Au quotidien 6 min
Emballages plastique : pourquoi tant de haine ?
Pour certains, les emballages sont encore perçus comme de simples supports publicitaires, voire seulement comme des déchets. Une mauvaise réputation largement injustifiée, notamment pour les emballages primaires qui ont des vertus encore hélas bien trop mésestimées.
Emballages plastique : pourquoi tant de haine ?
Emballages plastique : pourquoi tant de haine ?

Emballages plastique : ces mal-aimés qui gagneraient à être mieux connus

En Europe, près de 40% de la production de polymères se destinent à la fabrication d’emballages en tous genres. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la raison d’une telle performance ne se réduit pas à une question de coûts donc de profits pour les industriels les utilisant. Dans un contexte où les plastiques sont accusés de nombreux méfaits pour l’écologie voire la santé, une mise au point s’impose. Si les polymères trouvent l’un de leurs principaux débouchés dans l’emballage, c’est surtout parce qu’ils sont légers, pratiques et qu’ils permettent de conserver parfaitement les produits qu’ils contiennent. L’analyse du cycle de vie des produits emballés démontre dans bien des cas la supériorité de la performance environnementale des plastiques sur les autres matériaux. Une vérité contre-intuitive mais qui s’explique par les économies de CO2 générées grâce à la légèreté des plastiques tout au long du cycle de vie du couple emballage-produit.

Non, l’emballage n’est pas qu’un support de « com » ni un pousse-à-la-consommation !

On a souvent tendance à l’oublier, le rôle premier d’un emballage n’est pas de séduire le consommateur pour l’inciter à acheter un produit. Loin de là ! Les fonctions premières d’un emballage consistent d’une part à protéger de la casse, du vol et, pour les produits alimentaires ou fragiles, de la contamination bactériologique ; d’autre part à conserver les produits tout en permettant d’en optimiser la logistique. Avant d’être un support de « com », il est donc un support d’informations légales : composition, date de péremption, origine du produit, consigne de tri, informations sanitaires, etc. Et s’il participe à la communication de la marque, c’est uniquement parce qu’il existe et qu’à ce titre, les fabricants ont jugé utile de se servir de sa surface pour rendre leurs produits attrayants. Penser l’inverse c’est réduire les consommateurs à de simples « gogos ». Certes, l’achat impulsif existe, mais si le consommateur désire acquérir un produit, c’est avant tout parce qu’il estime qu’il en a besoin ou qu’il a envie de se faire plaisir et qu’il peut acheter en toute confiance.

Pour mieux faire la part des choses, il faut comprendre que, pour une marque, l’important est de fidéliser sa clientèle. C’est ce à quoi s’attellent au quotidien les équipes marketing. Ces dernières savent bien que, si un consommateur renouvelle ses achats, c’est parce que le produit lui a convenu.

Cependant, il est indéniable que l’emballage joue également un rôle prépondérant dans la fidélisation. A l’instar de la composition d’un produit, sa praticité et son mode de conservation ont toute leur importance : un sachet qui se referme mal, un bouchon compliqué à visser, un carton qui se déchire trop facilement entraînent un sentiment d’insatisfaction chez le client, qui risque de ne jamais revenir vers le produit.

 

Indéniablement, les emballages participent à la politique marketing de la marque mais ils sont également très utiles pour délivrer toutes les informations légales obligatoires pour les produits de grande consommation.

Les plastiques, champions pour lutter contre le gâchis

Il n’est pas excessif d’affirmer que les plastiques ont révolutionné l’histoire de l’emballage. Il y a une cinquantaine d’années, les fabricants de produits issus de l’industrie cosmétique ou agroalimentaire y voyaient un matériau résistant, léger, peu onéreux, simple à fabriquer… Bref, idéal pour augmenter leurs marges de quelques pourcents. Mais cette approche date résolument d’un autre temps. Aujourd’hui, certains emballages plastique sont le fruit d’une technologie réellement avancée, et leur coût de revient est bien supérieur à celui d’un carton par exemple. Dès lors, pourquoi les industriels choisissent-ils de les utiliser ? En premier lieu parce qu’ils sont parfaits pour conserver le plus longtemps possible ce qu’ils contiennent. Dans ce domaine, l’un des matériaux les plus connus est très certainement le polystyrène expansé, une structure alvéolaire renfermant 98% d’air. L’air contenu dans ce polymère a la particularité de maintenir à température ce qu’il contient. Ainsi, lors du transport, la chaîne du froid n’est jamais rompue, et des dizaines de tonnes de denrées échappent chaque année à une destruction certaine. C’est également ce que l’on a trouvé de mieux pour transporter les médicaments qui ne supportent aucun écart de température sous peine, au mieux, de perdre leur efficacité. Autre avantage, ce matériau antichoc se moule facilement et il est d’une extrême légèreté, jusqu’à atteindre un poids dérisoire.

 

Qu’elles soient destinées à recevoir du sang ou des médicaments, les poches médicales en PVC sont incontournables pour les qualités qu’elles offrent : légèreté et solidité, facilité de transport, de stockage et d’utilisation, mais surtout pour leur grande étanchéité qui en fait une véritable barrière interdisant l’entrée des virus et des bactéries.

