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Les plastiques mettent les petits plats dans les grands
Avez-vous déjà scruté à la loupe votre cuisine ? Allez-y, ouvrez les placards, le réfrigérateur et même le four. N’êtes-vous pas surpris par le nombre d’objets en plastique qui s’y trouvent ? Vaisselle, ustensiles, moules, casseroles, boîtes de conservation, etc. Mais ce n’est pas tout ; regardez d’un peu plus près et vous réaliserez que les plastiques se sont aussi imposés du sol au plafond : meubles, luminaires, revêtements de sol, etc.
Les plastiques mettent les petits plats dans les grands
Les plastiques mettent les petits plats dans les grands

Les plastiques mettent de la joie dans les cuisines

Avec les plastiques, les couleurs s'invitent à table

Elle est la star incontestée des années 1950 ! La mélamine, plus connue sous son appellation commerciale de Formica, entre avec fracas dans toutes les cuisines de l’immédiat après-guerre. Les raisons d’un tel succès ? Ses couleurs, sa résistance à la chaleur, aux agressions des produits chimiques, à la lumière et surtout la facilité d’entretien de cette résine. Elle est alors jugée à la fois hi-tech et révolutionnaire. Avec elle, les prémices du design font leur entrée dans les cuisines qui se parent de couleurs désormais chatoyantes. Pour la petite histoire, la mélamine fut inventée dans les années 1930, et fut alors jugée alors sans avenir ; il lui faudra attendre une bonne vingtaine d’années avant qu’elle ne s’impose pour ne pas dire qu’elle n’explose.

Le Formica fait des émules...

En effet, si le Formica est l’une des applications les plus spectaculaires de la famille des résines thermodurcissables aminées, il est très loin d’en être la seule… Ce matériau est très facile à mouler à des températures relativement basses. Face au succès du Formica, dès les années 1960, d’autres industriels s’en emparent et le triturent pour lui donner toutes les formes possibles et imaginables, mettant au rencart nombre d’ustensiles, comme les louches alors constituées de bois et de métal. Quant aux campeurs de ces années-là, bien peu savent que leurs assiettes, couverts et autres gobelets en plastique, si pratiques, si légers, étaient eux aussi constitués du même matériau que celui de leur table de cuisine.

 

...Puis laisse sa place à de nouveaux polymères

Trente ans de succès sans faille, pour un matériau, ce n’’est déjà pas si mal. À l’aube des années 1980, le Formica est jugé de plus en plus démodé… trop connoté années 1950 ! Certes, dans les années 1970, il fait un peu de résistance en se parant de nouvelles décorations sous la forme de plastiques adhésifs vernis, mais cela ne suffit pas. La mode est au cocooning, les intérieurs s’embourgeoisent et les cuisines suivent la tendance. Tout en devenant de plus en plus fonctionnelles, elles embellissent et s’affichent désormais comme un nouvel espace de convivialité. C’est le lieu de vie des familles qui n’hésitent plus à y recevoir fièrement leurs invités. Une évolution du mode de vie largement accompagnée par l’utilisation de nouveaux polymères.

Un florilège de polymères

Assurément, l’industrie plastique a rendu de grands services à celle du mobilier de cuisine. Peu à peu, de nouveaux matériaux sont venus s’appliquer sur les traditionnels caissons en aggloméré de bois. Le principe reste le même : on prend un aggloméré – un matériau peu onéreux mais très fragile – qui vient s’encapsuler dans un sandwich de résine à base de PVC, d’ABS, de PMMA, ou encore de polyéthylène et de polyuréthane. Des résines aux qualités intrinsèques, comparables au Formica, mais qui savent prendre des aspects mats, brillants. Mieux encore, certaines imitent à la perfection les matières minérales comme le marbre et le granit. S’il en est un qui va de succès en succès, c’est bien le Corian, un matériau de revêtement massif composé de résines acryliques et de poudres minérales et mis au point par l’américain DuPont. Particulièrement destiné aux plans de travail, le Corian est capable de s’adapter à toutes vos envies et résiste à peu près à tout.

