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Les plastiques côté jardin
Qu’il est loin le temps où, dans nos jardins, les plastiques étaient cantonnés au mobilier bas de gamme ! Aujourd’hui, pour les amoureux des espaces verts, ces matériaux ont bien souvent une forte connotation technologique et une image résolument tendance.
Les plastiques côté jardin
Les plastiques côté jardin

Les polymères aux petits oignons pour les jardiniers

Les européens, rois du jardinage

Depuis maintenant une vingtaine d’années, le marché du jardin amateur est en progression régulière en Europe, et est même devenu un marché si mature qu’il intéresse au plus haut point les statisticiens européens. Ainsi, on apprend que les Anglais sont de grands amateurs de jardin puisqu’ils sont plus de 80% à en posséder un, contre 70% pour les Français. En comparaison, les Espagnols ne seraient que 34%. Pour autant, ces chiffres viennent s'opposer à d’autres statistiques, bien plus révélatrices, qui concernent le temps que nous consacrons à cet espace vert personnel. Les Français et les Allemands, quand le temps le permet, profitent plus de leur jardin (à respectivement 82% et 78%) que les Espagnols (64%) et les Anglais (62%). Si, pour les Espagnols, il constitue un des « lieux essentiels de bien-être, de rencontre et de partage », les Anglais le perçoivent comme un espace « bien adapté aux loisirs familiaux ».

Plus étonnant, alors que les Allemands le voient comme un « lieu décoratif avant tout », les Français le considèrent comme une « pièce supplémentaire ». Des chiffres qui nous permettent de mieux comprendre pourquoi les fabricants d’articles de jardin ne se reposent pas sur leurs lauriers et cherchent toujours à innover pour rendre encore plus agréable ce loisir qui a décidément la cote en Europe.

Au départ un mariage de raison

L’histoire d’amour entre les plastiques et les jardins ne date pas d’hier. Comme dans bien des cas les objets en plastique ont commencé à s’imposer dès l’immédiat après-guerre. On s’en doute, au départ il n’était pas question de haute technologie mais plutôt d’économies. Ainsi, un simple arrosoir a vu son coup de fabrication (et donc son prix de vente) substantiellement diminuer lorsqu’il est passé de l’acier galvanisé au PEHD. C’est aussi pour cela que sont apparus les pots, les bacs en tout genre, les bordures de séparation… Et puis, la demande devenant de plus en plus forte, les fabricants les plus pointus se sont intéressés d’un peu plus près aux formidables qualités des polymères. Dès les années 1970, ils ont développé de nouvelles générations d’outils qu’il aurait été impossible de concevoir sans les matériaux issus du plastique, comme le Xenoy®, un polyester réputé incassable qui équipe les carters des tondeuses à gazon professionnelles.

Peu après, les industriels ont trouvé de nouvelles méthodes de recyclage pour fabriquer, à partir de bouteilles de lait usagées par exemple, des bacs à compost ou des cuves pour récupérer l’eau de pluie. Depuis, la dynamique n’a jamais cessé…

Arrosage : les bons tuyaux en plastiques

Ce n’est pas un secret, la nature a besoin d’eau. En période sèche, pour éviter de voir le gazon jaunir ou les laitues flétrir, il n’y a qu’un seul remède : l’arrosage. C’est là que les choses se compliquent. Après quelques mois d’inutilisation, le tuyau d’arrosage, généralement stocké au bout du jardin, ressemble à un grand plat de spaghettis. Une fois démêlé, les ennuis ne sont pas terminés car il y a de fortes chances que ce tuyau soit vrillé. Il faudra donc le dérouler et l’étirer au maximum. Et pendant ce temps-là, les tomates ont la pépie. Heureusement, les temps ont changé… Les tuyaux modernes ont résolu ces problèmes en superposant jusqu’à cinq couches de polymères aux propriétés bien particulières. Un tuyau est désormais un produit technique à très forte connotation technologique. Certes, cette nouvelle génération est beaucoup plus onéreuse que les simples tuyaux vinyliques mais elle a la réputation d’être inusable. Il faut donc l’envisager comme un investissement.

