Planet Solar, le plus grand bateau solaire du monde
Seul avec son rêve
Au départ, il était seul …
C’est en 2004 que le grimpeur suisse Raphaël Domjan pense à réaliser le 1er tour du monde en bateau solaire.
A cette époque, ce n’est pas encore à la mode et il va devoir convaincre les futurs sponsors et les écoles.
Pour ce faire, il réunit et motive une équipe de passionnés prête à le suivre dans cette aventure. « Au début, j’étais seul, je n’avais que mon rêve pour convaincre ».
Aujourd’hui, plus de 100 personnes travaillent à travers le monde pour le projet Planet Solar.
Leur pari : réaliser un bateau innovant et futuriste, propulsé par une motorisation silencieuse et non polluante, exclusivement alimentée par des énergies renouvelables, dans le but de faire évoluer les mentalités et la technologie des véhicules hybrides.
Une volonté qui passe par des développements de matériaux et de structures plastiques composites, ou encore par la production et le stockage d’énergie photovoltaïque.
Un bijou de technologies futuristes... et composites
Du travail de cette équipe réunissant physiciens, ingénieurs, constructeurs navals et spécialistes de la protection de l’environnement est né Turanor Planet Solar (Turanor est tiré du Seigneurs des Anneaux et signifie « pouvoir du soleil »), un catamaran révolutionnaire.
Mesurant 31 mètres de long et 15 mètres de large, le catamaran en fibre de carbone, résine plastique, cœur de mousse, pèse 85 tonnes et atteint une vitesse d’environ 7,5 nœuds (15 km/h).
Le bateau navigue grâce à l’énergie solaire fournie par 536 mètres carré de panneaux photovoltaïques. Et lorsque le soleil se couche, Planet Solar continue à naviguer de nuit, grâce à des batteries au lithium lui permettant d’emmagasiner le surplus d’énergie accumulé durant la journée.
Comme le souligne son initiateur, Raphaël Domjan, « le projet Planet Solar représente avant tout une formidable occasion de faire avancer la recherche scientifique et démontrer qu’aujourd’hui, la technologie est déjà disponible pour concevoir des moyens de transport plus soucieux de l’environnement ».
Une consommation minime
Planet Solar n’est pas le premier navire à faire confiance à ce type d’énergie, beaucoup d’autres bateaux ont des panneaux solaires, mais qui fournissent de l’énergie pour des tâches auxiliaires, comme l’éclairage. A bord du catamaran, du moteur à l’allume cigare, tout fonctionne grâce au soleil.
Avec ses 825 panneaux solaires (38 000 cellules solaires photovoltaïques), Planet Solar consomme autant qu’un scooter.
L’énergie produite à partir de l’énergie solaire est stockée dans 6 blocs comprenant chacun 12 batteries constituées de 648 cellules utilisant la technologie lithium-ion.
En composite sinon rien...
Ce géant est cependant extrêmement léger grâce à sa structure en matériau plastique composite.
20,6 tonnes de fibre de carbone, 23 tonnes de résine époxy et 11,5 tonnes de mousse en PVC haute densité ont permis de réaliser une structure robuste, capable de supporter le poids des panneaux solaires, tout en demeurant légère.
Tous les efforts des chercheurs ont été concentrés pour alléger le plus possible le poids du bateau : ainsi, la coque, réalisée au chantier naval Knierim Yachtbau de Kiel, est composée d’un sandwich carbone/résine de 4 mm, les 2 hélices, d’un diamètre de presque 2 mètres chacune, sont également en carbone.
Toutes les dernières avancées technologiques en matière de construction marine composite sont concentrées dans la réalisation du projet.
Un baptême réussi
Planet Solar a effectué sa première mise à l’eau avec succès le 31 mars dernier à Kiel, au nord de l’Allemagne.
Une grue de 110 mètres de haut prévue à cet effet, a soulevé les 85 tonnes du gros bébé marin pour lui faire tremper délicatement les pieds dans la Mer Baltique, un peu froide à cette période de l’année...
Prochaine étape : un tour du monde en 160 jours
Le Turanor Planet Solar lèvera l’ancre courant 2011 pour accomplir un périple de 50.000 kms.
Il partira de la mer Méditerranée pour rejoindre l’Atlantique, le Canal de Panama, le Pacifique et l’Océan Indien. Avec à son bord 2 skippers, son « papa » (ou « son concepteur ») et Gérard d’Aboville, premier navigateur français à avoir traversé à la rame l’Atlantique et le Pacifique.
Garder le chemin le plus proche de la source d’énergie, tout en évitant les courants, les vagues et les vents contraires, tel est le défi !
Il s’arrêtera à Hambourg, Londres, Paris, NYC, SF, Singapour ou encore Abu Dhabi.