Au quotidien 6 min
Les plastiques mettent les petits plats dans les grands
Avez-vous déjà scruté à la loupe votre cuisine ? Allez-y, ouvrez les placards, le réfrigérateur et même le four. N’êtes-vous pas surpris par le nombre d’objets en plastique qui s’y trouvent ? Vaisselle, ustensiles, moules, casseroles, boîtes de conservation, etc. Mais ce n’est pas tout ; regardez d’un peu plus près et vous réaliserez que les plastiques se sont aussi imposés du sol au plafond : meubles, luminaires, revêtements de sol, etc.
Les plastiques mettent les petits plats dans les grands
Les plastiques mettent les petits plats dans les grands

Des plastiques pour garantir la chaîne du froid

Chaîne du froid : tous concernés 

La chaîne du froid consiste à assurer le maintien constant des aliments réfrigérés ou surgelés à une température basse – positive ou négative selon le cas. Ce processus permet de conserver les qualités hygiéniques, nutritionnelles et organoleptiques des produits, du lieu de production jusqu’à la cuisine. Pourquoi est-il important de ne jamais la rompre ? Tout simplement parce que le froid limite, voire arrête la prolifération des micro-organismes qui peuvent être à l’origine d’intoxications alimentaires. La législation européenne impose aux acteurs des différentes filières alimentaires de respecter les températures prescrites par la réglementation lors du stockage, du transport et de la distribution. En revanche, elle n’impose rien au dernier acteur de cette chaîne : le consommateur.

Le transport : maillon clé

Cela peut paraître une évidence, mais c’est bien lors du transport que vous risquez de rompre la fameuse chaîne du froid. En effet, son efficacité dépend non seulement de la température de réfrigération mais également du maintien de celle-ci à un niveau homogène. Il n’y a rien de pire pour un aliment que de voir sa température faire le yo-yo ! Bien entendu, les professionnels de l’agroalimentaire et du transport mettent tout en œuvre pour garantir un maintien à température constante, du centre de production aux rayons des magasins. Mais là où le bât blesse, c’est généralement entre le magasin et le domicile où il peut se passer quelques heures avant que les denrées rejoignent le réfrigérateur ou le congélateur. Heureusement, une fois encore, les plastiques viennent au secours des consommateurs.

Sac isotherme : une base pas si basique

Ils font désormais partie de notre quotidien. Dans bien des logements, ils s’empilent et l’on n’y prête même plus attention. Et pourtant… Bien que devenu banal, le sac isotherme est relativement récent et fêtera cette année son trentième anniversaire. Invention américaine, il ne lui faudra que quelques années pour s’imposer dans toutes les chaînes de distribution de produits alimentaires. Si le concept est simple – garantir le maintien de la température des produits qu’il contient pendant au moins deux heures –, sa fabrication ne l’est pas pour autant. Trois polymères sont nécessaires à sa conception : l’extérieur est un polyester métallisé qui renvoie les rayons du soleil, l’âme centrale est constituée d’une mousse de polyéthylène, et enfin, sa doublure interne est un voile de polyéthylène blanc de qualité alimentaire. Avouez-le, vous regarderez désormais différemment ce qui n’était alors qu’un simple sac.

Pour la petite histoire, la qualité isotherme de ce sac fait qu’elle permet aussi de garder au chaud les aliments. Ainsi, le premier à s’emparer de cette invention fut une chaîne américaine de distribution de pizzas.
Certains sacs poussent même encore plus loin la technologie puisqu’ils sont enrichis d’un gel eutectique – un méthyl cellulose sodique la plupart du temps – pris en sandwich dans la structure interne, lequel gel, une fois réfrigéré, double le temps de conservation des aliments. Il est particulièrement adapté au transport des marchandises hautement sensibles comme la viande, les charcuteries ou les produits au lait cru, par exemple. Ce concept de sac trouve d’importants débouchés dans le transport des médicaments devant impérativement être conservés au froid. Ainsi, grâce à eux, des vaccins peuvent être livrés un peu partout dans le monde sans utiliser de transports frigorifiques.

La glacière a de beaux restes

On aurait pu croire que ces nouveaux sacs allaient tuer la fameuse glacière. Loin s’en faut ! Les glacières ont su elles aussi évoluer. Ce ne sont plus ces caissons de plastique encombrants et lourds. Les glacières modernes sont désormais souples et légères. Si le principe reste sensiblement le même que celui des sacs isothermes, elles sont dans la majeure partie des cas constituées de polystyrène, un matériau parfaitement isolant, très léger et qui lui confère une certaine rigidité. Quant à sa face extérieure, elle est garnie d’un tissu synthétique de type polyamide sur lequel sont cousues des anses et des bandoulières pour faciliter le transport. Les modèles les plus modernes prévoient même un compartiment indépendant prévu pour recevoir les blocs de gel eutectique. Ce n’est pas une coquetterie, car il est fortement conseillé de ne pas mettre ces blocs en contact avec les aliments pour ne pas risquer de les congeler.

