Planète 4 min
Eco-conception : les plastiques en quête permanente de vertu
L’éco-conception, qui répond à une définition précise et assez complexe, est l’un des piliers de toute démarche qui se veut éco-responsable, et l’un des piliers de l’économie circulaire. Des matériaux eux-mêmes jusqu’à la fin de vie des produits, elle est source de plus de vertu pour les plastiques, à toutes les étapes de leur cycle de vie. Petite revue de détails.
Eco-conception : les plastiques en quête permanente de vertu
Eco-conception : les plastiques en quête permanente de vertu

L’éco-conception, enjeu majeur de l’emballage plastique

Les emballages plastique, notamment parce qu’ils sont encore dans bien des cas à usage unique, n’ont pas bonne presse. Cependant, leur efficience est telle qu’ils restent incontournables. Ils permettent de conserver les aliments plus longtemps tout en préservant leur goût et leur qualité, mais aussi en les protégeant des microbes et de toute contamination microbiologique. Parce qu’ils multiplient par trois en moyenne la durée de conservation des aliments, ils sont des atouts majeurs dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Solides et résistants aux chocs, ils transportent, stockent et protègent la multitude des denrées ou produits fragiles. Dans le secteur médical, ils garantissent la stérilité et la propreté des équipements, le tout à un prix abordable.

© Freepik

Difficile de se passer des emballages plastique tant ils garantissent de parfaites conditions de conservation. Si leur usage est encore souvent à usage unique, ils sont quasiment tous recyclables assez facilement

Résoudre la quadrature du cercle

Réduire l’impact environnemental des emballages en les faisant plus légers, réutilisables, durables, recyclables et recyclés est un vrai défi écologique mais aussi économique. Aux fabricants, en collaboration avec les producteurs de matières plastiques, de trouver des solutions efficaces et innovantes pour réduire au maximum l’impact des produits tout en préservant au maximum leurs performances.

Vieux comme le monde, le réemploi connaît une nouvelle jeunesse, notamment dans la cosmétique. Commercialisé dans un étui au design valorisant, le produit (une crème, par exemple) est contenu dans une cartouche amovible. Une fois le produit utilisé, il suffit au consommateur de ne racheter qu’une recharge qui trouvera sa place dans l’étui qu’il aura par ailleurs conservé.

© Faca

Le réemploi des emballages est dans l’air du temps. De nombreux fabricants de cosmétiques proposent désormais des éco-recharges.

Exemple parmi d’autres, la marque Asquan propose une recharge en polypropylène qui ressemble à un accordéon. Après mise en place, il suffit d’appuyer sur un petit bouton pressoir placé à l’extrémité de l’étui pour faire sortir la crème. Une fois vide, la recharge se recycle. L’espagnol Faca Packaging va même plus loin puisqu’il commercialise de magnifiques étuis en PMMA recyclé. (Pour plus d’exemples, voir notre article sur l’emballage.)

 

La bouteille d’eau est sans conteste l’emballage plastique le plus emblématique. A l’instar de nombre de ses concurrents, le fabricant autrichien d’emballages Alpla propose depuis quelques années des bouteilles en PET 100% recyclables qui contiennent déjà du recyclé (ici, 30%). Sa dernière innovation est une bouteille réutilisable et consignée pour la marque Vöslauer (voir notre interview).

 

© Alpla

L’autrichien Alpla propose désormais une gamme de bouteilles recyclables et réutilisables.

Bouchon : loin d’être un détail !

Dès le mois de juillet prochain, une directive européenne imposera aux fabricants de bouteilles d’attacher les bouchons aux bouteilles plastique afin de ne plus être jetés à part. L’objectif principal est que ces bouchons ne finissent plus dans la nature ou sur nos plages. C’est une première illustration de l’éco-conception au service de la lutte contre les déchets sauvages.
Autre avantage – plus classique – de la mesure, les bouchons désolidarisés qui, dans le meilleur des cas, passaient jusqu’ici entre les mailles du filet des centres de tri, finissaient leur vie dans des incinérateurs. Ce qui est dommageable étant donné que ces bouchons en polyéthylène haute densité (PEHD) ou polypropylène (PP) sont une ressource prisée par les recycleurs de polymères, ressource qu’ils pourront désormais récupérer.