Des polymères haute sécurité 

La réglementation européenne est très stricte quant à l’utilisation de ces matériaux dans des éléments, comme les plans de travail, qui peuvent être en contact avec des aliments. Les organismes de certification n’attribuent leur label que lorsqu’ils peuvent garantir une faible teneur en formaldéhyde, une absence de métaux lourds et de composés halogénés. Nulle crainte à avoir donc ! La majorité de ces matériaux sont désormais recyclables ; c’est donc une excellente nouvelle pour l’environnement.

 

Du Linoléum au PVC 

Il est très courant de désigner les revêtements de sol en plastique par l’appellation linoléum. Disons le tout net, le linoléum n’a strictement rien à voir avec les matériaux plastiques puisqu’il s’agit d’un aggloméré d’huile de lin et de bois. Notons au passage que ce matériau n’existe quasiment plus depuis le tournant des années 1950, lorsque l’on a assisté à la montée en puissance des nouveaux plastiques. Ce que certains appellent encore « lino » est en fait un revêtement de sol à base de PVC. Au fil des ans, d’importantes améliorations ont été apportées notamment dans le domaine de la rigidité. Moins souple, ce matériau a un aspect plus flatteur, plus haut de gamme. De plus, certaines marques le traitent pour le rendre antibactérien… un atout qui fait sens dans une cuisine.

Les plastiques, rois du réfrigérateur

Un réfrigérateur, c’est près de 40 % de matières plastiques. N’allez pas croire que ceci ne soit dû qu’à leur faible poids et leurs coûts peu élevés. Loin s’en faut, un réfrigérateur moderne utilise une grande variété de polymères comme l’ABS, le polypropylène, le polystyrène choc, le polycarbonate et la mousse de polyuréthane. Chacun d’eux dispose de ses propres propriétés de robustesse, de flexibilité et d’isolation. Par exemple, les fabricants peuvent utiliser le polycarbonate, qui est solide et rigide, pour former les portes extérieures, les poignées et les panneaux de carrosserie. L’ABS, le polypropylène et le polystyrène sont tous utilisés pour constituer l'intérieur du réfrigérateur. Le polyuréthane quant à lui sert principalement d’isolant et on le trouve sous la forme de mousses. Bien entendu, ces plastiques sont recyclables. Celui des parois intérieures est recyclé en totalité, notamment en pièces cachées pour l’automobile. La mousse isolante sert de combustible dans les incinérateurs spécialisés.

La folie des bentos 

Si vous déjeunez sur votre lieu de travail et que vous apportez votre propre repas, il est impossible que vous soyez passé à côté ! Depuis quelques années, les bentos envahissent les bureaux. Les bentos, ce sont ces boîtes compartimentées qui permettent de transporter les aliments. Rien de neuf, direz-vous. Effectivement, le concept existe depuis déjà bien longtemps. Il n’empêche que, grâce à leur design souvent original et à leurs couleurs éclatantes, les bentos sont devenus de véritables objets de mode. C’est à celui (ou à celle) qui aura le plus pratique, le plus rigolo… Invention japonaise qui remonterait au XIe siècle, le bento est sans cesse revisité ; certains disposent même d’un sachet de gel rafraîchissant pour garantir une parfaite conservation des aliments. Principalement en ABS ou en polyéthylène, ces boîtes supportent le micro-ondes et « passent » au lave-vaisselle. La bonne vieille « gamelle » a plus que jamais du plomb dans l’aile.

Ustensiles : les designers s'en donnent à cœur joie

C’est le domaine de prédilection des designers. Ici, les seules limites sont imposées par l’imagination. Certaines marques en ont même fait leur cheval de bataille et sont reconnues aujourd’hui comme des acteurs essentiels du design contemporain. Pourquoi un tel succès ? Tout simplement parce que les polymères autorisent toutes les audaces, et les marques les plus réputées sont passées sans complexe du métal aux plastiques. Mais hélas, tout n’est pas si rose. Flairant la bonne affaire, certains distributeurs n’hésitent pas à importer des ustensiles fabriqués dans des plastiques qui ne sont pas toujours aux normes alimentaires. L’Europe veille et les saisies en douane sont nombreuses. Comment être sûr de son achat ? En vérifiant si la norme CE est bien présente et en fuyant les ustensiles particulièrement bon marché.

