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Déchets plastique : Recherche solutions désespérement
Alors que Quentin et Matthieu recensent à travers leur tour du monde à vélo les bonnes idées de recyclage des plastiques, des initiatives locales et innovantes de gestion des déchets plastique fleurissent aux quatre coins de la planète.
Déchets plastique : Recherche solutions désespérement
Déchets plastique : Recherche solutions désespérement

Déchets plastique : Des solutions inventives aux quatre coins du monde

Partout dans le monde naissent des initiatives de bonne gestion des déchets plastique : du constructeur de bateau kenyan à l’entrepreneur colombien en passant par de grandes enseignes internationales, tous se sont donnés le mot : ces déchets ont une valeur, transformons-les en nouvelles ressources.

Des briques en plastique

 

Comment servir deux bonnes causes en même temps : utiliser des déchets plastiques en les transformant en matériaux de construction et donner ainsi des murs à ceux qui n’en n’ont pas ! C’est l’idée d’Oscar Mendez, architecte et entrepreneur colombien : construire des maisons pour les sans-abris en recyclant les déchets plastiques. Propriétaire de Conceptos Plasticos, une petite entreprise de recyclage de déchets, il met au point en 2014, après 12 ans de recherche, une brique composée d’emballages plastique de toutes sortes, matériau idéal pour la construction de maison à bas coût. Auprès des « recycleurs », il rachète les déchets plastiques qui sont alors broyés et fondus. Renforcé par des additifs conférant aux briques une bonne résistance à la chaleur, ce mélange est alors coulé dans des moules.

conceptos plasticos

Plonconceptos plasticos4gées dans l’eau froide, les briques se rigidifient sous l’effet de ce choc thermique. Rien de plus simple alors que  de fabriquer ces logements : les briques s’assemblent comme des lego, à la main et sans colle. Avec une facilité de construction qui permet de bâtir un habitat de 40 m2 en 5 jours sans connaissance nécessaire en architecture ou en bâtiment. Aujourd’hui, les Conceptos Plasticos ont une capacité de recyclage de 100 tonnes de plastique par mois. Avec 300 tonnes, ils pourraient construire 50 habitations par mois. A partir de 2018, l’entreprise planifie la construction de 600 maisons par an pour abriter  plus de 3 000 personnes.

 

Des murs en bouteillesmurs bouteilles

Au Panama, les bouteilles plastiques s’accumulent dans les décharges et jonchent les rues. En utilisant ces déchets comme matériaux isolants pour la création d’habitations, Robert Bezeau, le fondateur canadien à l’origine de ce projet baptisé « Plastic Bottle Village », espère contribuer ainsi à la préservation du magnifique environnement de l’île de Colon située dans la mer des Caraïbes. Après tout, la conception des maisons n’est pas si différente d’une habitation conventionnelle hormis la façon dont les murs sont construits.

 

 

 

A la manière d’un grillage, les bouteilles plastiques récupérées sont insérées dans une structure composée de barres de fer et d’acier recouverte ensuite par une couche de béton. La réutilisation de ces bouteilles en plastique permet ainsi de construire des maisons en un temps record tout en économisant sur les coûts. 
La première maison construite a ainsi permis de recycler plus de 10 000 bouteilles en plastique, qui lui confèrent une isolation particulièrement efficace : à l’intérieur des habitations, la température est plus froide de 17 degrés par rapport à la température extérieure pouvant atteindre les 35°. Et en plus, ces constructions sont parasismiques.

mur bouteille

Une maison 100% plastique

Non loin des chutemaison écologiques d’Iguazu en Argentine se trouve une maison unique, la Casa ecologica de botellas. Sa particularité : elle est construite uniquement à l’aide de matériaux récupérés. Ses concepteurs, Alfredo Cruz et sa famille ont utilisé pour sa construction 1200 bouteilles en PET pour monter les murs, 1300 briques d’emballage alimentaire pour l’élaboration du toit, 140 boîtiers de CD pour les portes et les fenêtres et enfin, 320 bouteilles PET pour la création des meubles. Même le lit a été conçu avec 200 bouteilles en PET !

 

Les déchets ménagers ont une valeur

Le but avoué d’Alfredo est de montrer l’immense valeur des matériaux qui sont jetés chaque jour. « Les déchets ménagers peuvent être transformés maison écologicaen choses utiles. Nous avons développé notre propre technique pour aider les gens à construire une maison parfaitement fonctionnelle, à un coût très bas et de leurs propres mains », explique-t-il fièrement. Le projet de départ s’est transformé en un projet social et culturel, touristique et environnemental. Moyennant la prise en charge du gîte, du couvert et des frais de transport, Alfredo Santa Cruz apporte désormais son savoir-faire à tous ceux qui le lui demandent dans son pays.

