Javier Goyeneche prêche pour l’immaculée conception
Comment a été accueillie votre utilisation assez radicale de matières recyclées dans le milieu de la mode ?
Cinq ans après la création d’Ecoalf, je dois constater que notre concept est bien installé, bien au-delà du marché espagnol. Bien reconnue par le public, cette approche nous a évidemment permis de nous différencier. Dans cette aventure, le plus difficile a été de démontrer que nous étions capable de réaliser des produits avec des matières recyclées qui présentaient le même aspect, la même texture et les propriétés techniques exigées pour les meilleurs produits non recyclés commercialisés par les grandes marques de vêtements et d’accessoires.
L'originalité de vos procédés de recyclage a-t-il contribué fortement au succès de votre positionnement ?
En réalité ce positionnement « radical », comme vous dites, induit une stratégie de développement basée sur l’innovation. Ecoalf investit en permanence pour mettre au point de nouveaux procédés de recyclage applicables à toutes sortes de matériaux contenus dans les déchets. Là où la plupart des gens ne voit qu’une poubelle, nous voyons des matières premières. Nous avons contracté onze alliances au niveau international afin de recycler des produits usagés très variés. Outre le fil de coton recyclé, nous utilisons par exemple des filets de pêche en nylon pour fabriquer des maillots de bains, des sacs ou des housses de I-Pad, des bouteilles en plastique et des résidus de café pour la confection de parkas… Pour la production de fibres issues du marc de café, par exemple, nous ne nous sommes pas contentés simplement d’exploiter le brevet de la société taiwanaise Singtex Industrials. Nous avons travaillé avec elle au développement de nouvelles textures.
Comment le monde de la pêche a-t-il accueilli votre idée de recycler les vieux filets de pêche en textiles ?
Dans un pays de vieille tradition maritime comme l’Espagne, notre démarche a séduit d’emblée tous ceux qui se préoccupent de l’avenir des océans. Le recyclage des filets de pêche s’inscrit parfaitement dans la série des projets visant à recycler également les déchets portuaires et marins.
Quel est l'intérêt pour Ecoalf de nouer des alliances avec des grandes marques internationales ?
Les collaborations avec des marques comme Apple, Barneys, Goop constituent un autre axe essentiel de développement. Ainsi nous avons créé une ligne exclusive de housses pour I-Pad pour les Apple Store du Canada et des États-Unis… Et bientôt chinois.
Outre leur effet bénéfique en termes d’image et de business, ces opérations de co-branding sont évidemment très enrichissantes sur le plan de la recherche & développement et du design. Ce que montreront, sans doute, les deux nouvelles alliances que nous avons conclues pour la saison 2014.
Quelles seront les innovation de vos prochaines collections ?
Pour la prochaine collection nous finalisons une série de 25 nouveaux tissus à l’aspect et à la texture encore inimaginables l’an passé. L’autre nouveauté est le lancement d’une gamme de tongs réalisées à partir de vieux pneumatiques. Cette innovation est le fruit d’investissements dans un projet de recherche et développement de plus de 2 ans réalisé en partenariat avec le Centre technologique de la chaussure de La Rioja.