 

 

Les tuyaux haut de gamme sont donc constitués d’une superposition d’au moins cinq couches de différents plastiques. Pourquoi tant de polymères ? Parce que chacun d’eux a une fonction bien précise. La tresse interne de polyester, voire de carbone, empêche tout vrillage ; la texture soyeuse du PVC permet une bonne prise en main et de bien glisser sur l’herbe du jardin ; un revêtement en polycarbonate est gage de durée ; le caoutchouc confère une bonne flexibilité… A cela s’ajoutent des traitements anti-algues et anti-UV. Notons que, pour satisfaire pleinement les normes alimentaires, ces tuyaux sont fabriqués à partir de polymères qui excluent les métaux lourds et les phtalates. Certaines marques comme l’allemand Gardena vont même encore plus loin dans l’innovation en équipant leurs tuyaux d’une bande crénelée, elle aussi en plastique, pour garantir une parfaite jonction entre le tuyau et le raccord d’arrosage et en finir ainsi avec ces irritantes microfuites gaspilleuses d’eau.

© Gardena

 

Connecting tuyaux

 

Non, les tuyaux d’arrosage ne font pas encore partie des objets connectés. Quoi que… les plus geeks des jardiniers trouvent désormais des petits objets, qui placés au pied de leurs plantes préférées transmettent, via un simple smartphone, toutes les indications nécessaires au bon épanouissement des plantations : taux d’humidité de la terre et de l’air, ensoleillement… Si ce système est plutôt efficace pour les plantes d’appartement, on conçoit très bien qu’il le soit moins pour le jardin.

© Parrot

 

 

Ceci étant dit et pour en revenir au tuyau d’arrosage, le meilleur tuyau du monde n’est rien s’il n’est pas correctement connecté au réseau d’eau. Dans le domaine des raccords, le laiton a longtemps été le matériau de prédilection, avant tout parce qu’il ne rouillait pas. Ces raccords, bien qu’efficaces, étaient somme toute assez simplistes. Une fois installés par un système de collier de serrage, il fallait sortir la trousse à outils à chaque changement d’accessoires – buse, arroseur, prolongateur… L’arrivée des plastiques a changé la donne. Aujourd’hui, les raccords haut de gamme sont eux aussi de véritables bijoux techniques. A l’instar des tuyaux, ils sont conçus à partir de différents polymères, dont des élastomères pour une meilleure préhension et donc une meilleure manipulation.

 

Grâce aux ingénieux systèmes de ressorts, une simple traction suffit à les connecter sur un robinet ou sur un accessoire en garantissant une parfaite étanchéité. Et, cerise sur le gâteau, ils sont bien souvent d’un design flatteur car le beau fait aussi partie des exigences des jardiniers amateurs.

Droit et beau dans ses bottes

 

Cette exigence concerne aussi les vêtements et autres chaussures. Comme les sportifs, les jardiniers du dimanche veulent des tenues confortables, adaptées à leurs besoins et… qui soient belles. Le marché est tel que les fabricants y attachent désormais une grande importance. Et c’est bien dans la large palette des plastiques qu’ils viennent puiser les nouveaux matériaux qui entrent dans la composition de ces vêtements que l’on peut sans rougir qualifier de techniques. Les plus avancés dans ce domaine sont les fabricants de bottes et autres sabots. Si les tiges sont, tout du moins sur les chaussures haut de gamme, en caoutchouc naturel, les semelles sont généralement composées d’un mélange de PVC et de caoutchouc synthétique entrant souvent dans la composition de gants pour sa grande souplesse.

 

Et pour cause, concevoir une bonne semelle est tout un art, elle doit être parfaitement isolante, assez souple, robuste et adhérer aux sols gras les plus pentus. Ainsi, les fabricants ont conçu des structures en nid-d’abeilles pour garantir un grand confort et une importante souplesse. Quant aux crampons, ils font l’objet de nombreux tests pour assurer une forte adhérence sur tous les terrains. Et quelle que soit la complexité de leur dessin, leur mise en production n’est pas un problème tant les plastiques se moulent facilement.