Ces plastiques qui conservent

Le transport des aliments n’a plus de secret pour vous. Vous savez maintenant comment vous y prendre pour ne jamais rompre la chaîne du froid. C’est bien, mais ce n’est hélas pas suffisant pour garantir la sécurité sanitaire de vos aliments. En effet, une fois chez vous et dès que vous aurez sorti les aliments de leurs emballages, les bactéries vont peu à peu faire le travail… Ce n’est pourtant pas une fatalité. Vous ferez idéalement barrage à leur prolifération en isolant les aliments de la lumière naturelle et de l’air… Mais, voilà qui n’est pas si simple ! Certes, dans un réfrigérateur, la lumière naturelle n’entre pas, mais l’air est libre de circuler à sa guise. Et puis, un frigo bien garni est un formidable lieu de rencontre pour bactéries en tout genre. Le must est donc de maintenir les aliments sous vide d’air. Peu généralisées, il existe sur le marché des machines capables de faire le vide d’air entre deux couches d’un film plastique en polypropylène. Efficace mais onéreux ! Alors que faire ?

Le génie du mister tupper

Pour beaucoup, le Tupperware® est quasiment un nom commun. Cette boîte en plastique allait révolutionner la façon de faire de celles que l’on nommait encore « les ménagères ». En 1946, Earl Tupper, un ingénieur chimiste, met au point une boîte en polyéthylène destinée à améliorer la conservation des aliments. Trois ans plus tard, il peaufine son invention en y adjoignant un couvercle hermétique. Le Tupperware® était né et la révolution était en marche ! Ce sera un succès phénoménal dans la majeure partie des pays développés. Et, comme toujours, les bonnes idées sont rapidement copiées. Ce sera pour l’entreprise une course à l’innovation permanente pour garder son avance. Avec le temps, ces boîtes se colorent, s’agrandissent, s’allongent, etc. À chaque aliment, sa boîte… Le marketing a encore frappé, mais il faut reconnaître qu’elles sont particulièrement efficaces en faisant barrière à l’air.

Quant à leur composition – pour la plupart à base de polypropylène ou de polyéthylène basse densité – il va de soit qu’elle respecte de façon draconienne les normes les plus sévères.

Des emballages de plus en plus intelligents

On connaît déjà depuis quelques années ces emballages dits à atmosphère modifiée qui permettent d’allonger considérablement le temps de conservation d’aliments aussi « fragiles » que la viande ou la salade. La technique est simple : il s’agit de réduire le taux d’oxygène en enrichissant en azote et/ou en co2 l’air contenu dans ces emballages parfaitement hermétiques. C’est un premier pas et certainement pas le dernier puisque la recherche se poursuit activement et il semblerait bien que les consommateurs que nous sommes n’ayant plus longtemps à attendre pour voir se généraliser de nouveaux emballages réellement intelligents.

 

Leur principe est de préserver la qualité des produits en maintenant ou en créant des conditions adaptées à leur conservation. Pour ce faire, des systèmes actifs sont ajoutés aux emballages. Ce sont généralement des microcapsules incorporées directement dans le milieu parfaitement hermétique de l’emballage. Elles empêchent la formation des gaz qui endommagent le produit, ou bien libèrent des agents conservateurs ou antioxydants. Les emballages actifs se classent ainsi en deux grandes catégories : les absorbeurs qui retirent les éléments indésirables (par exemple les absorbeurs d’oxygène ou d’odeurs, ou les régulateurs d’humidité). Les relargueurs qui introduisent des éléments bénéfiques à l’ensemble produit-emballage comme, par exemple, les agents antimicrobiens, dont le rôle est de ralentir la pousse de micro-organismes.

Cet article vous a plu ? Vous allez aimer les suivants !
  • Tempérament de feu pour les polymères
    Au quotidien 5 min
    Tempérament de feu pour les polymères

    28/02/17 Les plastiques ne feraient pas bon ménage avec les fortes températures ! Les idées reçues ont la vie dure et sont souvent injustes. En effet, certains polymères se complaisent dans la chal...

  • Les plastiques au cœur de la tempête
    Au quotidien 4 min
    Les plastiques au cœur de la tempête

    La nature nous rappelle régulièrement qu’elle peut être terrible quand elle se déchaîne. Tsunamis, séismes, cyclones… autant de phénomènes brutaux et pas toujours prévisibles. Pour y faire face, des s...

  • Quand les plastiques se font anges-gardiens
    Au quotidien 4 min
    Quand les plastiques se font anges-gardiens

    Soldats, policiers, pompiers… font certainement partie des métiers les plus exposés aux risques. Pour ces professionnels, se protéger est bien souvent une question de vie ou de mort. Et dans ce domain...