« La collection Plasticarium peut attirer le public sans cultiver la nostalgie »
Comment est né le projet de ce musée consacré exclusivement au plastique dans le design ?
L’ADAM est un projet piloté par l’Atomium, vestige de l’Expo de 58, symbole de Bruxelles, la capitale de l’Europe. La fondation qui exploite ce monument a décidé, il y a deux ans, d’acquérir la collection du Plasticarium dont le propriétaire, Philippe Decelle souhaitait se défaire.
Nous avons en effet jugé que la vente de cette collection constituée par son propriétaire depuis 1987 constituait une véritable opportunité. Notamment parce qu’elle était jusque-là peu accessible malgré sa valeur patrimoniale évidente… Et que, par conséquent, elle offrait de nombreuses possibilités de mise en scène dans le cadre d’un nouvel équipement culturel.
Comment s'inscrit votre projet muséal dans ce bâtiment conçu comme un centre d'exposition pour le négoce ?
L’ADAM s'étend sur les 5000 m² réaménagés dans le bâtiment du Trade Mart à Bruxelles construit en 1975 pour accueillir des show-rooms sur 215000 m². Le projet architectural et scénographique a été conçu et réalisé par le bureau Lhoas & Lhoas Architectes avec le concours de Thierry Belenger, spécialiste du design du 20e siècle et d’Alexandra Midal, historienne du design.
Les concepteurs ont cherché d’abord à tirer le meilleur parti des qualités du bâti existant, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. L’aménagement du jardin et des abords visait également à affirmer l’identité propre du musée. C’est dans cette optique aussi, que s’inscrit la modification de l’escalier d’entrée existant par Jean Nouvel de manière à créer un auvent tubulaire en miroir.
À l’intérieur, nous avons cherché à profiter de l’espace pour créer un système d'exposition souple, adaptable, sans chercher à camoufler l’aspect brut du sol en béton et des plafonds en nid d’abeille… Sa modularité nous a même permis de jouer sur la transparence pour intégrer les réserves dans le parcours d'exposition.
Comment donner toute sa visibilité à votre collection ?
L’idée dès le départ était de donner une dimension collective à cette collection privée, issue de choix personnels mais qui avait séduit les responsables du projet par son exhaustivité.
Cela nous semble indispensable pour que le public puisse se l’approprier, au-delà de la simple nostalgie, comme l’expression encore vivante, à partager, du patrimoine culturel et artistique. Cela permet aussi de faire du Plasticarium, non pas une collection figée, mais le cœur d’un projet muséal plus dynamique. En complétant le fond grâce à quelques acquisitions ou prêts auprès de collectionneurs privés ou d’autres institutions… Ou en développant des échanges et les activités avec tous les acteurs du design. Dans cette optique, nous exposons d’ores et déjà des pièces prêtées par le Centre national des arts plastiques, à Paris.
Pourquoi ne pas exposer toutes les pièces de la collection ?
Le souci de mettre notre collection en résonnance avec l’actualité de l’art contemporain et du design nous conduit à faire des choix quant aux pièces qui méritaient d’être exposées dès l’ouverture ou qui le seront par la suite, au gré des événements thématiques ou de nos activités.
Ainsi la collection permanente exposée se limite à 450 pièces sur les 2000 du fond d’origine que nous avons voulu compléter avec une cinquantaine de créations acquis par ailleurs. Cela permet, par exemple, à partir de ce socle de base, de programmer des rotations sur l’exposition permanente ou des focus temporaires comme « la collection Plasticarium et la mode », « La collection Plasticarium et les objets du quotidien »…
La visibilité assumée des réserves - du stock devrait-on dire - tout au long du parcours des visiteurs, participe de cette idée que l’ADAM est une institution en mouvement, riche d’un fond et d’un potentiel qui lui permet d’évoluer, de surprendre.
POUR EN SAVOIR PLUS
www.plasticarium.be/home-museum-fr.html
Crédits photos : Art & Design Atomium Museum (ADAM) - Elie Leon