonnes de matières organiques dont seuls 3,5 % sont aujourd’hui mis à profit, surtout à des fins alimentaires.
"Bio" aussi, les premiers plastiques industriels
Dès le début de l’ère industrielle, les chimistes ont puisé dans la biomasse pour obtenir les premiers polymères artificiels, comme le celluloïd, première matière plastique créée, en 1856, à partir de nitrate de cellulose et de camphre… Ou encore la galathite, un polymère biodégradable issu d’un mélange de formol à de la caséine, la protéine de lait. Son aspect proche de l’ivoire lui valut un grand succès, durant les Années Folles, dans la bijouterie fantaisie. Quelques boutonniers nostalgiques l'utilisent encore… Ainsi, hélas, que des faussaires!
Les végétaux aussi ont été mis à profit, pendant la Grande Dépression, notamment. Grâce aux pionniers de la "chemurgy" comme le biochimiste noir George Washington Carver, Henry Ford est parvenu à fabriquer des pièces d'automobiles en plastique dérivé du soja !
La revanche du carbone végétal
Les plastiques peuvent être fabriqués à partir de nombreuses ressources différentes… pourvu qu’elles contiennent du carbone.
En moins d’un siècle, les ressources fossiles, ont imposé leur suprématie pour la fabrication de presque tous les plastiques. A partir du gaz aux USA et du charbon en Chine. En Europe, c’est le raffinage du pétrole qui permet d’obtenir à moindre coût, la plupart des intermédiaires indispensables à la fabrication des matières plastiques. Parmi les plus connus : l’éthylène, le propylène, le butadiène, le benzène, l’éthanol, l’acétone, etc...
Alors que chaque année, 265 millions de tonnes de plastiques sont consommés, leur fabrication ne requiert qu’environ 4% des ressources fossiles extraites dans le monde.
Mais avec la raréfaction de ces matières premières et la hausse prévisible de leur prix, la fabrication de plastiques à base de matières premières renouvelables revient sur le devant de la scène.
Dans ce contexte, les « bioplastiques » vont-ils prendre leur revanche ?