Paroles d'expert 3 min

Avec OneDollarGlasses, des verres de haute qualité accessibles aux plus pauvres.

Rencontre avec Martin Aufmuth, fondateur de l’organisation OneDollarGlasses et inventeur d’un concept d’atelier d’opticien mobile pour la diffusion de lunettes accessibles à toutes les populations isolées et démunies.
Avec OneDollarGlasses, des verres de haute qualité accessibles aux plus pauvres.
Avec OneDollarGlasses, des verres de haute qualité accessibles aux plus pauvres.

Avez-vous envisagé d'utiliser un verre minéral plutôt qu'un verre organique pour vos lunettes ? Et pourquoi avoir choisi le polycarbonate qui n'est pas le plus utilisé dans ce domaine ?

Environ 150 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles de la vision. Alors qu’une paire de lunettes simples suffirait à les aider ils n'ont pas accès à un opticien et souvent pas d'argent pour en acheter. 
Le projet de OneDollarGlasses est de fournir à ces populations souvent isolées des verres de haute qualité à un prix abordable, même pour les plus pauvres. 
Dans ces conditions, il était inimaginable d’utiliser des lentilles de verre dont la taille préalable au montage nécessite de l'énergie électrique et de l’eau.
Afin de respecter les normes que nous avons choisies, nous avons décidé d'utiliser des lentilles préfabriquées en polycarbonate. D’abord parce que ce polymère est beaucoup plus résistant à la rupture que le verre ou la résine qui sont couramment utilisées dans nos régions. Moins chères à fabriquer, ces lentilles sont, en outre, très légères et peuvent être facilement clippées dans notre système de montures. 

Pourquoi avez-vous privilégié l'acier pour la fabrication des montures alors qu'on utilise généralement pour cela du plastique ?

Nous avons décidé de cadres en acier pour des raisons de qualité et de production. Inoxydable, notre fil d'acier à ressort est non-irritant et extrêmement léger. Mais le plus important, en particulier dans les conditions difficiles des pays en développement, c’est sa grande résistance et sa flexibilité. Cela garantit une utilisation durable et nous donne la possibilité de fabriquer des verres sur mesure adaptés à chaque personne. 
L’atout principal de ce matériau est surtout de permettre la fabrication des montures par simple pliage, rapidement et sans aucune alimentation électrique, grâce à l’atelier mobile que nous avons mis au point.

 

Votre but est de former des opticiens capables de développer leur propre business. Quel est le coût du lancement de cette activité ? Comment les candidats peuvent-ils la financer ?

OneDollarGlasses est une organisation à but non lucratif. Notre concept est basé sur le principe que nous finançons le démarrage de l'entreprise en payant les frais de stage, les machines de pliage et tout l'équipement nécessaire pour les 500 premiers verres de l'opticien. 
Dans un premier temps, l’atelier mobile, avec l’unité de pliage et ses lentilles reste la propriété de OneDollarGlasses afin de garantir la qualité et le rendement de l’activité. Mais dès que l'opticien commence à vendre ses lunettes, et qu’il gagne assez d'argent pour vivre et payer son matériel ou le renouveler, il peut commander des fournitures à OneDollarGlasses. C’est qui qui rend notre concept véritablement durable.

 

Combien existe-t-il d'opticiens en activité actuellement ? Et combien de lunettes ont-ils fabriqué environ ? 

Au Burkina Faso par exemple, il y a 7 opticiens producteurs qui ont vendus jusqu’à présent plus de 500 paires de lunettes. 
Dans le monde entier, nous avons une trentaine opticiens en activité. Actuellement nos collaborateurs forment de nouveaux candidats au Bénin et évaluent l’activité des premiers opticiens OneDollarGlasses au Nicaragua.

Comment voyez-vous l'avenir de votre démarche ?

Notre « marché » potentiel est très vaste. A la taille de notre ambition qui est de fournir des lunettes ces millions de gens pour qui c’est un besoin presque vital! Mais nos moyens étant limités, nous procédons évidemment par étape. Avec des projets ciblés par pays. En Afrique, par exemple, nous intervenons au Rwanda, dont population très pauvre de 11,4 millions d'habitants ne dispose que de 11 ophtalmologistes. Un premier projet pilote a également démarré en Tanzanie à l'été 2013. 
En Septembre 2013, une formation a commencé aussi à Santa Cruz, en Bolivie où, environ la moitié de la population est rurale et n’a donc pas accès aux soins ophtalmologiques.

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