© Freepik

D’ici juillet, tous les bouchons devront être attachés à leur bouteille. C’est loin d’être un détail, car c’est autant de bouchons en moins dans la nature et autant de bouchons en plus recyclés

L’irlandais Smurfit Kappa s’est intéressé au Bag-in-Box® mieux connu sous le nom de cubi, cette outre en polyéthylène souple munie d’un robinet et emballée dans une caisse en carton. Jusque-là, le robinet disposait d’une languette détachable pour garantir l’inviolabilité du produit. Celle-ci était le plus souvent jetée avec les ordures ménagères. L’entreprise a donc revu la conception du robinet. Elle a supprimé la languette tout en concevant un système mécanique solidaire du robinet pour garantir l’intégrité du produit. Le fabricant d’emballage a réussi à concevoir dans un même polymère (du polyéthylène) le robinet et l’outre.

Monomatériau : la quête du Graal

© Smurfit Kappa

L’irlandais Smurfit Kappa est parvenu à réinventer les robinets des cubis en se passant de la languette détachable sans pour autant mettre en péril l’inviolabilité du produit.

Plus simples à recycler, les emballages dits monomatériaux (en une seule matière) ont aujourd’hui le vent en poupe, puisqu’il n’est plus nécessaire d’en séparer les constituants. En passant au monomatériau pour son cubi, Smurfit Kappa en a facilité le recyclage. Plus besoin de désolidariser le bouchon de l’outre, l’ensemble pourra être recyclé dans le flux dédié au polyéthylène.

S’affranchir des multimatériaux en gardant les mêmes propriétés n’est pas une mince affaire, puisque chaque couche remplit une fonction barrière différente, en fonction du produit à contenir et à protéger (anti-UV, anti-oxygène, anti-humidité, etc.). Tout est une question de dosage des additifs et des charges, ou d’orientation des trames. De nombreux tests sont nécessaires pour mettre au point le bon produit et pouvoir le commercialiser.

Les innovations de l’espagnol Rotorprint sont particulièrement notables. L’an passé, il proposait à l’industrie pharmaceutique un blister totalement inédit pour emballer les gélules et les pilules. Jusqu’alors, ces blisters ne se recyclaient pas car ils étaient composés d’une feuille inférieure en PVC ou PVdC et d’une feuille d’operculage en aluminium.

Son nouveau blister est 100% PET et répond ainsi aux exigences des centres de recyclage. Il est transparent et dispose d’un système de passage qui permet à l’utilisateur d’extraire la pilule avec la même facilité qu’avec l’aluminium. Quant aux propriétés barrières (oxygène et vapeur d'eau), elles sont les mêmes que celles des blisters classiques.

© Rotorprint

L’espagnol Rotorprint a, quant à lui, réussi à se passer du traditionnel opercule en aluminium pour ses blisters de médicaments. 100% PET, celui-ci est désormais facilement recyclable.

Depuis cette année, il propose un nouveau film destiné à la fabrication d’étuis notamment pour l’industrie pharmaceutique. Jusqu’alors, ces films se composaient de plusieurs couches (aluminium, papier, polyester, polyéthylène).

Pour assurer les mêmes fonctions et garantir la même conservation des produits, Rotoprint a conçu un film composé de deux couches de polypropylène et d’une couche de polyéthylène, deux polymères issus de la même famille (les polyoléfines) donc assimilables à un monomatériau. Ce stick devrait trouver de larges débouchés dans le domaine des compléments alimentaires voire de la parapharmacie.

© Rotorprint

Toujours chez Rotorprint, décidément à la pointe de l’innovation, on s’est également intéressé aux étuis des médicaments. Les derniers-nés sont assimilables à du monomatériau et donc également recyclables.

Citons un dernier exemple avec l’allemand Rainett, bien connu pour ses produits d’entretien eco-friendly. Il est l’un des précurseurs du système de recharge (voir notre article sur le réemploi) et lançait en 2021 la première éco-recharge monomatériau fabriquée en PET recyclé. Deux ans plus tard, il intègre à ses flacons une gâchette entièrement recyclable fabriquée en polypropylène (dont près de 30% provient du recyclage). Elle ne contient aucun matériau perturbateur de tri comme des ressorts en métal, ni aucun colorant. De 18% plus légère que ses concurrents, elle allège les camions de livraison. Une démarche d’éco-conception bien comprise, qui diminue plusieurs des impacts du produit aux différentes étapes de son cycle de vie.

Cet article vous a plu ? Vous allez aimer les suivants !