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Tennis et plastique : Raquettes Supersoniques
Il était une fois un jeu qui se jouait avec la paume de la main. Après un exode de gazon en terre battue, il arriva à une célébrité planétaire. L’histoire du tennis est riche de héros et de grandes dates.
Tennis et plastique : Raquettes Supersoniques
Tennis et plastique : Raquettes Supersoniques

De Spencer Gore à Roger Federer : Raquettissimo!

L’histoire du tennis est riche de héros et de grandes dates. Elle sait aussi  ce qu’elle doit à la plus belle conquête du tennisman : la raquette.

Les Années Charleston

Les premières raquettes du XXème siècle s’enorgueillissaient d’un cadre et d’un cœur en acajou.
Une démocratisation toute relative permit au noyer, au frêne et au chêne de pratiquer ce sport élitiste. Le manche, lui, était principalement usiné en bois d’érable, de cèdre, de bouleau ou de tilleul entouré de cuir.

La première avancée significative dans l’art du luthier de la raquette fut l’introduction d’un clou traversant le cœur pour en renforcer la résistance.
C’est cette technique qui inspira quelques années plus tard les créateurs des raquettes à cœur ouvert comme la « Top Flite » ou la « Hazzell Streamline », cette dernière ayant renforcé son manche par trois traverses.
Aux Etats-Unis, c’est le début de la gloire pour Spalding, Wright & Ditson et Bancroft.

Les Années Folles et leurs filles

En 1938, Dunlop lance son modèle Maxply.

Comme son nom l’indique, c’est un contreplaqué de plusieurs essences de bois

Maxply est un précurseur : les années 1940 verront l’industrialisation des raquettes multicouches.

Elles ont un succès foudroyant : Jack Kramer gagne Wimbledon 1947 avec une Wilson de ce type et Pancho Gonzalez l’US Open deux années de suite, 1948 et 49, avec une Spalding.

Les Sixties

Manolo Santana, vainqueur de Roland Garros 1961 et 1964, de l’US Open 1965 et de Wimbledon 1966,  joua pendant des années avec une Slazenger Challenge Nº1 en bois.
Les raquettes en bois étaient plus lourdes, elles vibraient plus et diminuaient le contrôle du joueur sur la balle.

Avec l’apparition de nouveaux matériaux, la taille du tamis a pu être augmentée de la valeur du triangle qui en assurait la rigidité, devenu inutile.

En 1965, René Lacoste inaugura le métal, vendit son brevet à Wilson dont la T2000 conquit la célébrité entre les mains de Connors.
L’alu diminuait les vibrations mais il n’apportait pas de solution au problème fondamental posé aux joueurs depuis les raquettes en bois : le poids.

Les Temps Modernes  

Le bon régime pour les raquettes se nomme plastiques : à la fin des années 1980, début des 90, les composites plastique/fibre de carbone font leur apparition sur les courts. Le poids de la raquette diminue, la résistance augmente,
on peut alors tendre les cordages jusqu’à 25/30 kilos, des cordages en nylon qui augmentent à la fois la puissance et la précision.

Puissance n’est pas un vain mot : 200 km/h pour parcourir la longueur du court (24 mètres), ça vous met le service à moins de 65 centièmes de seconde. A peine plus de temps pour s’y préparer que pour éviter une balle de fusil ! 

Les composites (fibres de carbone et de verre moulées dans une matrice plastique) sont cinq fois plus résistants que l'aluminium et trente fois plus que l’ancêtre bois. C’est grâce à eux que les joueurs bénéficient d’une parfaite rigidité avec des cadres de plus en plus grands. Et au lieu d’alourdir la raquette, les composites l’ont mise au régime minceur ! 
Le poids total de la Babolat de Nadal (sans cordage) est de 300 grammes. 
300 grammes, c’est un cadre en composite plastique  renforcé fibres de nanocarbone, des branches aérodynamiques en forme d’aile d'avion et entre le manche et le tamis, une bande en forme de V d'un plastique particulièrement performant, le Pebax®, qui absorbe les chocs. Dire que cette capacité d’absorber les chocs et les vibrations améliore le contrôle des trajectoires et optimise le confort relève de l’euphémisme. 

Pebax® est un nom de marque.
Ce qu’il y a derrière ?
Un élastomère thermoplastique de la famille des polyethers bloc amide, qui se transforme facilement par injection ou par extrusion et laisse libre cours à l’imagination des designers sportifs.

Grâce à ces avancées techniques où les plastiques ont joué gagnants, on a pu augmenter la surface et la rigidité des tamis. Rien que ça a fait gagner 20 % sur la puissance restituée à la balle.
Et quand c’est Nadal ou Federer qui cogne, pas étonnant que les spectateurs de Roland Garros aient des torticolis : on ne le dira jamais assez, le tennis est un sport complet!

 

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