Techno du futur 5 min
Belle plastique pour les robots
Les robots sont à la mode, très à la mode… Certes, leur succès et leurs fonctionnalités souvent déroutantes sont avant tout dus aux progrès incessants de l’industrie numérique. Ceci dit, c’est vers les polymères que se tournent leurs concepteurs pour passer du monde virtuel au monde réel.
Belle plastique pour les robots
Belle plastique pour les robots

Rencontre du troisième type pour les plastiques

Les robots se font ange gardien

Il serait bien dommage de reléguer les robots au simple rôle de libérateur de corvées. Si certains sont conçus exclusivement pour cela, d’autres ont des tâches beaucoup plus nobles et assistent chirurgiens, personnes handicapées ou encore policiers. Le résultat est spectaculaire d’autant plus que souvent ces robots sont de type humanoïde et parfois capables de parler.

homme et robot

Les polymères ont la patate

Comme tous les constructeurs automobiles, Toyota développe chaque année de nombreux prototypes avec pour objectif d’améliorer la mobilité du plus grand nombre. Les ingénieurs de cette entreprise s’intéressent de très près, ces derniers temps, à la mobilité des personnes âgées ou handicapées. Jusqu’à peu, leurs recherches s’orientaient sur l’amélioration et le perfectionnement de fauteuils roulants. Estimant pouvoir mieux faire, une équipe a développé le i-foot, un engin à mi-chemin entre le robot et l’exosquelette. Il s’agit de deux énormes jambes, surmontées d’une sorte de nacelle au look futuriste, capables d’aller en avant et en arrière, de monter et descendre des escaliers, et même d’effectuer des pas de danse…

La priorité a été donnée à la sécurité du « passager ». Le cahier des charges stipulait  que la nacelle, qui ressemble à celle que l’on trouve sur les manèges à sensation, soit capable d’encaisser sans casser des chocs violents en cas de chute dans un escalier par exemple, tout en n’étant pas trop lourde pour ne pas entraver la mobilité. La solution a été trouvée par la création d’une nouvelle résine à partir d’amidon de patates douces renforcée par diverses fibres tenues secrètes. Le résultat est si probant que ce polymère entre désormais dans la composition des boucliers des voitures Lexus, la marque de luxe de Toyota.

Les plastiques reçus à bras ouverts

Constatant que son grand-père atteint d’arthrogrypose ne pouvait plus se nourrir seul tant les mouvements lui étaient difficiles, un jeune ingénieur américain eut l’idée de concevoir un bras robotisé capable d’effectuer l’indispensable mouvement entre l’assiette et la bouche. Plus qu’un simple bras programmable, il souhaitait en faire également un objet simple d’utilisation, fluide, silencieux et surtout esthétique pour éviter à tout prix l’aspect médical. Le jeune créateur s’est donc tourné vers le très large catalogue des polymères. Ainsi, pour le rendre silencieux, les plastiques ont été préférés au métal sur les engrenages. Quant aux différents moteurs, ils sont encapsulés et isolés dans une coque au design réellement flatteur que seule la facilité de moulage des polymères autorise. Dès sa commercialisation, le robot Obi a été approuvé par l’agence de santé américaine Food & Drug Administration. Une belle émancipation pour les utilisateurs et leurs proches !

obi

L’avenir est chirurgienincroyablement serein pour les bras robotisés. On en trouve désormais dans les blocs opératoires, certes encore à titre expérimental, capables de surpasser en précision le geste d’un chirurgien. Et pour cause, le robot n’est pas vulnérable aux aléas du corps humain, il ne connaît ni la fatigue, ni la distraction, ni le stress, ni même l’imprécision. De telle sorte que sur vingt points de suture, un chirurgien en réussira dix-neuf au maximum, tandis que le robot réussira imperturbablement chacun d’entre eux. Quant aux polymères, une fois enrichis d’ions d’argent, ils sont l’arme absolue pour tuer toutes les bactéries susceptibles de se trouver dans un bloc et donc éviter bien des maladies nosocomiales. C’est pour cette raison, en plus de leur facilité de moulage, qu’ils équipent tous ces robots.

