Paroles d'expert 3 min

L’efficacité parasismique de notre revêtement mural repose sur le choix du polymère

Rencontre avec le Professeur Lothar Stempniewski, du Karlsruhe Institute for Technology (KIT), le centre de recherche associé à Bayer pour la mise au point du premier revêtement mural parasismique.
L’efficacité parasismique de notre revêtement mural repose sur le choix du polymère
L’efficacité parasismique de notre revêtement mural repose sur le choix du polymère

Quelles étaient les motivations qui vous ont conduit à développer le système EQ-Top ?

Environ 1,2 milliards de personnes habitent dans des zones à risque sismique susceptibles de provoquer des effondrements. Notre objectif premier est d’améliorer les capacités parasismiques de ces bâtiments. Généralement, ce genre de travaux impose une reconstruction totale des bâtiments, en remplaçant les éléments fragiles, piliers ou murs. Dans la plupart des structures en maçonnerie, la pratique habituelle veut que l'on remplace les éléments en maçonnerie par du béton. Toutefois, ces travaux causent de nombreux désagréments aux habitants. En raison notamment de leur coût élevé et de l’obligation de les déloger durant le chantier. Peu enclins à supporter ces nuisances,  les résidents préfèrent parfois rester exposés au risque sismique. Cela fait dix ans que nous cherchons à résoudre ce problème par un procédé plus rapide et moins couteux, à mettre en œuvre, plus proprement, dans le cadre d’un simple chantier de rénovation.

D'où l'idée aussi d'un procédé à base de matériaux légers ?

Oui, c’est pourquoi d’ailleurs, nous avons imaginé un revêtement mural parasismique comparable à un banal papier-peint mais composé de matériaux de pointe comme les fibres de verre et de carbone. En optant finalement pour la fibre de verre. 
Cependant le matériau du revêtement n’était pas, en soi, suffisant. Il nous fallait améliorer les performances de la colle indispensable à sa pose sur le mur. En effet, l’adhésif couramment utilisé pour ce type de matériau est incapable de transmettre les forces complexes entre la maçonnerie et le tissu de fibres de verre. Dans ce cas, il serait trop rigide. Nous avons donc demandé au département Bayer Material-Science, qui connaît bien les contraintes de la fibre de verre, de développer un nouveau type de colle adaptée aux contraintes de notre procédé. Ce laboratoire a apporté la solution avec un adhésif dérivé de son polyuréthane dispersion Dispercoll qui, en effet, a dépassé toutes nos attentes.

Quels avantages présente ce polyuréthane ?

Une fois polymérisé, cet adhésif a une ductilité élevée, ce qui lui confère une grande souplesse et donc une haute résistance à la déchirure. En outre, son utilisation, à température ambiante, apporte de meilleures garanties, sur ce point. 
Troisième avantage, le polyuréthane, plus perméable à la vapeur d'eau, réduit la condensation et l'humidification des murs. L'enveloppe reste sèche. Ce qui réduit l'émission de fumées en cas d'incendie. En dernier lieu, nous voulions un produit respectueux de l'environnement, à base aqueuse.

 

Le système EQ-Top peut-il être utilisé sur tout type de constructions ?

La plupart des gens qui vivent dans des zones à risque sismique élevé habitent des bâtiments en maçonnerie. Nous avons donc cherché à développer un adhésif adapté au comportement de ce type de construction. 

Vous pouvez donc utiliser l’EQ-top sur des constructions non maçonnées en acier ou en béton mais cela n’aura, hélas, aucun effet.

Le système EQ-Top est-il adapté à toutes les maçonneries ?

Cela dépend du type de murs, notamment s’ils sont porteurs ou non. Nous avons effectué une série de tests sur les murs non porteurs en les soumettant à des pressions comparables à ceux de tremblements de terre puissants. Ils ont virtuellement résisté à la destruction. 
Par conséquent, si le système EQ-top est utilisé sur les murs non porteurs en maçonnerie d’un immeuble dont les structures porteuses sont en acier ou en béton armé, il résistera à un tremblement de terre.

 

L'EQ-Top est-il déjà commercialisé ?

Oui. Bayer a conclu un contrat de distribution exclusif  avec une société italienne du bâtiment et un projet a déjà été réalisé dans une école. Les résultats sont très satisfaisants. L’école n’a pas été fermée, les travaux, réalisés après les cours, étant exempts de poussières.

 

 

Avez-vous l'intention de commercialiser ce produit dans le monde entier ?

Nous avons noué des relations, dans le monde entier, à la suite de demandes venant de pays d’Amérique du Nord ou du Sud et d’Asie. Mais nous visons l’Europe en priorité, notamment l’Italie, où nous envisageons de multiplier les projets dans des écoles et des hôpitaux.

Quel est selon vous la place actuelle des polymères dans les procédés de construction ?

S’agissant du polyuréthane, par exemple, nous ne limitons pas son usage à des procédés parasismiques. Nous envisageons son utilisation de nombreux procédés de construction, en raison notamment de sa ductilité et de sa stabilité, à température ambiante. Par exemple, nous cherchons actuellement à l’utiliser comme adhésif pour l’acier et le carbone.

Cet article vous a plu ? Vous allez aimer les suivants !