 

Claquettes, sur la plage abandonnées

Parce qu’elles ne valent pas grand-chose et qu’aucun système de collecte n’existe, chaque année, des milliers de  claquettes sont abandonnées sur les côtes kényanes, soit qu’elles y échouent,  soit qu’elles soient transportées par les courants marins en provenance pour certaines même de Malaisie. C’est pour limiter cette pollution galopante qu’en 1997, Julie Church, jeune biologiste kényane, décide de créer la société Ocean Sole avec pour mission de collecter des tongs en les ramassant manuellement sur les plages ou les bords de rivières toute l’année. Les tongs collectées sont confiées à 50 artistes locaux qui transforment ces déchets en véritables sculptures colorées et poétiques. Ocean Sole compte ainsi réduire la pollution générée par ces déchets plastiques, tout en faisant prendre conscience à la population locale de l’importance de ne pas jeter et de recycler.

Des tongs pour des sculptures très colorées

Avec ce projet, Julie Church crée des emplois, dans un pays durement touché par le chômage. A l’heure actuelle, Ocean Sole emploie une centaine de personnes, auxquelles s’ajoutent tous les locaux payés à la collecte des tongs et à leur nettoyage. En 2015, 400 000 tongs usagées ont été recyclées : elles vivent aujourd’hui une 2eme vie, sous la forme de bijoux et surtout de sculptures animales de toutes tailles et de toutes les couleurs. 70% d’entre elles partent à l’exportation, achetés par des particuliers, des entreprises,  des zoos, aquariums et musées du monde entier !

 

Des tongs au service de l'environnement

Ce sont également 200 000 tongs usagées récupérées sur les côtes kényanes qui vont constituer le revêtement très coloré de la coque du bateau de la prochaine expédition Flipflopi. Ca bateau, fabriqué à partir des déchets plastiques marins abandonnés sur les plages ou transportés par les courants marins va bientôt prendre l’eau et diffuser dans son sillage un message : ne jetez pas les plastiques, prenez soin de l'environnement. C’est l’objectif de l'anglo-éthyopien Ben Morrisson qui lance cette expédition de 5000 km le long des côtes de l’Océan Indien avec la volonté de faire prendre conscience à chaque consommateur de l'importance de ses actes, sensibiliser les populations à la bonne gestion des déchets et promouvoir les initiatives de recyclage. Faire que chacun s’approprie le motto des 3 R : réduire, réutiliser et recycler.

Des filets de pêche au skate

Si les tongs ou autres déchets plastiques n’ont rien à faire dans l’eau, la présence de filets de pêche semble plus légitime… sauf lorsqu’il s’agit de filets abandonnés sur les plages et les océans ! Pour réduire cette pollution, l’entreprise Bureo – qui signifie « vague » en Mapuche, la langue amérindienne parlée au Chili et en Argentine – a mis en place un programme de récupération des filets usagés dans plusieurs ports chiliens et leur donnant une seconde vie étonnante. Les filets de pêche sont récupérés grâce à Net Positiva, un programme de récupération et de recyclage de filets de pêche soutenu par le gouvernement chilien. Bureo s’occupe du traitement des filets, les transforme en granulés de plastique qui sont ensuite moulés en une planche de skate bien spécifique, avec sa forme de poisson, dont les écailles servent de grip.

skate

En 2014, 15 tonnes de filets ont été récupérées et Bureo envisage maintenant de fabriquer, en plus de ses skates, des lunettes de soleil. En deux ans d'existence, Bureo a recyclé presque de 8000 m² de filets, sachant que 2m2 de filets sont utilisés pour la fabrication d’un skate.

Sneakers éco friendly : Une solution à la pollution

C’est également pour lutter contre la pollution des océans que la marque Adidas est associée depuis 2015 à l’ONG Parley for Oceans. La firme allemande a ainsi réussi le paradidas parleyi de créer les premières paires de sneakers à partir des déchets plastiques récupérés au fonds des océans et fournis par l’ONG. La structure de la chaussure est fabriquée à partir de bouteilles et autres matériaux plastique collectés dans les Maldives alors que sa partie supérieure « green » est conçue à partir de filets de pêche. L’équivalent de 11 bouteilles en plastique entrerait dans la fabrication d’une paire de chaussures. Pour Erman Aykurt, Senior Design Director chez Adidas Original, le but de cette collaboration est « de créer une vraie prise de conscience concernant l'état de nos océans chez les clients Adidas Originals et d'encourager les discussions autour de l'éco-innovation ».

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