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Produits à usage unique : bien plus utiles que futiles !
Favorisés par des performances techniques et des coûts de fabrication très avantageux, les plastiques ont été le fer du succès des produits à usage unique. Une vogue aujourd’hui décriée, sauf pour les usages professionnels où la sécurité importe autant sinon plus que la dimension pratique.
Produits à usage unique : bien plus utiles que futiles !
Produits à usage unique : bien plus utiles que futiles !

Usage unique pour une multitude de service

Bien au sec avec les polymères super absorbants

Jusqu’à la cinquantaine, rien n’avait poussé Vic Mills, ingénieur chimiste chez Procter et Gamble, à s’intéresser au change des bébés. Une fois grand-père, pourtant, l’idée lui vint de le rendre plus commode pour ses petits-enfants… Et d’épargner ainsi à sa fille, les corvées de lessive! C’est ainsi qu’en 1958, avec l’accord de l’entreprise et de mamans volontaires, le premier prototype de couche jetable est testé, à Dallas. Hélas, sous l’effet de la chaleur, le plastique des couches s’avère plutôt désagréable. Après plusieurs essais et quelques perfectionnements, dès 1961, le succès est enfin au rendez-vous. Et avec lui, des concurrents qui, sur les deux rives de l’Atlantique, rivalisent d’ingéniosité.

L’ajout de polyacrylate aux fibres cellulosiques marque à cet égard une étape décisive. Ce polymère super absorbant (SAP) capable de stocker une centaine de fois sa masse d'eau sous forme de gel a permis de gagner sur tous les plans : en termes d’efficacité, bien sûr, mais aussi de taille et de confort… Il constitue désormais entre 20 et 30% de tous les produits à usage unique destinés à l’incontinence qui sont composés, par ailleurs, pour un quart d’autres polymères, comme le polypropylène ou le polyester des films non-tissés placés à l’intérieur et à l’extérieur. 
L’importance des matières synthétiques dans ces produits d’hygiène utilisés à différents âges de la vie suscite désormais des critiques quant à la gestion des déchets. Ce qui incite quelques parents à se tourner vers les couches lavables.

Pourtant, aucune étude n’a mis en évidence un intérêt autre qu’économique en faveur de ces dernières. Si les couches lavables produisent effectivement moins de déchets - bien qu’elles intègrent aussi souvent un voile non-tissé jetable - elles entrainent, en revanche, des consommations d’eau et d’énergie plus importantes. Avec le recyclage, l’avantage revient aux couches jetables… Comme en Grande-Bretagne où Versus Energy et Knowaste, deux poids lourds du secteur, ont construit la première usine de recyclage de produits d’hygiène à usage unique.

Le sac plastique, l'insoutenable légèreté de l'être

À sa naissance, au tournant des années 70, il avait tout pour réussir. La légèreté de 5g de polyéthylène souple, une capacité de charge 2000 fois plus élevée et une résistance à la dégradation inégalée… Le tout à un coût unitaire si faible que, partout, les commerçants ont fini par l’adopter… Dans les pays riches comme les plus déshérités ! 
40 ans plus tard, cet objet si familier, fabriqué en une seconde passe pour un fléau coupable de saccager les villes et les campagnes, de menacer la faune marine… Et même, en Inde, les vaches sacrées.

Un sac si léger mais tellement pesant

Une quinzaine de pays africains l’ont officiellement banni, sans grand succès. Moins laxiste, la Chine en a réduit la consommation de 70% en six mois, en 2008. En Amérique du Nord, il fait l’objet de centaines de restrictions. Comme en Europe où la plupart des pays ont imposé des mesures semblables, à l’échelon national ou local : taxation ici, interdiction ailleurs… Avant que l’Union européenne ne tente, à son tour, d’en limiter l’usage. 
Pas facile car, quand un Danois ou un Finlandais n’utilise qu'un sac en plastique à usage unique par trimestre, Français et Allemands en consomment moins de deux par semaine…  Alors qu’on en distribue encore plus d’un par jour et par citoyen dans la plupart des pays d’Europe centrale ainsi qu’à Chypre et au Portugal.

