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Les polymères cherchent la petite bête
La cause animale est entendue ! Pour preuve, de nombreux pays l’intègrent désormais dans leur arsenal législatif. Fondamentaux dans le domaine de la bientraitance animale, les plastiques ne sont pas en reste et permettent de sauver des vies
Les polymères cherchent la petite bête
Les polymères cherchent la petite bête

Les plastiques prennent les animaux sous leurs ailes

Les plastiques passent du coq à l'âne

Les plastiques sont largement mis à contribution pour protéger ou soigner les animaux. Certaines « inventions » ne sont pas indispensables mais sont parfois amusantes voire poétiques. D’autres, en revanche, sont nettement plus sérieuses et peuvent sauver des vies. C’est le cas des prothèses qui fleurissent un peu partout dans le monde. Dans la majeure partie des cas, on les doit à de véritables défenseurs de la cause animale et à la formidable technologie des imprimantes 3D.

Défense de casser

Une défense d’éléphant, c’est de l’ivoire, un matériau extrêmement solide… Pourtant, il arrive que cette dernière se fende au risque de casser et de lourdement handicaper le pachyderme. Surtout dans la nature, où cette incisive géante permet à l’animal de se défendre mais aussi d’arracher l’écorce des arbres dont il se nourrit partiellement. Lorsqu’il est arrivé au zoo de Birmingham au Royaume-Uni, Bulwagi, un éléphant d’Afrique, avait une défense fissurée. En quelques années, cette fissure s’est agrandie. Jusqu’alors, les soigneurs cerclaient la défense d’un anneau de laiton qui finissait par s’incruster profondément dans l’ivoire au risque d’entraîner une grave infection. Les soigneurs du zoo ont donc décidé de se rapprocher de l’université locale pour réfléchir à une solution plus satisfaisante. Après avoir analysé les forces en jeu, ils ont décidé d’appliquer une attelle en fibres de carbone pour la formidable résistance à la traction de ce matériau.

Et pour la rendre incassable, l’attelle a été à son tour enrobée de fibres de verre enduites d’une résine polyuréthane. Le résultat est à la hauteur des attentes, et Bulwagi s’est très rapidement adapté à cette nouvelle défense simplement un peu plus encombrante.

Carapace Hi-Tech pour Freddy

Freddy la tortue a survécu à un incendie au Brésil, mais il a eu tout de même très chaud ! Le feu a brûlé plus des trois quarts de sa carapace, minimisant grandement ses chances de survie. C’était sans compter sur les Animal Avengers, un groupe de vétérinaires installés à Sao Paulo et spécialisés dans le sauvetage des animaux en grande difficulté, qui ont pris la décision de reconstruire la carapace. Un pari pas gagné d’avance, mais pour mettre toutes les chances de son côté, l’équipe a été renforcée d’un designer 3D et d’un chirurgien-dentiste équipé d’une imprimante 3D servant à la confection de dentiers. Dans un premier temps, des centaines de photos de la tortue ont été prises pour mieux comprendre l’assemblage de la carapace. Cette dernière a ensuite été modélisée en différentes parties. L’idée était de pouvoir l’assembler sans gêner Freddy, et surtout en lui donnant la souplesse nécessaire pour ne pas entraver les mouvements.

La carapace a ensuite été imprimée morceau après morceau en ABS, un plastique résistant mais assez souple pour garantir une relative élasticité. Le résultat est bluffant ! La réussite fut totale. Fière du résultat, cette équipe s’est même payé le luxe de peindre la carapace polymérique dans ses couleurs d’origine.

Des polymères pour courir à nouveau comme un lapin

Décidément, les imprimantes 3D sont très largement mises à contribution ces derniers temps. La révolution est en marche et pas un secteur ne résiste à son attrait. On le sait, ces imprimantes sont capables de tout à condition de maîtriser la modélisation de l’objet à créer. Les exemples d’animaux sauvés sont nombreux, tel Beauty, un aigle pêcheur blessé à la tête par un braconnier. Lorsqu’il a été récupéré par une Américaine passionnée de rapaces, l’oiseau était mourant, défiguré et surtout dans la totale incapacité de se servir de ce qui restait de son bec pour se nourrir. Avec l’aide de la société Kinetic Engineering Group, elle a réussi, au bout de deux cents heures de travail acharné, à lui confectionner une prothèse de bec sur mesure grâce auquel il a retrouvé goût à la vie.

Et c’est à nouveau l’ABS qui a été choisi pour ses qualités. L’impression 3D est de plus en plus utilisée pour fabriquer des prothèses aux animaux blessés : après le bec de l’aigle Beauty, la carapace de Freddy, c’est Bagpipes, un pingouin, qui a redécouvert les joies de la marche grâce à une nouvelle patte entièrement imprimée, conçue à partir d’un scan 3D de sa patte valide.

 

Marier la carpe et le lapin, avec les plastiques c'est désormais possible

Les prothèses ne sont cependant pas toujours réalisées par le biais d’imprimantes 3D. Ainsi, différentes sociétés proposent des modèles pour les animaux de compagnie comme les chiens et les chats assez proches de celles confectionnées pour les humains. Différents polymères entrent dans leur fabrication : en premier lieu des polymères thermoformables comme l’ABS, connus pour leur rigidité et leur légèreté ;  également des élastomères, dont la douceur et l’élasticité sont parfaites pour réaliser les manchons ; enfin, pour les modèles les plus perfectionnés, on trouve, en guise de pied, une petite lame de carbone réalisée d’une fibre enduite d’une résine polymère pour gagner en souplesse.

 

Parce que les dauphins nous font toujours rêver, comment ne pas conclure sur le cas de Fuji, qui vit dans un aquarium japonais et est amputé à 75% de sa nageoire caudale (la queue) suite à une maladie nécrotique. Un vétérinaire s’est tourné vers Bridgestone, le plus grand fabricant de pneus au Japon, pour financer et concevoir une prothèse. Celle-ci a été conçue avec les mêmes polymères que les pneus de formule 1. Lesquels ? Difficile à dire car c’est un élément stratégique donc secret… La nageoire pèse 2 kg, mesure 48 cm et est rattachée au corps du dauphin par des boulons. Il a fallu deux ans et une dizaine de prototypes pour réaliser une nageoire artificielle assez résistante pour supporter la pression de l’eau lors des sauts et adaptée à un dauphin de 2,71 m et de 227 kg.

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