Au quotidien 4 min
Les plastiques au cœur de la tempête
La nature nous rappelle régulièrement qu’elle peut être terrible quand elle se déchaîne. Tsunamis, séismes, cyclones… autant de phénomènes brutaux et pas toujours prévisibles. Pour y faire face, des solutions existent et, parfois, c’est sur les polymères qu’elles reposent.
Les plastiques au cœur de la tempête
Les plastiques au cœur de la tempête

Les plastiques dansent la tectonique

Prévenir plutôt que guérir

L’homme est bien impuissant quand la nature se met en colère, par exemple lorsque survient un tremblement de terre. Si le mécanisme de ce phénomène est bien connu et que l’on sait surveiller les zones à risque, on ne sait pas en prévoir la date, et encore moins l’empêcher. Un séisme est une secousse plus ou moins violente qui se produit lors de la rupture d’une faille terrestre. En cassant, la faille émet une onde de choc qui se propage jusqu’à la surface. La célèbre faille de San Andrea en Californie est ainsi truffée de sismographes. On sait que l’énergie s’y accumule depuis plus d’un siècle et qu’un jour elle se libérera avec la puissance de plusieurs dizaines de milliers de bombes atomiques de type Hiroshima. Un tremblement de terre peut être continental, mais la plupart ont lieu dans les failles océaniques. Selon sa puissance et la distance qui le sépare du continent, il peut être à l’origine de tsunamis dévastateurs. Le mieux que les hommes puissent faire est d’anticiper les dégâts matériels et humains et, quand c’est possible, évacuer la population avant la catastrophe.

 

Phénomène pourtant bien connu, il nous est encore impossible de prévoir avec précision la date d’un tremblement de terre.

 

Les fondations des grandes constructions parasismiques reposent très souvent sur une couche d‘élastomère capable d’amortir les vibrations en cas de séisme.

Séismes : les polymères ont la tremblote

Pendant un tremblement de terre, les constructions peuvent être violemment ébranlées. Selon l’intensité et la durée des secousses, les structures non parasismiques peuvent subir des dommages importants, voire s’effondrer.

La parade est de les rendre élastiques pour amortir les vibrations et éviter l’effet de résonance.

Les immeubles, les tours de bureaux par exemple, reposent le plus souvent sur des pieux de béton dont la surface de contact avec le bâtiment est garnie d’une épaisse couche d’élastomère.

Ce polymère élastique est capable de supporter de lourdes charges sans casser. En cas de séisme, l’édifice, ouvrage d’art – pont, par exemple – ou immeuble, tremble mais ne s’effondre pas.

Une autre solution, réservée à l’habitat individuel, repose sur la construction de structures ultralégères. Ainsi, au Japon, pays particulièrement exposé aux tremblements de terre, on trouve des villages entiers de dome houses, sortes de  maisons rondes conçues pour résister aux secousses. Elles ne pèsent que 80 kg et sont composées de différents éléments de polystyrène expansé, un polymère souple capable d’absorber les ondes de choc, donc de réduire quasiment à néant le risque d’effondrement.

Peu onéreuses et surtout modulables, ces maisons rencontrent un certain succès dans ce pays. Outre leurs capacités parasismiques, elles ont une forme aérodynamique qui leur donne une excellente prise au sol pour les protéger des typhons, également courants dans la région.

De plus, comme la quasi-totalité des plastiques, le polystyrène est insensible à la moisissure, à la rouille ou encore aux termites.

 

Les dome houses sont des maisons japonaises entièrement conçues à partir de différents polymères et capables de résister aux séismes ou encore aux ouragans.