Finalement, seuls les gros consommateurs seront concernés par la nouvelle directive européenne adoptée en 2015. Elle enjoint, en effet, aux Etats membres de prendre des mesures pour limiter la consommation annuelle à 90 sacs par personne avant 2020, et à 40 sacs avant 2026… Ou, à défaut, de les rendre payants, avant 2019. 
Mais certains pays se montrent beaucoup plus ambitieux, comme la France qui vient de décider l’interdiction des sacs de caisse en plastique dès 2016… Et, même celle, plus problématique, dès 2017, des sacs en plastique très fins que l’on retrouve au rayon poissonnerie, fruits et légumes ou encore, boucherie...

La biodégradation, une solution ?

L’alternative offerte par les polymères biosourcés est encourageante, même si elle soulève encore des difficultés. Outre leur prix, plus élevé, leur biodégrabilité peut s’avérer gênante en présence d’humidité. Par ailleurs, ces plastiques certifiés biodégradables ne peuvent se dégrader, pour l’heure, qu’au sein d’usines de compostage, à une température de 57°C et un taux d’humidité d’au moins 90%... On est loin des conditions du compostage domestique, au fond du jardin, exigées bientôt en France pour l’utilisation de sacs plastiques ultra fins pour produits frais. 
Très en pointe dans le domaine des plastiques biosourcés, grâce à la société Novamont, l’Italie a préféré, quant à elle, soutenir cette production en encourageant la distribution de sacs de caisse compostables pour le recyclage des déchets ménagers organiques. Problème cependant ! Rempli de déchets humides un peu trop longtemps, le « sac poubelle de caisse » réserve parfois des désagréments.

Dans ce contexte, les progrès de la société Carbios dans le domaine des plastiques à biodégradation programmée pourraient bien rebattre les cartes. D’autant plus que sa technologie basée sur l’intégration d’enzymes dans les polymères ne concerne pas seulement les plastiques biosourcés comme l'acide polylactique (PLA). Testé avec succès sur le polyéthylène (PET), le procédé se rapproche du stade pré-industriel. Avec, à la clé, la perspective de contrôler la biodégradation de plastiques issus du carbone fossile ou végétal.

Le plastique s'invite à la table

La lutte contre les nuisances du sac plastique fait des victimes collatérales. Déjà frappés d’une taxe « pique-nique » de 20%, en Belgique, en 2007, la vaisselle et les couverts en plastique inaptes au compostage à domicile seront interdits de séjour en France en 2020. Cette décision revient à imposer, de fait, l’usage d’ustensiles fabriqués dans des matériaux biodégradables, comme le carton ou le bois voire le bambou, mais dont le prix et le bilan environnemental sont bien moins avantageux…  Ou sinon, à faire la plonge de la vaisselle réutilisable après les parties de campagnes ou les anniversaires.
Difficile en revanche, dans les autres occasions, de limiter l’usage des produits à usage unique. Lors de la pause-café, pour déjeuner sur le pouce, à l’hôpital ou en avion, ils s’imposent pour des raisons pratiques ou par mesure d’hygiène. Et parfois, pour des raisons de sécurité, comme dans les établissements pénitentiaires.

Sur ce créneau où le volume de déchets est important mais concentré, la préférence pour des ustensiles biodégradables est un contre-sens économique et écologique. Surtout, en l’absence de filière de compostage. Quitte, à valoriser les déchets, il est plus judicieux de les recycler ! C’est ce que suggère l’ONG américaine Natural Resources Defense Council, dans son dernier rapport sur les déchets. La présence importante - pour un quart environ - de polyéthylène et de polypropylène, dans les ustensiles fournis par la restauration rapide constitue un gisement de matières recyclables très recherchées dans les pays qui disposent d’infrastructures de recyclage… Quant à la collecte, elle est facilitée par la concentration des déchets sur les lieux de consommation.

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