Que dire des poches médicales destinées aux perfusions ? Elles sont la plupart du temps en PVC, un matériau inerte, stable, étanche et qui se soude très simplement. Certaines poches, plus souvent en polypropylène, sont même conçues pour pouvoir être stérilisées en autoclave, avec le produit qu’elles contiennent, sans risque de dégradation. Une prouesse mais surtout une garantie supplémentaire pour de nombreux patients, notamment dans le cadre de transfusions sanguines.

Pour en revenir au gaspillage alimentaire, selon les Nations unies et plus particulièrement la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année dans le monde. C’est à peu près le tiers des aliments produits sur la planète. Ces pertes ont lieu tout au long de la chaîne, depuis le producteur jusqu’au consommateur. Grâce aux emballages, seulement 3% de tous les produits livrés aux clients sont abîmés durant les phases de production et de transport en Europe, contre 40% dans les pays en voie de développement. En France, une étude datant de 2016 et commanditée par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) montre que le taux de perte est de 4% chez le producteur, de 4,5% chez le transformateur, de 3,3% chez le distributeur et de 7,3% chez le consommateur.

Les polymères restent aujourd’hui les meilleurs matériaux pour protéger efficacement la nourriture. Leur transparence permet en premier lieu de contrôler visuellement la denrée. Mais c’est surtout leur fonction intrinsèque de barrière à l’oxygène, aux UV, à l’humidité et aux bactéries qui atteste de leur terrible efficacité. Il n’est donc pas vain d’affirmer que les polymères allongent la durée de vie des produits emballés tout en leur garantissant un mode de conservation idéal, épargnant donc bien des problèmes de santé publique. Il est d’ailleurs intéressant de constater que jamais les plastiques n’ont été mis en cause dans les grands scandales alimentaires que nos pays connaissent de temps à autre.

Gaz à effet de serre : les polymères au secours de la planète

Provocation ? Absolument pas ! Il est temps de rétablir certaines vérités, notamment celles qui concernent les plastiques, accusés de mettre en péril la planète. S’il est un domaine dans lequel leur action penche du côté de la protection de l’environnement, c’est bien celui de l’émission des gaz à effet de serre.

 

Dans l’inconscient collectif, le verre et l’aluminium sont considérés comme plus écologiques que les plastiques. Une analyse du cycle de vie du plastique comparée à celui de ces matériaux prouve bien souvent le contraire !

C’est plus particulièrement vrai pour les emballages, comme le démontrait récemment le naturaliste Sir David Attenborough lors du dernier Forum économique mondial de Davos. Pour rappel, Sir David Attenborough est un naturaliste britannique de renommée mondiale que l’on ne peut accuser de collusion avec l’industrie des plastiques… Il est connu pour ses reportages diffusés sur la BBC, notamment ceux consacrés aux océans. Pour lui, mettre sur le banc des accusés les plastiques est une grave erreur. Toujours selon lui, les images du fameux océan de plastique ont eu un effet particulièrement dévastateur sur l’opinion publique. Sans nier l’existence de déchets plastiques dans le monde marin, il explique très justement que se débarrasser des plastiques amplifierait le réchauffement climatique. Il déplore donc que certains industriels, notamment ceux de l’agroalimentaire et des cosmétiques, cherchent aujourd’hui à remplacer les plastiques d’emballage par des matériaux comme le carton, le verre ou l’aluminium, car l’utilisation de ces matériaux alternatifs émet, pour des emballages équivalents, nettement plus de CO2 que l’utilisation des plastiques. Sir David Attenborough s’interroge donc sur cette haine soudaine pour les polymères alors que ce sont des matériaux qui peuvent se recycler. C’est le cas des bouteilles PET, pour autant que chacun les jette bien dans une poubelle et qu’elles soient correctement collectées et triées.

Il suffit de se replonger dans l’étude Denkstatt datant de 2011, qui porte sur l’analyse du cycle de vie des plastiques comparée à celle d’autres matériaux utilisés pour l’emballage. Les résultats sont sans appel et plaident en faveur des polymères, cette étude montrant que, si le plastique d’emballage était remplacé par d’autres matériaux (aluminium, verre…), la masse des emballages correspondante serait en moyenne multipliée par 3,6 ; la consommation d’énergie durant le cycle de vie serait multipliée par 2,2 – ce qui équivaut au chauffage de 20 millions de foyers – et les émissions de gaz à effet de serre (GES) seraient multipliées par 2,7, soit une augmentation de 61 millions de tonnes de CO2 par an, comparable à la circulation de 21 millions de voitures ou encore aux émissions de CO2 du Danemark. L’explication est simple : les emballages constitués d’autres matériaux que les plastiques sont beaucoup plus lourds. Leur fabrication et leur transport requièrent donc nettement plus d’énergie et émettent plus de CO2.

Sir David Attenborough montre, lui aussi, que les plastiques ont un énorme avantage pour éviter le gâchis alimentaire. Il ajoute que les tonnes de déchets alimentaires finissent toujours par se dégrader en émettant du méthane, un gaz vingt fois plus responsable du réchauffement climatique que le CO2. Il considère que si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième contributeur mondial d’émission de méthane. 

 

Cet article vous a plu ? Vous allez aimer les suivants !