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Les plastiques font leur show
Les polymères ont réussi à se rendre indispensables dans un domaine où on ne les attendait pas. C’est le cas pour l’univers du spectacle où leur plastique et leurs couleurs font merveille pour satisfaire des spectateurs en quête de toujours plus d’émotions
Les plastiques font leur show
Les plastiques font leur show

Lever de rideau pour les polymères

Le polyuréthane se joue des ondes...

Difficile de profiter pleinement d’un spectacle lorsque l’on se trouve placé derrière une colonne ou un pilier. C’est encore pire quand l’acoustique de la salle est déplorable. En effet, que ce soit pour le théâtre, le chant lyrique ou l’opéra, la voix des chanteurs et des comédiens n’est que très rarement amplifiée. Pour atteindre les oreilles du public, ces artistes ne pourront compter que sur la puissance de leur organe vocal. Ce qui n’est pas toujours simple, surtout lorsqu’il s’agit de salles pouvant accueillir plusieurs milliers de spectateurs…

Le polyuréthane fait son show

Aussi, Le polyuréthane fait son showles acousticiens sont-ils désormais incontournables dans la création de nouvelles salles ou la réhabilitation de salles existantes. Leur travail consiste avant tout à maîtriser les ondes sonores en équipant ces salles de déflecteurs et d’absorbeurs. Il s’agit non seulement d’orienter le son émis depuis la scène en direction des spectateurs mais également d’absorber le « surplus » de brouhaha qui peut provenir du public, les rires, notamment. Très logiquement, les matériaux durs et denses comme les métaux et la pierre sont ceux qui réfléchissent le mieux les sons. En revanche, plus un matériau est mou et poreux, plus il les absorbe. Dans ce domaine, le liège a longtemps été le champion. Mais il a dû s’incliner face aux mousses de polyuréthane ou de mélamine, des matériaux moins onéreux, très simples à mettre en œuvre, aux capacités d’absorption sonore exceptionnelles et classés comme difficilement inflammables dans la nomenclature européenne antifeu.

... et bat tous les records

C’est le bâtiment de tous les superlatifs, ou presque… Dressée au cœur du quartier d’affaires de la Défense, aux portes de Paris, la U-Arena est désormaisuarena la plus grande salle polyvalente d’Europe. Elle peut accueillir de grands concerts comme ceux des Rolling Stones qui ont joué devant 40 000 spectateurs le jour de l’inauguration, ou encore des matchs de rugby. Salle de prestige s’il en est, elle accueillera les épreuves de gymnastique lors des Jeux olympiques de 2024. Ceci dit, les contraintes pour construire un tel édifice ont été énormes et plus particulièrement dans le domaine acoustique. Et pour cause, le fait que la U-Arena soit bâtie quasiment autour d’immeubles d’habitation nécessitait de préserver les riverains des nuisances liées aux concerts et aux événements sportifs pouvant attirer jusqu’à 40 000 personnes.

Il fallait également disposer d’une acoustique permettant l’accueil de manifestations particulièrement bruyantes, comme des courses de moto-cross. Plus contraignant encore, un immeuble de bureaux a été accolé à la salle… on comprend aisément que pour travailler dans de bonnes conditions, les employés doivent pouvoir se trouver dans un relatif silence.

Sans les polymères, il aurait été bien difficile de trouver des solutions. Et c’est encore la mousse de polyuréthane qui a résolu les problèmes acoustiques de la U-Arena parisienne. Grâce à cette mousse, il a été possible de concevoir la toiture d’un seul tenant, une structure indispensable pour accueillir un terrain de rugby. Le béton, certes suffisamment isolant, était bien trop lourd. Ainsi, des panneaux d’une hauteur de 1,40 m composés notamment de mousse de polyuréthane et de fibres de coco ont été spécialement conçus. Reposant sur une structure métallique, ils absorbent les sons en plus de garantir l’étanchéité. Des essais en soufflerie ont également été effectués pour assurer la stabilité de l’ensemble. Au total, ce sont près de 30 000 m2 de panneaux qui ont été fabriqués spécialement pour le site. Un autre record ! Ce même procédé a été utilisé pour isoler la partie bureaux de la salle de spectacle.