Des habitats d’urgence 100% plastique

Les maisons individuelles en plastique ne sont finalement pas si nouvelles, mais elles étaient jusqu’alors plutôt destinées à l’habitat d’urgence. Il y a quelques années la Fondation Ikea, en partenariat avec le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), a conçu et produit plus de 30 000 abris destinés aux réfugiés de guerre ou aux victimes de catastrophes naturelles. Livré en kit, l’abri se monte en à peine quatre heures. Pour cela, « la maison » s’articule autour d’une structure métallique, comme celle que l’on trouve pour une classique tente canadienne, dans laquelle s’insèrent des plaques de plastique. Difficile de connaître la nature du polymère, mais il s’agit probablement d’un plastique assez courant qui allie légèreté et solidité. D’une vingtaine de mètres carrés, ces maisons sont équipées de panneaux solaires pour produire de quoi s’éclairer. Leur durée de vie est de trois ans, soit dix fois plus que celle des habituelles tentes en toile. A l’époque, c’est ce qui avait séduit le HCR. Cette conception permettait un gain de confort pour les réfugiés et, à moyen terme, une certaine économie.

Le néerlandais DSM a travaillé de son côté sur un concept d’abri d’urgence assez proche. Ici, pas question de kit, puisque l’industriel a mis au point une broyeuse/extrudeuse fonctionnant à l’énergie solaire et capable de fabriquer sur place des plaques destinées aux abris. Ces dernières sont extrudées à partir de plastiques recyclés, comme le polyéthylène téréphtalate (PET), le polypropylène (PP) ou encore le polyéthylène (PE) préalablement broyés. Cette solution est particulièrement intéressante dans les pays, souvent les plus pauvres, où la collecte et le recyclage ne sont pas toujours (ou pas encore) un sujet d’actualité.

Ouragans : les plastiques soufflent la solution

Cyclones, ouragans, tempêtes sont aussi la cause de dégâts considérables, notamment sous les tropiques. Pour prévenir ces dégâts, il existe quelques solutions. L’objectif ici encore n’est pas d’empêcher de telles catastrophes mais plutôt de sauver un maximum de vies et de protéger « au mieux » les édifices.

 

Le polybutyral de vinyle est un excellent polymère pour permettre à des fenêtres d’affronter en toute sérénité le plus violent des cyclones.

Le secret d’une maison résistant à des vents violents repose avant tout sur son herméticité. En effet, si le vent parvient à s’y engouffrer, il ne cherchera qu’à en sortir quitte à faire voler en éclats la toiture. Il faut donc à tout prix l’empêcher d’entrer : pour cela, des volets hermétiquement clos sont indispensables. Si l’on en trouve en acier ou en bois, le PVC reste l’un des meilleurs choix, car il est assez souple pour pouvoir plier sans casser. Son seul problème jusqu’alors était sa moins bonne résistance aux impacts que les autres matériaux. Il faut savoir qu’une simple noix de coco peut voler à plus de 200 km/h lors d’un cyclone. Un bel obus ! Les fabricants proposent désormais des modèles renforcés par des feuilles d’aluminium qui viennent s’insérer dans les lames. Il existe également des vitres antiouragans. Dans les faits, il s’agit de vitres feuilletées. On colle entre deux couches de verre une feuille de PVB (polybutyral de vinyle), un polymère parfaitement transparent, donc invisible, qui permet de rendre le verre quasi incassable en cas d’impact.

 

Cet article vous a plu ? Vous allez aimer les suivants !
  • Le plastique contre vents et marées
    Au quotidien 4 min
    Le plastique contre vents et marées

    Matériau étanche par excellence, le plastique est particulièrement utilisé pour contenir toutes sortes de liquides. Si les bouteilles, les flacons et autres bidons viennent spontanément à l’esprit, le...

  • OLEO, cette éponge qui nettoie les marées noires
    Paroles d'expert 3 min
    OLEO, cette éponge qui nettoie les marées noires

    Rencontre avec les chercheurs américains Seth Darling and Jeff Elam de l’Argonne National Laboratory et codécouvreurs d’Oléo....

  • Barrières anti-inondation
    En bref 2 min
    Barrières anti-inondation

    Comment bien se protéger contre les inondations et suffisamment à l’avance ? Habituellement, il faut énormément de temps pour ériger des barrières de protection avec des sacs de sable, parfois telleme...