Au quotidien 3 min
Architecture verre : archiplastique !
La crise, avec son cortège de pensées sombres sur fond de mondialisation opaque et de mouvements financiers obscurs, fait rêver de transparence et de clarté. L’architecture en verre arrive donc à point nommé pour ouvrir des perspectives claires dans le quotidien maussade. Mais pour que verre rime avec écologie, il faut un troisième larron : le plastique. Illustration.
Architecture verre : archiplastique !
Architecture verre : archiplastique !

Il y en a aussi pour le Grand Architecte de l'Univers

Pour leurs grandes cérémonies, les Diaconesses de Reuilly, une confrérie protestante, souhaitaient faire construire une chapelle pour le XXIe siècle afin d’offrir « à l'homme d'aujourd'hui un espace de beauté, d'intériorité et de célébration qui invite à l'écoute et à la paix. »

La Prière au naturel 

C’est l'architecte français Marc Rolinet qui a imaginé une structure légère, toute de bois et de verre, respectueuse de l’environnement et de la topographie inégale du lieu. La chapelle est une coque en bois renversée construite en lamelles de pin superposées, cintrées sur place, lame après lame, dans un bain de vapeur. 
La chapelle s’inscrit dans un volume de verre sur une base triangulaire, protégé du soleil par un toit horizontal, constitué des mêmes lamelles de bois. Cette enveloppe bioclimatique filtre la lumière naturelle et joue avec elle sur 360 degrés.

Les deux façades et le toit utilisent du verre feuilleté : un sandwich de plastique dans deux tranches de verre. Les calculs numériques de structure ont permis de réduire les épaisseurs des verres et d'augmenter la portée, ce qui allège la structure porteuse.

Economiser le denier du culte

L’aspect économique intervient toujours, même dans les affaires célestes : pour une même taille de vitrage sans intercalaire plastique, il aurait fallu augmenter l'épaisseur du vitrage pour parvenir à une résistance mécanique identique, d’où un surcoût pour les vitrages comme pour les structures, puisqu'elles devraient reprendre la surcharge complémentaire. L’architecte a particulièrement apprécié de pouvoir disposer de trames optimales en dimensions de vitrage, sans incidence sur la structure.

Moins on en voit, plus c'est technique

Les panneaux horizontaux de toiture sont produits avec du verre isolant. L’extérieur est réalisé avec un verre à couche  trempé de sécurité de 10mm d’épaisseur. La couche renforce l’isolation thermique et le contrôle solaire. A l’intérieur se trouve un verre feuilleté composé d’un verre trempé de 12 mm, d’un intercalaire structurel plastique de 1,52 mm et d'un verre trempé de 8 mm. Les verres extérieurs et intérieurs sont séparés par une lame d’air de 12mm.

Le verre isolant des façades comporte à l’extérieur un verre feuilleté (8 mm de verre trempé + 1,52 mm d'intercalaire plastique + 8 mm de verre trempé), à l'intérieur un verre trempé de 10 mm et entre les deux, une lame d’air de 16 mm.

Les fixations ont été intégrées dans la plaque de verre intérieure, directement dans le  verre feuilleté des panneaux verticaux. Ce système de fixation esthétique est rendu possible par l'intercalaire qui apporte une résistance et un encastrement plus élevés pour cette application de grande dimension.

Outre cette résistance intrinsèque, les intercalaires offrent une meilleure stabilité des bords, et de fait d'excellentes propriétés optiques. Dans ces panneaux à bord ouvert, il n'y a ni décoloration des bords, ni délaminage possible. De plus, l’intercalaire plastique améliore la sécurité et la solidité de l'ensemble : grâce à sa résistance après rupture, il maintient en place les plaques de verre, même brisées.

Plus de clarté, moins de ménage

Autre atout en termes d'esthétique et d'entretien des surfaces horizontales de la chapelle, le fluage de l’intercalaire et donc le fléchissement du verre feuilleté sont notablement diminués avec cet intercalaire, particulièrement aux températures élevées liées à l'exposition solaire.

Comme le toit ne comporte aucune surface bombée, la déflexion réduite empêche aussi les traces de salissures déposées par les intempéries.

Dieu a reconnu les siens : la chapelle des Diaconesses de Marc Rolinet a obtenu le prix spécial du jury lors de la 3e édition des Lauriers de la Construction Bois en avril 2008.

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