Techno du futur 6 min
Les polymères ont la fibre innovante
L’habillement représente un peu plus de la moitié des textiles produits dans le monde. Toujours dans la course, les fibres naturelles sont lentement supplantées par les fibres artificielles ou synthétiques, présentes dans près des deux tiers de nos vêtements. Rien d’étonnant puisque leurs polymères, modulables à dessein, sont de puissants vecteurs d’innovation.
Les polymères ont la fibre innovante
Les polymères ont la fibre innovante

Quand la mode se fait durable

Concours d'élégance pour les biopolymères

Futile et changeante par nature, la mode se veut désormais durable ! Bien installée, cette tendance a désormais ses stylistes, ses salons comme l'Ethical Fashion Show et ses défilés où les marques montrent leur fibre écolo. 
Leurs collections redécouvrent les attraits de fibres naturelles un peu délaissée comme le lin et le chanvre. En version bio et équitable, le coton qui occupent 4% des cultures mais consomme 25% des pesticides, peut enfin filer doux.
La chimie verte offre aussi des opportunités, avec les nouvelles fibres artificielles issues de polymères bio-sourcés. Lancée en 2003 par le géant de l’agroalimentaire Cargill, la fibre Ingeo dérivée de l'acide polylactique du maïs a fait sensation au défilé Gattinoni de l’Alta Moda 2010, à Rome.

D’autres fibres privilégient des sources végétales non alimentaires comme le Lyocell, issu du bois et rendu célèbre en 2001, par Naomi Campbell. Plus récent, le Crabyon, obtenu à partir de la chitine des carapaces de crustacés est sorti de l’ombre au Fashion Summit 2009 de Copenhague,
Quant aux fibres synthétiques, si elles peinent à faire valoir à travers la mode un bilan carbone souvent favorable, elles profitent du succès des matières recyclées sur le marché du sportswear.

 

Des traitements plus doux pour ennoblir les textiles

Alors que le concours d’élégance écolo se joue sur les matières, les vrais enjeux sont ailleurs. Au stade de l’ennoblissement des textiles notamment, où les entreprises européennes s’efforcent de réduire les impacts nocifs des procédés d'apprêt, de teinture, d'impression pour déjouer la concurrence des pays moins sourcilleux en matière d’environnement.
Tout textile, en effet, quelle que soit sa destination, subit un traitement de finition au cours duquel divers composés chimiques sont déposés en surface par traitement thermique, vapeur ou par rayonnements. Outre la toxicité de certains additifs dont l’usage est très encadré, ces procédés sont voraces en eau et en énergie pour les textiles synthétiques.

 

Une solution « douce » pour l’ennoblissement des fibres synthétiques est actuellement en cours de développement dans le cadre du programme européen FAFEX. Ce nouveau procédé consiste à déposer les additifs en solution polymère aqueuse ultrafine, non plus sur le tissu mais sur la surface du filament, lors de l’extrusion du fil. On pourra alors améliorer les propriétés antistatique, anti-taches, anti-UV ou antibactériennes du tissu sans dégrader l’environnement.

La teinture écolo au CO2

Selon la Banque mondiale, l’industrie textile serait responsable de 17 à 20 % de la pollution de l’eau à l’échelle mondiale.
Rien d’étonnant ! Teindre un kilo de tissu nécessite entre 100 à 150 litres d’eau. À quoi, on ajoute divers produits chimiques, dont certains sont notoirement toxiques. À l’échelle industrielle, cette activité – quand elle est menée dans les règles ce qui n’est pas toujours le cas - impose donc un processus de retraitement des eaux usées lourd et couteux.
La société néerlandaise DyeCoo créée en 2007, a trouvé une solution pour le moins radicale, autrement dit sans eau pour teindre le polyester. Pour cela, elle a mis au point le premier procédé de teinture au dioxyde de carbone. Son secret réside dans le comportement du CO2 qui quand il ne flotte pas dans l’atmosphère se liquéfie sous haute pression.

Ainsi, il suffit d’injecter du CO2 gazeux dans un réservoir contenant le textile et d’élever la pression à 250 bars pour qu’il s’imprègne du colorant dissout dans le CO2 devenu liquide. Une fois la pression ramenée à la normale, on peut récupérer le tissu teint et archi-sec. Et réutiliser 95 % du CO2.
Ce procédé ne présente pas seulement des avantages sur le plan environnemental. Deux fois plus rapide, il permet de réduire les coûts de production de 30 à 50 % grâce aux économies d’énergie et de colorant.

 

Les plastiques recyclés ont trouvé leurs marques

La laine polaire a ouvert la voie aux fibres issues du recyclage des matières plastiques. Porté par l’esprit wilderness mais gros consommateur de tissus techniques, le secteur Outdoor en a fait son cheval de bataille. Les marques les plus connues comme les jeunes pousses rivalisent désormais sur ce thème, avec des vêtements en polyester 100% recyclé. 
Plutôt tournés vers les fibres « bio », les créateurs de mode ont désormais adopté les matières recyclées. Pour les accessoires, certaines marques comme Reversible privilégie plutôt le réemploi, avec ses sacs fabriqués à partir de bâches PVC ou de revêtements de sol vinyl. Mais d’autres misent sur le recyclage intégral.

 

Dans cette optique, le jeune entrepreneur espagnol Javier Goyeneche a lancé en 2007 la griffe Ecoalf visant l’utilisation de matières 100% recyclées. Ses vêtements et articles de mode sont fabriqués grâce à des procédés privilégiant les ressources de proximité. Le nylon des sacs et des maillots de bain provient de filet de pêche hors d’usage. T-shirt et sweet sont fabriqués en coton recyclé. Plus étonnant, il a été le premier à associer, dans certains vêtements du polyester recyclé et des fibres issues du recyclage de marc de café.

Le recyclage des textiles donne du fil à retordre 

Le plus souvent composés de textiles différents et de fibres mélangées, les vêtements collectés rendent le tri complexe… Et la séparation des fibres très difficile. C’est pourquoi le recyclage des textiles conduit généralement à des non-tissés utilisés dans les secteurs de l’automobile ou du bâtiment pour lesquels il suffit de défibrer les tissus. 
Quant à séparer les fibres pour obtenir des matières filables, c’est une autre paire de manches !
En France, la société Mapéa a relevé le défi et expérimente le compoundage. Cela consiste à mélanger des fibres textiles avec d’autres matières thermoplastiques pour produire des granulés aptes à l’injection plastique.

On peut aussi recourir à des procédés de dissolution chimique de vêtements pour en extraire certains polymères. À condition, toutefois que les fibres ne soient trop hétérogènes.
Deux entreprises suédoises se distinguent dans cette voie. Re:newcell a mis au point un procédé chimique pour séparer les fibres cellulosiques et fabriquer de la viscose. Le fabricant de sportwear Klättermusen, pour sa part, fait appel à des partenaires comme Teijin pour recycler les fibres synthétiques de ses vêtements. 
Précurseur dans ce domaine, cette firme japonaise a fait aussi des émules en Asie. Ainsi la société Zhejiang Fuyuan Regenerated Resource recycle les uniformes 100% polyester de l’Armée populaire de libération. Ce qui, compte tenu des effectifs, facilite le tri et les approvisionnements.

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