Vous avez dit éco-conception ?
L’éco-conception est une démarche préventive et innovante qui vise à réduire les impacts négatifs d’un produit (ou d’un service) sur l’environnement tout au long de son cycle de vie : extraction des matières premières, fabrication, transport, usage et fin de vie. Elle exige de remettre sans cesse son ouvrage sur le métier.
L’éco-conception, une affaire de principes
Afin de minimiser l’impact environnemental des produits, elle favorise l’utilisation efficiente de matières premières recyclées ou durables, de matériaux récupérés ou renouvelables plutôt que de ressources vierges. Parallèlement, l’éco-conception vise à prolonger la durée de vie des produits en les rendant réparables et en favorisant leur réutilisation. En concevant des produits durables mais toujours aussi performants, l'objectif est de réduire la quantité de déchets générés et de promouvoir une consommation plus responsable.
A ce titre, elle fait partie des fondamentaux de l’économie circulaire, ce modèle économique qui rompt avec nos modes de consommation linéaires du « tout jetable ».
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L’analyse du cycle de vie d’un produit (ou d’un service) est l’élément central de tous les enjeux d’éco-conception. |
Il permet ainsi d’identifier ceux sur lesquels il convient d’agir en priorité et surtout de s’assurer que les solutions envisagées n’en dégradent pas d’autres.
Un vent qui n’est pas nouveau
Dès la fin du siècle dernier, des fabricants de bidons pour produits détergents ont pensé à alléger et à retravailler la forme de ces emballages en PEHD pour en optimiser le transport. Ils en ont ainsi réduit le volume d’environ 10% et le poids d’environ 15 grammes, ce qui a permis d’augmenter le nombre de bidons, toujours en PEHD, par palette. Ce fut donc moins de camions sur les routes et moins de CO2 émis, et surtout un bénéfice économique certain. Il s’agit ici d’une parfaite illustration de l’intérêt de se pencher sur le cycle de vie complet d’un produit, dont le transport est l’un des constituants, et de ne pas se focaliser sur les seuls matériaux.
Modifier la forme d’un bidon pour en optimiser le transport permet d’avoir moins de camions sur les routes et donc moins d’émissions de CO2.. |
C’est pourquoi l’ACV prend toujours en compte le couple produit/emballage, le contenant n’ayant aucune raison d’être considéré sans son contenu. Toujours dans l’emballage, l’ACV révèle que la prévention de la dégradation de la viande, dont l’empreinte carbone est très élevée, est un facteur déterminant à prendre en compte. En effet, l’impact CO2 de la production et, a fortiori, du gaspillage de toute denrée alimentaire, est toujours sans commune mesure avec celui de son emballage plastique. |
Pas de bâtiment éco-conçu sans polymères
Même principe dans le bâtiment : les performances d’isolation d’un matériau durant sa phase d’usage priment sur les autres critères. Les économies de CO2 générées par une bonne isolation sont bien supérieures à l’impact CO2 de la fabrication et de la gestion en fin de vie d’un panneau en PSE ou en PU. Pour exemple, la mousse polyuréthane servant à isoler les toitures nécessite 70 litres de pétrole brut pour la fabrication d’1 mètre cube. En 50 ans, ce mètre cube permettra d’économiser l’équivalent de 5 500 litres de fuel soit 19 tonnes de CO2.
Les mousses polymères sont parmi les meilleurs matériaux d’isolation des bâtiments. Durant leur durée de vie, elles permettent des économies d’énergie plus que conséquentes et autant de CO2 en moins. |
Plus largement, les calculs montrent que si les immeubles européens étaient parfaitement isolés, on réduirait de 70 à 75% la quantité de rejet de CO2.
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Décarboner les matières plastiques, nouveau levier d’éco-conception des produits
En Europe, les polymères sont encore très largement produits à partir de matières fossiles (plus de 90% – voir rapport éco-circulaire PE). Les choses bougent et, selon la feuille de route « The Plastics Transition », des producteurs européens de matières plastique, à l’horizon 2050, 65% des matières plastique utilisées en Europe pourraient être circulaires. C’est-à-dire issues du recyclage mécanique et chimique mais aussi de la biomasse et de capture de carbone. Si l’intérêt du recyclage mécanique pour réduire l’impact environnemental des polymères n’est plus à démontrer, les premiers produits issus du recyclage chimique sont déjà sur le marché (voir dossier « recyclage chimique »).
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Le recyclage des plastiques est pour le moment parmi les meilleures voies pour décarboner les polymères. |
L’autre révolution qui s’amorce est celle de la production à partir de ressources renouvelables des plastiques traditionnels, historiquement pétrosourcés.
Ainsi, le Biovyn du groupe Inéos est un PVC biosourcé à partir de biomasse forestière.
Une innovation qui permet, selon le groupe, de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 90% par rapport à du PVC traditionnel, sans avoir à faire de compromis sur la qualité. Mis en œuvre pour la première fois dans des fenêtres et portes par les sociétés Kömmerling et Kumij, il a permis une économie d’environ 6 tonnes de CO2 lors de la rénovation et de la transformation de 19 logements sociaux en logements à énergie zéro à Steenwijk (Pays-Bas). Une première mondiale !
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Les plastiques biosourcés sont une autre voie de décarbonation, comme ce PVC servant à fabriquer des fenêtres pour le fabricant Kömmerling. |
Ou encore, ce PEHD biosourcé entrant dans la composition de gazoduc. |
Pour finir, le polyéthylène haute densité (PEHD) biosourcé d’Ineos a été utilisé pour le premier gazoduc entièrement durable au monde. Installé par GRDF, gestionnaire de réseau de gaz français, le gazoduc n’utilise que du polymère à faible empreinte carbone. Produit à partir de résidus de transformation du bois de l’industrie papetière, le PEHD biosourcé d’Ineos produit dans son usine de Lillo en Belgique a une empreinte carbone nettement inférieure à son homologue conventionnel d’origine fossile. |