Car la sécurité sanitaire à un coût : un plastique alimentaire est un plastique dont les composants sont strictement réglementés et dont la potentielle migration vers les aliments ne doit présenter aucun risque pour le consommateur.

Ceci étant dit, il n’est pas pour autant question d’être alarmiste. Les avantages des plastiques sont phénoménaux. Comme toujours, ils ont permis une réduction des coûts et une fabrication en très grande série. C’est particulièrement vrai pour tous les ustensiles qui sont destinés au façonnage de vos plats préférés. Ces ustensiles sont nombreux à s’empiler dans nos placards et à venir orner les plus belles tables : presse-agrumes, récipients en tout genre, verres-doseurs, tire-bouchons, coquetiers, etc. Ici aussi les designers s’en donnent à cœur joie pour égayer d’autres sens que ceux développés par nos papilles.

Plein feu pour la silicone

Bien plus qu’un effet de mode, la silicone a révolutionné notre façon de cuisiner. Apparue timidement dans les années 1970 sous la forme de spatules et autres maryses, elle a, depuis peu, totalement conquis nos cuisines. Grâce à elle et plus particulièrement à sa souplesse, c’est la fin des galères de démoulage des gâteaux. Quant aux enfants, ils l’adorent ! Et pour cause, les moules en silicone prennent toutes les formes, et le bon vieux gâteau au chocolat autrefois tout rond peut désormais ressembler à un nounours géant, un dinosaure, une empreinte d’animal ou un bon gros bonhomme !

 

Lors de l’apparition des premiers moules, la silicone n’était hélas pas à la portée de toutes les bourses. En quelques années, les prix ont considérablement chuté. N’y voyez aucun miracle lié à une éventuelle économie d’échelle… Profitant de l’effet de mode, certains fabricants ont proposé des produits fabriqués dans des silicones de moins bonne qualité, plus fragiles et surtout pouvant laisser migrer des métaux lourds lors de la cuisson. Comment reconnaître une silicone réellement destinée à la cuisson ? Avant tout, il faut savoir que la silicone alimentaire est un mélange de polymères de silicone et d’un catalyseur (du platine ou du peroxyde). Si la silicone au platine reste inerte jusqu’à 250-300 °C, la « peroxydée » laisse migrer des particules vers les aliments dès 160 °C. Notons que pour le moment seules l’Allemagne et la Suisse ont prohibé l’usage de la silicone peroxydée dans la fabrication des moules alimentaires.

Pour une meilleure sécurité alimentaire, mieux vaut acheter des ustensiles clairement étiquetés « silicone platine » ou ceux indiquant une résistance à de hautes températures, autour de 250 °C.

Même les fours traditionnels s'y mettent !

Vous ne rêvez pas, une jeune équipe de designers brésiliens vient de réussir le tour de force de mettre au point un four traditionnel entièrement conçu avec des matériaux plastiques. Bien entendu, nous ne parlons ici que d’un four à micro-ondes ayant une vague fonction grill… L’exploit repose sur le Vectra®, un polymère résistant aux plus hautes températures et développé par l’américain Celanese. Grâce au moulage d’un seul tenant de la chambre de cuisson, ce four d’un genre nouveau a des parois nettement plus minces, il prend donc moins de place. Mais ce n’est pas tout : sa capacité à emmagasiner la chaleur de ce polymère est telle qu’il nécessite quasiment moitié moins d’énergie que l’acier pour arriver à des températures de l’ordre de 200 °C. Présenté lors du dernier Kunststoff, le Salon des matières plastiques de Düsseldorf, ce nouveau four fut l’un des événements de la manifestation. À quand sa production en série ?

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