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Les plastiques, rois de l'esbrouffe

Mouler, ciseler, sculpter… avec les polymères tout est possible. Il y a fort longtemps que scénographes et accessoiristes le savent. Le public aussi, d’ailleurs. Sans trahir un secretCastor Pollux, les temples grecs servant de décors aux tragédies ne sont pas en marbre ! Ce serait d’ailleurs impossible, pour des raisons budgétaires, de logistique, de manipulation ou plus simplement de poids. Longtemps fabriqués en bois, les objets de décors sont désormais en plastique, sans exception, et plus particulièrement en polystyrène, un polymère formidablement léger qui se sculpte aisément et qui, une fois peint, peut imiter à peu près n’importe quelle matière. Parfois, les plastiques ne se cachent même plus. C’est le cas du PMMA, un polymère transparent qui permet de jolis jeux de lumière. Mieux encore, un fabricant de tubes PVC eut la surprise, en 2011, de recevoir une commande étonnante en provenance de l’Opéra de Düsseldorf en Allemagne : 5 000 m de tubes en PVC de différentes longueurs.

Intrigué, le fabricant se rendit sur place pour découvrir que ses tubes, une fois empilés et collés, constituaient l’unique décor de Castor et Pollux, l’opéra de Rameau.

Entrée en scène pour les imprimantes 3D

Pas un jour ne passe, ou quasiment, sans que les prouesses d’une imprimante 3D soient mises en avant. Dans le domaine du spectacle, c’est l’Opérfra-diavoloa de Rome qui a eu dernièrement les honneurs de la presse. Et pour cause, il s’est rapproché d’un fabricant italien d’imprimantes 3D grand format pour créer les décors de Fra Diavolo, l’opéra d’Auber. Les imprimantes sont capables de concevoir des objets de près d’1 m3. Ainsi, cinq machines ont fonctionné durant trois mois afin de créer les 223 pièces du décor. Il s’agissait d’un vrai défi relevé par WASP, le fabricant Italien d’imprimantes puisque 1 500 kg de PLA blanc ont été utilisés. Un choix judicieux car, ce polymère absorbant très bien la lumière, il est donc possible d’y projeter des images durant la représentation. Il est également recyclable. Une fois l’opéra retiré de l’affiche, il est ainsi prévu que les décors soient broyés et recyclés. Une manière de faire des économies tout en respectant la planète…

Les polymères se taillent un costume

Hormis une catégorie de metteurs en scène qui a choisi le minimalisme, les décors et costumes ont une valeur non négligeable pour la majorité des spectateurs. La qualité des décors et la richesse des costumes ont presque autant d’importance que la chorégraphie. Ainsi, dans les grands opéras, comme ceux de Paris ou de Milan, on ne lésine pas sur les moyens et les dizaines de costumières ont pour mission de créer des costumes qui en mettent plein les yeux. Sur le papier, cela paraît simple, mais dans les faits, c’est une tout autre histoire : les danseurs sont un peu des athlètes et, à ce titre, les costumes ne doivent en rien entraver leurs mouvements. Heureusement, le développement des fibres polymères, comme les élasthannes et les polyamides, a permis une véritable petite révolution au sein des troupes de ballet. Elles sont légères, élastiques et permettent souvent une très bonne évacuation de la chaleur et de la sueur.

les polymères font leur show

Pourtant, bien que ces fibres soient les mêmes que celles utilisées pour les tenues des sportifs de haut niveau, le look des danseurs n’est en rien comparable à celui des gymnastes. C’est tout le talent des costumières que de parvenir à parer ces costumes de nombreux accessoires, parfois en plastiques, tels que strass, fils dorés, bandes de satin de polyester, etc., pour enrichir les costumes et leur donner cet aspect clinquant que le public aime tant. Ceci n’a rien d’anecdotique. Depuis l’utilisation des fibres polymères, les chorégraphies ont considérablement évolué et sont toujours plus spectaculaires. A l’image, parfois, des performances sportives qui s’améliorent au rythme des progrès du matériel, progrès souvent liés, ici encore, aux polymères.

 

 

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