Des polymères de pied en cap
Protégé par tous les temps
Disons le tout net, il y a belle lurette que les cyclistes n’ont plus un seul gramme de matériau dit naturel dans les vêtements qu’ils portent lors des compétitions. Aujourd’hui, plus un seul fabricant ne propose dans son catalogue autre chose que des matières en fibres synthétiques. Elles sont devenues indispensables à la conception des vêtements dits techniques du fait de leurs propriétés fonctionnelles : durabilité, résistance aux agressions chimiques, perméabilité ou imperméabilité, qualités thermiques, élasticité, etc. Quant au confort que ces vêtements procurent, il ferait presque oublier à quel point le cyclisme est un sport difficile. Ces matières modernes épousent parfaitement la forme du corps – et ce, quelle que soit la posture du coureur –, permettant donc de gagner en aérodynamisme. Mieux encore, elles évacuent la transpiration tout en gardant le sportif au chaud.
Pour quelques dixièmes de secondes
Même si ces vêtements ne sont pas encore testés en soufflerie, il est évident qu’ils ont une très grande importance dans l’aérodynamisme. Combien de directeurs sportifs ne se sont-ils pas fâchés en voyant l’un de leurs coureurs ouvrir grand son maillot un jour de canicule au détriment de toutes les règles aérodynamiques ? Un geste compréhensible mais inutile, car les fibres sont parfaitement respirantes et permettent l’évacuation de la sueur. Relativisons tout de même : les écarts entre les coureurs se calculent encore en secondes, voire en minutes. Pour aller encore plus loin, certaines marques proposent des vêtements sans couture et assemblés par collage pour éviter les micro-effets de vortex.
Une valise bien remplie
Ceci étant dit, la panoplie du cycliste est conséquente : cuissard, maillot, gants, veste, etc. Ici, ce sont les polyesters, les élasthannes et autres polyamides qui se taillent la part du lion. Des matériaux assez souples pour adhérer parfaitement à la peau mais sans gêner les mouvements. Les blousons sont même garnis de bandes de silicone pour mieux coller au maillot et ainsi éviter qu’ils ne se soulèvent sous l’effet du vent. Quelques marques proposent des vêtements enduits d’une fine couche d’un polymère à base de silicone pour les rendre déperlants. Un détail qui a toute son importance par temps pluvieux où le vêtement risque de se gorger d’eau et donc de s’alourdir. Bien entendu, les qualités respirantes du textile sont parfaitement conservées.
Un popotin chouchouté
Passer tant d’heures par jour les fesses posées sur quelques centimètres d’une selle a tendance à tanner la peau. Pas assez cependant, et c’est bien là le point faible du cycliste. Cette partie charnue de son anatomie reste encore sensible aux frottements. Irritations ou furoncles sont assez fréquents, et malheureusement ils peuvent être la cause d’une défaite. Pour en minimiser le risque, les cyclistes utilisent depuis toujours un rembourrage aujourd’hui encore nommé peau de chamois. Heureusement, les chamois de nos montagnes n’ont pas grand-chose à voir avec ce rembourrage. Ces « peaux » sont aujourd’hui composées d’une mousse à haute densité renforcée par de la silicone. Taillée quasiment sur mesure pour ne pas être gênante, la peau de chamois garantit un confort d’amortissement et permet d’éviter les points de pression, cause d’engourdissements et de baisse de la circulation sanguine.
Les nanotechnologies entrent dans la danse
Les fibres techniques synthétiques des vêtements n’en sont qu’au début de leur révolution. Quelques-unes d’entre elles intègrent des microcapteurs antibactériens afin d’éviter certaines maladies à ces grands champions. Dans un très proche avenir, il sera même possible d’y ajouter des microcapsules capables de délivrer automatiquement une dose de sucre via les pores de la peau pour éviter toute hypoglycémie.
Comment ces vêtements intelligents seront-ils accueillis par les instances sportives dans une discipline qui fait l’objet de tant de suspicions ?
La chaussure : un bijou de technologie
Pour un cycliste, la chaussure est fondamentale ! C’est elle qui fait la transition énergétique entre l’homme et la machine. Une chaussure de pro conjugue légèreté et rigidité. Si la tige n’est pas dénuée d’importance – c’est elle qui enrobe le pied –, l’élément majeur reste la semelle qui, pour les professionnels, est désormais en fibres de carbone. En effet, ce matériau a les qualités requises pour éviter toute dépense énergétique superflue entre la semelle et la pédale. Chaque joule fournit par le muscle est immédiatement converti en mètre sur le bitume.
Mais là ne réside pas la seule performance technologique d’une chaussure. Si elle doit faire corps avec la pédale, elle doit aussi être parfaitement solidaire du pied sans pour autant le « broyer ». Ainsi, les dernières générations de chaussures se sont affranchies des lacets qui avaient tendance à se détendre. Les nouveaux systèmes de serrage permettent de maintenir le pied afin que celui-ci soit posé au mieux durant les phases de pédalage. Ces systèmes autorisent également une capacité de serrage plus ou moins forte selon la zone du pied et offrent donc un meilleur confort. Ils sont constitués d’un fil de polyamide qui s’enroule autour d'une molette. Ce câble parcourt toute la chaussure du haut vers le bas pour un serrage uniforme. C’est le pied !
Avoir moins peur des chutes
Polymères et composites ont rendu les cyclistes et leurs machines plus performants dans des conditions de confort somme toute très appréciables. Mais qui dit plus de performances dit aussi plus de risques de traumatismes en cas de chute ou de choc. Le casque est désormais obligatoire dans toutes les compétitions cyclistes. Deux éléments principaux le constituent : la coque (en fibre de carbone, de verre ou en polycarbonate) et une mousse de protection en polystyrène qui absorbe les chocs. Ici encore, la parfaite maîtrise des techniques de fabrication permet de concevoir des casques aérodynamiques et aérés. Enfin, reste les lunettes dont la vocation n’est pas seulement d’éviter les éblouissements liés au soleil mais de protéger les yeux des poussières et insectes. Elles aussi sont maintenant fabriquées dans des plastiques comme le Pebax®, un polymère technique léger, parfaitement transparent qui ne casse ni ne jaunit.