Le PET en vedette chez Issey Miyake
Ce mois-ci, Issey Miyake lance à Tokyo, puis à New-York, Paris et Londres, une nouvelle ligne de vêtements plissés, tout en PET recyclé.
Le couturier va présenter une nouvelle ligne de tissus innovants à base de polyester et de PET (polyéthylène téréphtalate) recyclé, mis au point depuis 2 ans dans son laboratoire de Tokyo, le Reality Lab.
Cette ligne, baptisée « 132.5 Issey Miyake », s’articule autour de dix formes de base, déclinées ensuite en robes, boléros ou sacs aux formes géométriques et abstraites.
Reality Lab, un laboratoire de recherche
Le Reality Lab est une équipe de recherche et de développement constituée par Issey Miyake lui-même, Manabu Kikuchi (ingénieur textile) et Sachito Yamamoto (ingénieur et modéliste), ainsi que de cinq jeunes collaborateurs.
Depuis 2007, l’équipe travaille sur des utilisations novatrices des matériaux qui conjuguent respect de l’environnement et audace de la création.
Un concept né d'une approche mathématique
En 2008, l’équipe rencontre le chercheur en informatique Jun Mitani et découvre son travail sur la modélisation des formes géométriques assistées par ordinateur.
Il n’en fallait pas plus pour inspirer Issey Miyake et donner naissance à sa future collection.
Une seule pièce de tissu pliée en carré… si l’on attrape un coin du carré plié à plat et que l’on tire à la verticale, la forme tridimensionnelle du tissu apparaît. Le volume produit par l’ouverture des plis est sculptural, composé d’angles aigus et de triangles, tel un origami.
Dix pliages identiques de base se transforment en 29 pièces (blouses, jupes, pantalons et robes) fabriqués d’un seul tenant, à partir de combinaisons de pièces de même forme, à différentes échelles.
132.5 : Régénération et nouvelle création
Beauté du pliage, élégance du porté, le nombre 132.5 est une évocation poétique.
Le chiffre "1"reprend la notion d’une pièce de tissu unique, le « 3 » évoque le résultat final en 3D, et le « 2 », le pliage à plat.
Enfin le chiffre "5" symbolise la métamorphose du vêtement lorsqu’il est porté vers de nouvelles dimensions : plié, posé à plat, pris en main, soulevé, il révèle robe, jupe...
Choix des matériaux, respect de l'environnement
En adéquation avec ses convictions environnementales et ses recherches sur les matériaux, Issey Miyake a choisi de confectionner sa collection à partir de fibres régénérées.
Celles-ci sont issues de bouteilles en PET recyclées, qui, une fois lavées, broyées, micronisées et fondues, se trouvent sous la forme de fils, et donc de fibres prêtes à l’emploi pour la confection.
Pour cela, Issey Miyake a fait appel à la société japonaise Teijin Limited, qui vient de lancer un programme de recyclage, de récupération et de réutilisation des matériaux, nommé « Eco-circle », dont fait partie « 132.5 ».
Issey Miyake, passerelle entre l’orient et l’occident, entre mode et design, dimension poétique et mathématique, risque encore de nous surprendre avec cette nouvelle ligne d’aujourd’hui et de demain, sans vision passéiste.
« Ces vêtements sont très légers, comme l’air, et peuvent se porter en toute saison » dit Issey Miyake. « J’espère que les futurs acquéreurs les garderont longtemps, et qu’ils n’en changeront pas tous les 2 mois ». C’est ça, pour moi, la base du développement durable.
Eco Circle
Le programme de Teijin Limited est le premier de ce type : les articles en PET* recyclé peuvent être décomposés au niveau moléculaire et retraités en matières premières ultra-pures à l’infini. Les matières issues de ce traitement ne perdent pas en qualité et ne se dégradent pas, même après des traitements répétés. Si on le compare à la fabrication du PET vierge, ce procédé est supposé réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO2 d’environ 80%.
*le PET est un polymère thermoplastique de la famille des polyesters. On utilise généralement le terme « polyester » dans l’industrie textile, tandis que « PET » est plus communément utilisé dans l’industrie de l’emballage, notamment alimentaire. On parlera ainsi d’une bouteille en PET, ou d’un pull en polyester.