Ecoalf : le pionnier de la mode éthique garde une longueur d’avance
Nous vous avions déjà rencontré en 2013. Ecoalf n’en était encore qu’à ses débuts ; votre démarche est-elle toujours la même ?
Oui, depuis la création de l’entreprise, notre mission est toujours la même : créer une génération d’articles de mode à partir de matières recyclées ayant les mêmes standards de qualité et de design que les meilleurs produits du marché. Il s’agit pour nous de prouver que l’on peut produire de bons articles sans utiliser les ressources naturelles de manière irresponsable. Aujourd'hui, nous avons fabriqué plus de 300 types de tissus en recyclant des bouteilles plastique, du Nylon, des pneus, du coton, de la laine, du café… Nous plaçons l’innovation et la technologie au cœur de notre activité tant elles sont indispensables pour développer les nouveaux matériaux de haute qualité qui entrent dans la composition de nos produits.
Nos efforts au cours des dernières années ont clairement montré que l’utilisation de matériaux recyclés n’était en rien incompatible avec les critères de qualité et de design que nous cherchons à atteindre. Depuis, nous avons constaté un changement des mentalités très stimulant, puisque le grand public sait désormais que les déchets peuvent être une ressource comparable à celle des matières vierges.
Depuis 6 ans, quelles ont été les principales évolutions de l’entreprise ?
Notre projet le plus révolutionnaire est certainement « Upcycling the Oceans », qui a démarré en 2015 dans le port de Villajoyosa (côte méditerranéenne de l’Espagne). Au départ, avec seulement 3 pêcheurs professionnels, nous nous sommes dit qu’il pourrait être intéressant de se servir des débris récupérés dans les chaluts pour les transformer en fil de haute qualité. Nous bénéficions aujourd’hui du soutien de plus de 3 000 pêcheurs dans 60 ports espagnols (Méditerranée et Atlantique) qui extraient 400 tonnes de déchets par an du fond de l’océan.
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Peu après le début de cette initiative, le gouvernement thaïlandais nous a demandé de reproduire notre démarche dans son pays avec le soutien des autorités touristiques et du PTTGT, un groupe pétrochimique thaïlandais. Dans ce cadre, nous travaillons avec des pêcheurs, des plongeurs et des bénévoles sur les plages. Nous sommes particulièrement heureux de contribuer à l’élaboration d’un modèle d’économie circulaire qui nous permet de récupérer des déchets qui, après recyclage, sont transformés en un fil de haute qualité servant à fabriquer nos collections de vêtements de bain ou de baskets.
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Nous cherchons également à sensibiliser le plus de monde possible aux enjeux environnementaux. Au cours des dernières années, nous avons organisé plus de 300 conférences/débats, car nous pensons que l’éducation est la clé de tout. Nous sommes présents sur de nombreuses plateformes numériques et intervenons également souvent dans les universités ou dans les écoles. Notre objectif n’est pas de parler mode ! |
Nous constatons que les générations futures comprennent la gravité et la nécessité d’agir. Il ne s’agit pas seulement de nous inquiéter de la planète que nous allons laisser à nos enfants mais aussi des enfants que nous allons laisser sur la planète…
L’année dernière, nous avons reçu la certification BCorp, une récompense qui ne cherche pas seulement à valoriser les meilleures entreprises du monde mais surtout les meilleures pour le monde. Leurs critères tiennent donc compte des engagements sociaux et environnementaux. Nous sommes la première marque de mode en Espagne à avoir ce certificat.
Vos produits sont principalement fabriqués à partir de déchets plastique d’origine marine. Est-ce toujours le cas ou avez-vous cherché d’autres matériaux à recycler ?
Une importante partie de notre collection provient de matériaux issus du projet « Upcycling the Oceans », notamment le PET qui entre dans la composition des sneakers Ocean Waste. Mais nous recyclons également le Nylon, les pneus, le coton, la laine…
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Actuellement, nous nous intéressons de très près au coton. Sa fabrication nécessite d’énormes quantités d’eau. Un sweatshirt Ecoalf, fabriqué à partir de coton recyclé, permet d’économiser plus de 4 litres d’eau ! En créant une collection à partir de ce coton, nous estimons que 39 millions de litres d’eau sont épargnés et nous espérons faire encore mieux dans les années à venir. Il n’y a pas en effet de planète B pour la fabrication de pulls ou de T-shirts… En outre, nous reversons 10% de la vente de chaque produit à la Fondation Ecoalf pour l’aider à poursuivre sa mission de nettoyage des océans et à s’étendre en Méditerranée. Nous investissons également du temps pour remettre au goût du jour des matériaux à faible impact écologique, comme le chanvre, le Bemberg-Cupro et le Tencel, une fibre produite à partir de pulpe de bois. Leurs propriétés techniques adaptées à la chaleur et la douceur de leur toucher sont particulièrement adaptées à nos collections estivales.
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Vous êtes connu pour vos processus de recyclage et votre approche innovante. Pouvez-vous en dire plus ?L’an passé, nous avons lancé la chaussure Ocean Waste, une sneaker durable, fruit d’une parfaite association de l’innovation avec la technologie de pointe. Particulièrement représentatif de notre savoir-faire, ce produit est l’un de nos fleurons. Cette sneaker suit la philosophie du zéro déchet puisque pour faciliter son recyclage nous avons supprimé les lacets et les étiquettes. Elle est bien évidemment fabriquée à partir du plastique récupéré au fond de l’océan. Sa tige tissée, qui ressemble à une chaussette, est le résultat d’une technologie de tissage très innovante. Quant à la semelle, elle est faite d’un biopolymère provenant d’algues.
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Quels sont vos principaux domaines de développement des années à venir ?Nous continuerons d’investir dans l’innovation pour garder une avance sur le développement de nos produits tout en minimisant leur impact environnemental.
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