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Des plastiques au cœur des réseaux
Depuis plus de cinquante ans, les matières plastiques accompagnent avec constance l’extension et la réhabilitation des réseaux de distribution de l’eau potable.
Des plastiques au cœur des réseaux
Des plastiques au cœur des réseaux

L'art de préserver les réseaux de la qualité de l'eau

La fonte se refait une jeunesse avec les polymères

Bien que fragilisée par la présence de carbone sous forme de lamelles, la fonte grise a montré une extraordinaire longévité… Une vertu qui, hélas, a favorisé le vieillissement des réseaux. Désavantagé aussi par son poids et sa rigidité, ce matériau a souffert de la concurrence des matières plastiques. 
L’addition de magnésium à la fonte grise a permis heureusement à corriger ces défauts en dotant le matériau d’un comportement élastique et de propriétés mécaniques étonnantes. Ductile, la fonte a pu alors commencer une nouvelle carrière.

Découverte majeure, ce nouveau procédé de fonderie n’est cependant pas le seul ressort du de son retour en grâce dans l’adduction d’eau. Tous les fabricants, à commencer par Saint-Gobain PAM, le leader mondial de la spécialité, ont également pris soin d’améliorer les propriétés de surface des canalisations en fonte ductile grâce à des traitements polymères. Dans certaines, le mortier de ciment est remplacé par un revêtement thermoplastique déposé par poudrage à chaud. D’autres canalisations proposent une protection intérieure en polyuréthane mieux adaptée aux eaux très douces ou agressives. D’autres enfin, sont recouvertes, lors de l’extrusion des tubes d’un revêtement extérieur en polyéthylène haute densité pour résister aux sols très agressifs.

 

Une chemise neuve pour les vieilles canalisations

Les interactions entre le sol, les parois des canalisations et l’eau sont nombreuses et variées suivant le matériau. Hélas, quelles que soient ses performances à cet égard, la détérioration des surfaces des canalisations est inévitable à long terme. Corrosion, tartre et dépôts organiques réduisent l’efficacité hydraulique du réseau. Plus grave encore, ces phénomènes favorisent les contaminations et l’altération physico-chimique, organoleptique ou bactériologique de l’eau du robinet. 

 

Pour y remédier, le nettoyage et la réfection des parois internes des conduites souvent préférable à leur remplacement qui, en plus des matériaux neufs, nécessite l’ouverture de tranchées. L’une des techniques les plus efficaces est le chemisage continu polymérisé. Le procédé consiste à plaquer contre les parois de la conduite endommagée une membrane synthétique imprégnée de résine époxy ou polyester qui durcit après polymérisation. Moins intrusive et plus rapide, cette opération de réhabilitation permet de limiter les nuisances des chantiers et les perturbations dans l’exploitation du réseau.

Le tube plastique garde la forme

Les sections de réseau d’adduction anciennes présentent parfois des détériorations sévères qui, au-delà des surfaces, affectent la structure même des canalisations. Outre les risques de ruptures, leur fissuration constitue une menace en termes d’étanchéité et donc de pollution des eaux de consommation. 
Dans ce contexte, les procédés de réhabilitation des canalisations endommagées par tubage plastique offrent la meilleure alternative à leur remplacement. La plus simple consiste à introduire, dans la conduite existante, un tube neuf en polyéthylène souple. Son seul inconvénient, la réduction du diamètre de la canalisation oblige parfois les gestionnaires de réseaux à recourir à des techniques plus sophistiquées.

Le tubage sans espace annulaire, par exemple, permet d’installer une canalisation polyéthylène haute densité (PEHD) de même diamètre que l’ancienne après avoir fracturé ou arasé cette dernière. L’élasticité du polymère facilite l’introduction de la nouvelle conduite qui est cintrée mécaniquement ou pliée en forme d’un U avant de reprendre sa forme cylindrique grâce à l’injection d’eau ou d’air chaud sous pression.

 

 

Nouvelle coque synthétique pour le réservoir de Montmartre

Le bon fonctionnement des réseaux d’eau potable ne repose pas seulement sur l’état des canalisations. Discrets et très protégés, les réservoirs d’eau potable, jouent aussi un rôle essentiel. Ces ouvrages souterrains et un peu mystérieux qui servent parfois de décors aux films d’espionnage ont plus à craindre les injures du temps que les intrusions.
En 2013, celui de Montmartre, construit en 1889 sur le flanc du Sacré-Cœur montrait des signes de dégradation tels que les désordres menaçaient à long terme de mettre en péril l’étanchéité de l’ouvrage et la qualité de l’approvisionnement en eau. À ce stade, même un cuvelage classique à l’aide de résine polymères n’aurait pas permit de la remettre en état.

Le service des Eaux de Paris a donc opté pour un procédé innovant mis au point par le plasturgiste autrichien Agru, spécialiste des systèmes d’adduction d’eau. Il a permis de recouvrir les parois du réservoir d’une coque composée de panneaux en polyéthylène haute densité (PEHD) soudés sur plus de 2200 m2. Pour les ouvrages en béton ancien, ce système présente un double intérêt. Les plaques sont parfaitement lisses sur la face en contact avec l'eau potable de manière à éviter les dépôts organiques mais elles sont munies de picots souples au revers pour absorber les déformations du béton et drainer d’éventuelles infiltrations à travers la paroi d’origine.

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