Pour être sûr d'avoir la main verte

Pour être sûr d’avoir la main verte

Il n’y a pas que les pieds qui sont chouchoutés. Un jardinier travaille généralement avec ses mains, et il lui est donc impératif de les protéger. Jusqu’à peu, seul le cuir garantissait une protection maximale face aux agressions des épines. Seul inconvénient, ce matériau empêche toute sensation de toucher, ce qui est un problème lors des opérations de désherbage manuel où il faut attraper la « mauvaise herbe » à la base pour arracher la racine. Cependant, depuis quelques années, dans le monde du gant de jardin, c’est la révolution ! Et on la doit aux caoutchoucs synthétiques, des matériaux souples et élastiques, aux polyamides et aux polyesters, pour leur résistance à l’abrasion, et même à l’indéchirable kevlar. Bref, on trouve dans les catalogues des fabricants de gants de jardin plus d’une dizaine de matériaux différents. De quoi satisfaire tous les besoins…                                          

© Rostaing

 

 

Ajoutons que le polycarbonate, un plastique ultrarésistant aux chocs et à la déformation, a lui aussi dernièrement fait son entrée dans ce domaine sous la forme d’une coque intégrée au-dessus du gant. C’est aujourd’hui la meilleure solution pour protéger les mains lors de l’utilisation d’une tronçonneuse dont les retours de chaîne peuvent avoir des conséquences catastrophiques.

Une autre paire de manche

Les pieds au sec et les mains protégées, il n’y a plus qu’à s’y mettre. Crac ! Tous les jardiniers ont connu ça au moins une fois dans leur vie : en plein bêchage, le manche casse. Si les plus prévoyants ont toujours une ou deux bêches en réserve, ce n’est pas le cas de la majorité. Ce n’est certes pas bien grave, en revanche cela peut devenir carrément dangereux quand il s’agit du manche d’une pioche ou d’une masse. C’est l’inconvénient des manches en bois : fragiles, ils cassent souvent sans prévenir. On fabrique donc désormais des manches de qualité dans des métaux comme l’aluminium ou l’acier. Mais ce n’est pas encore la panacée car ils ont le défaut de leurs qualités : le robuste acier est très lourd et le léger aluminium a tendance à se déformer. Les fabricants des outils les plus haut de gamme se sont donc naturellement tournés vers les matériaux composites plus spécifiques, comme le polypropylène renforcé de fibre de verre.

© Fiskars - Leborgne

Résultat, ces manches sont incassables ! Mais ce n’est pas tout, grâce à leurs capacités de moulage des composites, ils sont aussi devenus ergonomiques. Ainsi, les manches d’outils dangereux disposent désormais d’un renflement en extrémité pour éviter que l’outil n’échappe des mains après un choc. Enfin, ils sont gainés d’une couche d’élastomère pour permettre une très bonne préhension, même mouillés, et éviter bien des ampoules. Pour finir, certaines marques ont conçu des systèmes de « clips » pour permettre d’interchanger les outils. Le même manche s’adapte désormais à une fourche, une bêche, une pelle…

Increvable !

© John Deere

Pour un jardinier, tondre la pelouse est certainement la pire des corvées. Malheureusement, les polymères n’ont pas encore trouvé le moyen de s’en affranchir. En revanche, ils peuvent la rendre moins fastidieuse ou tout du moins en faciliter la tâche. Le français Michelin a mis au point un pneu révolutionnaire pour les tondeuses autoporteuses. Un pneu increvable puisqu’il ne contient pas d’air ! Rien à voir avec une roue de charrette, c’est même tout le contraire tant ce pneu a nécessité de temps pour sa mise au point. La clé de ce développement est la maîtrise de nouveaux matériaux composites (on n’en saura hélas pas plus…) entrant dans la composition des rayons. Ils assurent la même flexibilité que l’air comprimé et la même résistance à la torsion que les flancs d’un pneu conventionnel.
Bon, si ce pneu est increvable, ce n’est pas toujours le cas du jardinier. Après tout cela, il aura bien le droit de profiter un peu de son jardin le temps d’une petite sieste.

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