UBO, un robot qui aide à bien viellirubo

On connaissait déjà les robots qui stimulent des enfants atteints d’autisme… Fraîchement présenté, Ubo est un petit robot français qui se veut assistant médical et domestique tout en étant compagnon conversationnel. Ubo s’adresse plus particulièrement à une clientèle âgée vivant seule et en état de semi-dépendance. Le principe est simple : une montre connectée envoie en permanence les données médicales (rythme cardiaque, pression sanguine, température, respiration, saturation d’oxygène, activité, chute, etc.) au robot. A la moindre anomalie, Ubo contacte les personnes ou services concernés. Jusque-là, rien d’exceptionnel… Mais Ubo est aussi un assistant domestique personnel conçu pour faciliter la vie de « ses maîtres ». Il obéit aux ordres qui lui sont transmis oralement pour activer tous les appareils domestiques et domotiques (lumière, rideaux, TV, radio, chauffage, air conditionné...) ainsi que tous les objets connectés qui l’entourent.

Enfin, Ubo est aussi un compagnon conversationnel, qui écoute, répond aux questions et dialogue grâce à l’assistant virtuel vocal intégré à son système. Il permet également, grâce à sa tablette numérique, de passer ou de recevoir des appels vidéo via Internet. Les premières commercialisations sont prévues pour 2018 à un prix inférieur à 1 000 €. Pour parvenir à ce tarif défiant toute concurrence, les polymères ont été largement mis à contribution. Cerise sur le gâteau, le design n’a pas été épargné, et Ubo, avec son look à la R2D2, est particulièrement craquant.

ubo2

Les plastiques aptes pour le service

Pour voir des robots policiers, c’est à Dubaï qu’il faut se rendre. Les amateurs de science-fiction resteront tout de même sur leur faim car ce policier n’est pas encore prêt à jouer leDubais Robocops. Non, ce robot est pour le moment déployé dans les centres commerciaux et les principaux points touristiques. Il permet de payer des contraventions, de signaler un délit ou de renseigner les touristes. Développé par la société espagnole Pal Robotics, il pèse 100 kg, mesure 1,70 m et se déplace sur roues grâce à un système de navigation autonome. Il peut saluer et converser en neuf langues mais aussi détecter les émotions sur les visages et reconnaître des gestes des mains à 1,50 m de distance. Pour le fabricant espagnol, la priorité a été donnée à la robustesse et à la facilité d’entretien.

 

Son choix s’est logiquement porté vers les polymères comme l’ABS et le polycarbonate, non seulement pour leur robustesse mais aussi pour leur aspect esthétique. Autre avantage des plastiques, les pièces sont simples, peu onéreuses à fabriquer et très facilement changeables en cas de besoin. dubai police
Ce type de robot se développe un peu partout. Il est désormais possible d’en apercevoir dans des centres commerciaux, où ils peuvent informer et guider les clients, ou encore dans des prisons pour renforcer la surveillance.

 

L'âme des robots

Pour de nombreux scientifiques, l’avenir des robots passera par la robotique dite molle, qui s’articule autour de robots mous construits en matériaux élastiques ou déformables, comme la silicone et les élastomères. Les projets sont nombreux et bien souvent, stade expérimental oblige, menés par des équipes universitaires qui cherchent à diminuer le prix de certains robots ainsi qu’à améliorer les réponses de la robotique classique à des questions liées à l’autoréparation ou de l’autoréplication. Ainsi, des chercheurs de l’université de Varsovie en Pologne, secondés par des collègues italiens et anglais, ont conçu un robot en élastomères en cristaux liquides. Dépourvu de toute partie mécanique, il est capable de ramper comme une chenille sous la seule impulsion de la lumière. Mieux encore, « la chenille » peut monter sur un mur et pousser des objets dix fois plus lourds et plus volumineux qu’elle.

chenille

Pour information, les élastomères en cristaux liquides sont des réseaux de longues chaînes de polymères présentant des phases intermédiaires entre la phase solide cristalline et la phase liquide. Ils réagissent à la lumière en se contractant dans une direction privilégiée. A ce stade, il ne s’agit que de recherche fondamentale et aucune application spécifique n’est pour le moment prévue pour la chenille. Ses créateurs espèrent cependant produire une version plus imposante surmontée d’une petite caméra destinée aux services secrets.

 

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